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Liban - Initiative

Un projet associatif transforme Qalamoun en couleurs

Plus de 70 immeubles de la localité du Nord viennent d’être repeints par 120 jeunes Tripolitains engagés par l’ONG Utopia et financés via l’UE par une association allemande, GIZ.


Qalamoun se revêt de couleurs. Photo Michel Bandali.

« Le Liban passe actuellement par des temps difficiles et incertains, et je crois justement que c’est un bon signe de voir qu’il est toujours possible de venir à bout d’un projet. » C’est en ces termes que se félicitait hier Rudolf Rogg, responsable de la branche au Moyen-Orient de l’association allemande GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit, un organisme allemand de coopération internationale travaillant en partenariat avec le ministère des Affaires sociales au Liban), lors de la cérémonie de clôture du projet « Qalamoun en couleurs ». Une centaine de personnes étaient réunies dans le Sea Café de Qalamoun, dont le maire de la ville, Tala Danker, et Chafic Abdel Rahman, représentant de l’association tripolitaine « Utopia », pour se rendre compte du succès de ce projet. Inclus dans un programme de développement de la zone du Liban-Nord et cofinancé par l’Union européenne et l’Allemagne, ce projet pourrait, à moyen terme, relancer l’activité touristique de la ville.

En l’espace d’un peu plus de deux mois, tout le centre de Qalamoun s’est complètement métamorphosé : de l’ancien gris – trop souvent coutumier des façades libanaises – les immeubles et les murs de la ville sont devenus jaunes, bleus, mauves, orange, verts… et presque une trentaine de dessins muraux ornent à présent les allées de cette ville qui a connu un fort taux de paupérisation au cours des dernières années. C’est là l’œuvre de 120 jeunes de Tripoli, recrutés par l’association Utopia et rémunérés par GIZ via des fonds de l’Union européenne, « dont les salaires pourront participer à l’économie locale », souligne Rudolf Rogg. Acteur de ce projet socio-urbanistique, Michel Bandali, un architecte d’intérieur tripolitain titulaire d’une formation en design d’objet, a accompagné une quinzaine de ces jeunes, dont trois étaient des dessinateurs diplômés. « Parmi les 120 travailleurs qui ont participé à ce projet, il y avait un groupe pour la peinture des immeubles, un groupe pour les dessins muraux et un groupe pour nettoyer et restaurer les trottoirs, précise-t-il. Pour la petite histoire, plusieurs peintures murales ont été réalisées par Ghayath al-Rawbeh, le peintre palestinien qui a représenté Ala’ Abou Fakhr (le militant tué par balles sous les yeux de sa famille à Khaldé dans la nuit du 12 au 13 novembre) sur la place al-Nour de Tripoli, au lendemain de son assassinat ».


(Lire aussi : « L’art, aussi, va changer l’image de Tripoli »)

Utopia, une association pour la dignité humaine

Un des acteurs incontournables de la mise en place du projet « Qalamoun en couleurs » est l’association Utopia, dirigée par Chafic Abdel Rahman. Créée en 2012, cette ONG tripolitaine dit œuvrer pour la justice sociale, en travaillant essentiellement dans les quartiers défavorisés de Tripoli. « Au départ, nous avons commencé par une campagne contre la municipalité afin d’améliorer les infrastructures de la ville. Et, comme nous avons réussi à obtenir des résultats, nous avons alors décidé de nous structurer pour toucher une plus grande partie de la population de Tripoli », raconte Chafic Abdel Rahman. Et de poursuivre : « Nous avons aujourd’hui plusieurs programmes : un programme consacré à l’émancipation des femmes et aux droits de l’homme, un autre concernant la jeunesse et les enfants. Nous avons aussi beaucoup œuvré à l’atténuation et à la résolution des conflits entre le quartier alaouite de Jabal Mohsen et celui sunnite de Bab el-Tebbané à partir de 2012. »

Utopia, c’est une vingtaine d’employés et une cinquantaine de volontaires réguliers, localisés à Tebbané dans un vieux cinéma (le cinéma al-Andalous, qui a été utilisé comme quartier général militaire pendant la guerre) transformé en centre socioculturel appelé Abjad, offrant un cinéma, un théâtre et un lieu de protection pour les Syriens. Alors, forcément, « quand nous avons vu qu’il existait ce projet lancé par GIZ, nous avons décidé avec la municipalité de Qalamoun de nous lancer dans l’aventure », explique M. Abdel Rahman. Après un mois de recrutement et deux mois consacrés à la réalisation du projet, la cérémonie de clôture était l’occasion de constater que « les habitants, le maire, les Allemands, tous semblent très satisfaits du résultat. Ça pourrait donner lieu à un second projet de réhabilitation qui concernerait le reste de la ville de Qalamoun». Alors, Qalamoun, la destination touristique du Liban de demain ?


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