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Culture - Cimaises

Comme un poème de Prévert...

Randa Ali Ahmad présente ses peintures sous l’intitulé « De Pli en Pli », une réflexion poétique sur l’âge, le temps qui passe, mise en parallèle avec la puissance de la nature...


Les œuvres de Randa Ali Ahmad exposées au 24 Park Avenue. Photo Michel Sayegh

Randa Ali Ahmad affectionne les accidents et les erreurs de parcours qui, selon elle, « nous permettent de trouver notre voie. » D’ailleurs, il y a dix ans de cela, alors qu’elle se trouvait chez elle, en pleine séance de peinture, ses toiles étendues à même le sol, l’artiste marche par mégarde sur l’une d’entre elles. En prenant un peu de recul, « je me suis rendu compte que cet incident avait provoqué quelque chose de beau », se souvient celle qui réussira à faire de ce faux pas sinon sa marque de fabrique esthétique, du moins l’un des éléments visuels qui lui ont permis de se démarquer : un entrelacs de cercles denses qui chargent les toiles d’une texture très particulière.

Aujourd’hui, comme point de départ, et sans doute d’ancrage, de son exposition « De Pli en Pli », Randa Ali Ahmad s’est intéressée à une autre sorte d’imperfections, celles du temps et de l’âge, les rides qui viennent inévitablement nous sillonner le visage.

« Au gré d’une conversation, une femme avec qui je me trouvais a été surprise par le fait que je n’ai jamais eu recours à de la chirurgie esthétique, me comparant à une robe pas repassée », raconte l’artiste qui, du tac au tac, empoigne des toiles en coton, dans leur état le plus primaire, c’est-à-dire irrégulières et pas traitées, les froisse, les taloche à l’acrylique puis les installe comme on étend du ligne dans le cadre de son exposition, avec un chant d’élytre en fond, « comme pour revenir à l’essence, au temps où les rides ne posaient pas problème », dit-elle. Sur ce linge chiffonné et transformé en œuvres d’art par Randa Ali Ahmad, se déploie une foultitude de pins dans une palette de couleurs acidulées, à la fois douces et oniriques. « Des pins parce que leur âge et toute leur histoire se lisent au gré des zébrures de leurs troncs », précise l’artiste qui, au fil de ses pérégrinations dans cette forêt du Metn d’où elle puise la matière de ses toiles, décide d’accorder tout un volet de son exposition à la flore de ce lieu qui l’aimante.

Pour ce faire, sur douze toiles de 2 x 2,5 mètres (un format lui permettant de faire contenir l’incommensurable puissance de la nature), Randa Ali Ahmad reproduit tout ce que ses yeux, et surtout ses sens, auront capté de ses promenades : un chemin escarpé qui naît à l’ombre d’un tronc violacé, un lac qui s’irise sous les bras des pins, le ciel qui s’invite à travers des branches, comme autant de paysages à la fois si simples mais à la frontière du rêve. Et pour conférer davantage de poésie à ses toiles, l’artiste choisit d’accompagner chacun d’un vers rédigé par elle et inspiré du poème de Prévert Quand la vie est un collier. Et nous voilà, en franchissant une porte, extraits de la ville et happés vers ce genre de havre dont on ne soupçonnait plus l’existence.

* « De Pli en Pli », de Randa Ali Ahmad, jusqu’au 15 octobre, au 24 Park Avenue, immeuble Karagulla, Minet el-Hosn, Beyrouth.


Pour mémoire 

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Randa Ali Ahmad affectionne les accidents et les erreurs de parcours qui, selon elle, « nous permettent de trouver notre voie. » D’ailleurs, il y a dix ans de cela, alors qu’elle se trouvait chez elle, en pleine séance de peinture, ses toiles étendues à même le sol, l’artiste marche par mégarde sur l’une d’entre elles. En prenant un peu de recul, « je me suis...

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DES OEUVRES DIGNES D,ETRE EXPOSEES.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 28, le 29 septembre 2019

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  • DES OEUVRES DIGNES D,ETRE EXPOSEES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 28, le 29 septembre 2019

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