Crash du vol MH17: la Malaisie juge les accusations "ridicules"

Le Premier ministre malaisien a qualifié jeudi de "ridicule", la considérant dirigée contre Moscou, la décision de juger trois Russes et un Ukrainien pour meurtre en mars 2020 pour le crash du vol MH17 de Malaysia Airlines, abattu par un missile en 2014 au-dessus de l'est séparatiste de l'Ukraine.

"Nous sommes très mécontents car depuis le départ c'est devenu une affaire très politique pour savoir comment accuser la Russie", a déclaré à la presse le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad au lendemain de cette décision. "C'est ridicule", a-t-il ajouté. "En ce qui nous concerne, nous voulons des preuves de culpabilité. Jusqu'à présent, il n'y a aucune preuve. Simplement des ouï-dire".

La Russie a toujours nié toute implication dans cette catastrophe qui avait fait 298 morts, en majorité des Néerlandais. En mai 2018, l'équipe internationale d'investigation, conduite par les Pays-Bas et composée d'enquêteurs d'Australie, de Belgique, de Malaisie, des Pays-Bas et d'Ukraine, avait annoncé avoir établi que le missile ayant abattu l'avion provenait de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk (ouest de la Russie).

Avant les déclarations du Premier ministre, le ministère malaisien des Affaires étrangères avait accueilli l'annonce du procès en souhaitant qu'il soit "transparent, crédible et efficace".

L'équipe internationale d'enquêteurs a annoncé mercredi que les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko, quatre hauts gradés des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, seront les premiers à être traduits en justice dans cette affaire. Le procureur néerlandais Fred Westerbeke a précisé que "les quatre (suspects) sont accusés d'avoir convoyé dans l'est de l'Ukraine le système (de missiles anti-aériens) BUK", utilisé selon les enquêteurs pour tirer le missile ayant abattu le 17 juillet 2014 le Boeing 777 de Malaysian Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur. La Russie a réagi en dénonçant des "accusations gratuites". Les Etats-Unis ont exhorté Moscou à faire en sorte que "justice" soit rendue.

Le procès doit s'ouvrir le 9 mars 2020 au tribunal de Schiphol en banlieue d'Amsterdam. Il est cependant probable que les quatre suspects soient jugés par contumace, la Russie et l'Ukraine n'extradant pas leurs ressortissants poursuivis à l'étranger.

Des mandats d'arrêt internationaux ont été délivrés à l'encontre des suspects, dont les noms ont été placés sur les listes nationales et internationales des personnes recherchées, selon le chef de la police néerlandaise, Wilbert Paulissen.