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Culture - Rencontre

Myriam Sassine : Le cinéma, au Liban, est un immense chantier

La productrice d’Abbout Productions sera au festival du film de Venise avec le réalisateur Ahmad Ghossein dont elle a assuré la production du film « All this Victory », et qui est sélectionné pour l’International Critics’ Week Award. Elle parle de cet accomplissement et de son métier dont elle est très fière.


Myriam Sassine avec Georges Schoucair : Abbout Productions est une équipe forte de sa passion du cinéma. Photo Mike Malajalian

Lorsque Myriam Sassine commence à fréquenter les salles obscures avec son père qui lui apprend à apprécier les grands films, la petite rêve déjà d’être actrice. Bien après, elle comprendra que c’est le réalisateur qui est le marionnettiste dans l’ombre et que c’est grâce à lui que le film peut être vu par des milliers, des millions de spectateurs. Plus tard encore, lorsqu’elle poursuit des études d’audiovisuel à l’Académie libanaise des beaux-arts, elle réalise que ce n’est pas vraiment le métier qu’elle veut exercer. « De plus, on nous enseignait à l’Alba les rouages de la production exécutive, et je ne me voyais pas vraiment en femme de terrain. Je cumulais l’esprit d’organisation et j’avais de la créativité à en revendre, mais j’étais un peu perdue quant à mon choix d’avenir. » C’était donc un moment de flottement avant que la jeune fille ne sache exactement choisir sa voie. Elle retourne sur les bancs de l’université et s’oriente à nouveau vers la théorie en faisant un master de recherche cinéma à l’USJ. « Là aussi, je ne me suis pas retrouvée, souligne-t-elle, car c’était un processus très solitaire. »


Le tremplin

C’est en travaillant à la télévision qu’elle rencontre une productrice libano-argentine, Marie Thérèse Arida, qui l’invite à travailler sur deux de ses projets. « Avec elle, j’ai finalement compris ce que signifiait le métier de producteur. Cela combinait en effet la créativité, la gestion et la stratégie en une même discipline. La tâche d’accompagner le réalisateur dans son projet incombait au producteur. Ce n’est ainsi que conjointement qu’ils pourront faire naître cet enfant qu’est le film. »

Il a fallu que le hasard s’en mêle puisque, par la suite, Marie Thérèse Arida lui fera faire la connaissance de Georges Shoucair, CEO de la boîte Abbout Productions. Une société qu’elle va épouser… jusqu’aujourd’hui. Elle devient alors assistante productrice avant d’être en charge, seule, de l’accompagnement d’un projet. « À Abbout, c’est un travail collectif, confie-t-elle. Avec le temps, nous avons bâti une équipe très solide qui arrive à mener les projets loin avec peu de budget et qui tiennent souvent la route sur le plan international. Nous sommes trois producteurs : Georges Schoucair, Christian Eid et moi-même, et parfois nous joignons nos efforts sur un même projet ou nous redistribuons les rôles. » Son premier projet, un petit documentaire à petit budget, s’intitulait E Muet, de Corine Shawi. Il réussit à faire sa première au FID de Marseille. « Depuis, j’ai appris à choisir des réalisateurs ou réalisatrices qui partageaient la même vision que moi. C’est important, car la démarche de production est parfois un processus long. Ainsi, Myriam Hage et Mounia Akl, avec qui j’ai eu à travailler, m’ont fait une confiance aveugle quant à la manière de gérer le projet tant du point de vue créatif qu’au niveau de la gérance de l’argent. Elles comprenaient comment j’intervenais par moments parce que le producteur a plus de recul que le réalisateur sur un film. »


La plongée

Certes, le métier de producteur est très difficile, surtout dans un pays comme le Liban où le financement n’est pas public, mais Myriam Sassine se considère aujourd’hui très chanceuse d’avoir participé à des « trainings » de programmes divers et d’être tombée sur les personnes qu’il faut au moment qu’il faut. « Il n’y a que dix producteurs au Liban pour un grand nombre de réalisateurs. De plus, le Liban est encore un espace vierge cinématographiquement. Tout est donc à reconstruire et il faut être à la hauteur de ce chantier. » Et d’insister : « Je me sens privilégiée d’être avec des personnes qui partagent la même passion que moi pour le cinéma. Aujourd’hui, après les projets d’Abbout, ceux de Shortcuts, où l’on participe à l’échelle internationale, viennent se surajouter. Par ailleurs, nous avons créé localement le festival Maskoon depuis quatre ans déjà. Et je suis persuadée que les rêves ne tariront pas. Tant que nous avons la foi dans ce cinéma. À chaque film, c’est un défi et même une bataille pour la productrice, mais au bout du compte, quand le film voit le jour, quelle joie ! quel sentiment d’euphorie ! »

Le festival de Venise est un accomplissement pour Myriam Sassine qui a toujours aimé le cinéma et qui continue à l’aimer dans son échantillonnage le plus divers. Des documentaires pointus aux films de Marvel, tout l’émerveille encore. Mais son ambition ne s’arrête pas là. « Mon rêve est de réaliser un projet cinématographique qui soit à la fois artistique et qui pourrait parler à tous. C’est là que je me retrouve. »


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