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Culture

Les expos de la semaine

Petit circuit des galeries ouvertes à visiter entre deux manifestations à Beyrouth.

Une exposition à la galerie Tanit d’une adroite scénographie. Photo DR

Les rivages immersifs de Ghassan Zard

Enfant, Ghassan Zard – nourri aux lectures de Jules Verne et autres Rackam le Rouge – se postait face à l’horizon marin à l’heure du soleil couchant et imaginait que cette mer scintillante qu’il contemplait, depuis le rivage, recelait des trésors cachés, de l’or et des diamants brillants de mille feux. Quelques années plus tard, il réalisera que la mer rejetait, en fait, tout autre chose. Des déchets, des débris de toutes sortes, mais parfois aussi des pièces anciennes polies par les flots…

Faisant écho à son imaginaire d’enfance, « On a Shore » (« D’un rivage »), l’exposition que cet artiste autodidacte présente actuellement (et jusqu’au 15 novembre) à la galerie Tanit de Beyrouth, est inspirée des états du milieu marin. Au moyen d’une triade de médiums (sculptures en bronze doré ou murales en bois laqué, peintures abstraites et dessins de lignes d’horizon colorées), celui qui était connu jusqu’ici pour ses étonnantes sculptures de tortues s’attelle, cette fois, à la représentation abstraite et subconsciente des traces laissées en bord de mer des divers éléments qui l’habitent ou s’en déversent au gré du mouvement des ondes et des cycles des vents. Si chaque pièce observée séparément provoque des interprétations individuelles, voire même parfois une certaine incompréhension, l’ensemble, mis en valeur par une adroite scénographie dominée par une intrigante sculpture géante d’une sorte d’insecte mutant, plonge le visiteur dans un univers immersif qui n’est pas sans dégager une impression d’alerte sur les métamorphoses menaçant le règne aquatique. Et inévitablement liées au vivant…

« On a Shore » à la galerie Tanit, immeuble East Village, Mar Mikhaël. Horaires d’ouverture : de 11h à 19h.

Lorsque Mouna Bassili Sehnaoui s’amuse…

Sous l’intitulé « Recreation » (« Récréation »), Mouna Bassili Sehnaoui revient à la galerie Aïda Cherfan avec une nouvelle série d’œuvres composées avec un esprit ludique évident. Des peintures sur toile, de grands et moyens formats dans lesquels les amateurs de son art, toujours positif et enjoué, retrouveront les éléments de son univers habituel. À savoir la mise en scène du (de son) quotidien (partie de bridge entre femmes) ainsi que des représentations naïves de la nature ou de certains de ses éléments (soleil, mer, feuilles d’olivier), toujours traversés par un oiseau bonheur, son sujet fétiche, symbolisant la liberté et la paix.

C’est d’ailleurs une cuvée très peace and love qu’elle présente à la galerie beyrouthine jusqu’au 30 novembre. Et cela autant dans la thématique que dans la « décontraction » de certaines œuvres réalisées à partir d’objets détournés : boîte à musique, à cigares, cadres de photos… et qu’elle semble avoir pris un malin plaisir à « recréer » en pièces d’art… récréatif, frisant le kitsch.

Mais là où elle semble s’être le plus amusée, c’est dans la série de petites toiles à cadres orientaux. Alors que les artistes peignent leur toile d’abord et se préoccupent ensuite de l’encadrer, Mouna Bassili Sehnaoui a, pour sa part, eu envie de faire exactement l’inverse. D’autant qu’elle avait déjà sous la main une collection de cadres de miroir anciens, en bois sculpté, incrusté de nacre ou damasquiné, auxquels cette chineuse voulait redonner une nouvelle vie. C’est ainsi que, reprenant son pinceau au très identifiable tracé graphique et sa palette de couleurs vives, elle a réalisé une série de petites toiles réinterprétant les bouquets, les natures mortes et les portraits de manière décalée. À l’instar de cet éléphant bleu tenant à bout de trompe un cœur rose dégageant une subtile et allègre ironie.

« Recreation » de Mouna Bassili Sehnaoui à la galerie Aïda Cherfan, Saïfi, rue Georges Haddad, imm. Beirut Harbor. Horaires d’ouverture : de 10h30 à 15h.


« Il était une fois », les femmes de Georges Bassil

Il était une fois un artiste qui aimait peindre les femmes. Saisir leur mystère et leur grâce, rendre hommage à leur sensibilité et capter leur lunaire mélancolie… Un peintre autodidacte, venu de l’univers du bijou, mais qui depuis plus de vingt ans ne se lasse pas de portraiturer un idéal féminin délicat, désincarné et ambigu. Depuis ses premières petites variations d’un même visage rendu dans une palette limitée au rouge, noir et blanc jusqu’à ses grandes peintures d’aujourd’hui, presque des portraits en pied, où les noirs se sont mélangés à des nuances plus brunes et rougeoyantes, les rouges oscillent entre carmin et grenat et les blancs ont pris un effet feuilleté.

Car toutes les femmes qui peuplent les toiles de Georges Bassil se ressemblent. Toutes sont évanescentes, irréelles et inaccessibles. Toutes semblent surgir du fond sombre et plus rarement blanc du tableau, comme d’un univers silencieux et intemporel. Figures de jeunes madones romantiques ou d’impératrices hiératiques aux cheveux casqués de fleurs ou de motifs en arabesques, le regard abondamment ombré, laissant parfois entrevoir des pupilles d’un hypnotisant éclat, la bouche charnue rouge sang, la silhouette pudiquement calfeutrée dans des tenues amples et longues… Elles occupent les cimaises de la galerie Art on 56th jusqu’à fin novembre, avec une sorte de présence-absence puissamment songeuse.

« Once Upon a Time » de Georges Bassil chez Art on 56th, rue Youssef Hayeck, Gemmayzé. Horaires d’ouverture : de 10h30 à 18h.

Les rivages immersifs de Ghassan Zard Enfant, Ghassan Zard – nourri aux lectures de Jules Verne et autres Rackam le Rouge – se postait face à l’horizon marin à l’heure du soleil couchant et imaginait que cette mer scintillante qu’il contemplait, depuis le rivage, recelait des trésors cachés, de l’or et des diamants brillants de mille feux. Quelques années plus tard, il réalisera...

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