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Culture - Prix littéraires

Le Goncourt pour un univers bricolé d’espérance et d’amour

Depuis « Une vie française » (2004), prix Femina et prix du roman FNAC, « Les Accommodements raisonnables » (2008) et « La Succession » (2016), Jean-Paul Dubois est entré dans le club des grands écrivains français.

Jean-Paul Dubois pose avec son roman « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même facon » (L’Olivier) à la fenêtre du restaurant Drouant après l’annonce du prix Goncourt, le 4 novembre 2019. Alain Jocard / AFP

Pour le Goncourt 2019, quatre écrivains étaient en lice : Amélie Nothomb, Olivier Rolin, Jean-Luc Coatalem et Jean-Paul Dubois. C’est le roman de ce dernier, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, qui a obtenu hier le plus prestigieux des prix littéraires. Un roman comme un itinéraire poétique et mélancolique.

Né en 1950 à Toulouse où il vit actuellement, Jean-Paul Dubois est un écrivain discret qui fuit les médias. D’abord journaliste, il commence par écrire des chroniques sportives dans Sud-Ouest et devient grand reporter en 1984 pour Le Nouvel Observateur. Féru et amateur des grands auteurs américains (son maître John Updike, mais aussi John Fante, Cormac McCarthy, Charles Bukowski, Jim Harrison), il examine au scalpel les États-Unis et livre des chroniques qui seront publiées en deux volumes aux éditions de l’Olivier.

Les histoires que raconte Jean-Paul Dubois semblent souvent banales et ses personnages apparaissent dans un premier temps communs voire ennuyeux. Sauf que le lecteur ne tarde pas à s’y attacher et n’a plus qu’une seule envie, faire le chemin avec eux et découvrir où Jean-Paul Dubois veut bien les emmener. Construire des personnages avec leurs faiblesses, leurs questionnements et leurs remises en question, leurs ressentis et leurs blessures, souvent par le biais d’une mémoire douloureuse, est un art qui lui est propre.



Pudeur et psychologie
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon nous emmène dans une prison canadienne (à Montréal), où un détenu (pour des raisons que l’on ignore) purge une peine de deux années. Il cohabite dans une cellule de 6m² avec un mastodonte, Patrick Horton, qui s’est fait tatouer l’histoire de sa vie sur la peau du dos. Qu’est-il donc arrivé à Paul Hansen, ce fils de pasteur danois pour s’être retrouvé derrière les barreaux de la prison de Bordeaux, à partager son quotidien et sa cellule avec un Hells qui ne rêve que d’une chose, couper en deux tout humain qui se met en travers de son chemin ?

Le narrateur est un homme de son temps, tout en étant l’homme universel et intemporel, qui fait défiler sa vie et les grands moments de son bonheur perdu. À travers un style fort agréable, à la fois érudit et plein d’humour (souvent noir), et de cynisme aussi, son écriture respire le réalisme et la description de ses personnages est souvent très visuelle, et gentiment moqueuse...

Dubois possède cet art de décrire une situation, une époque, une génération avec un rare talent et beaucoup de pudeur, de psychologie, comme cette première scène sensuelle avec sa future compagne « ou l’on perçoit les bruits de la forêt, le vol des oiseaux, le sentiment d’être au bon endroit, au moment adéquat ». Ou encore les descriptions minutieuses qui emportent le lecteur avec des informations fascinantes sur les colibris ou les oiseaux-mouches.

Ceux qui suivent et aiment Jean-Paul Dubois aimeront ce roman ; et les autres ne devraient plus tarder à découvrir son univers humain et touchant, ses personnages pittoresques, empreint de sensibilité, et d’humanisme, son sens de la description et son art de mettre les mots qu’il faut sur un ressenti douloureux, tout en pudeur et délicatesse.

Jean-Paul Dubois fait de Paul Hansen un meilleur ami qu’on aimerait croiser dans sa vie, au moins une fois…


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