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Moyen Orient et Monde - Célébration

Controverse sur la date de fin du ramadan : une fête du Fitr rattrapée par la géopolitique ?

« C’est la première fois depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994 » que les Palestiniens ne suivent pas la date fixée par le royaume saoudien pour célébrer la fête du Fitr.

Les célébrations de la fête du Fitr organisées près du Dôme du Rocher, près de la mosquée al-Aqsa, à Jérusalem, le 5 juin 2019. Ammar Awad/Reuters

Pour la première fois depuis des années, les Palestiniens ont célébré la fête du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan, un jour plus tard que l’Arabie saoudite, une décision qui a créé la controverse dans les territoires palestiniens. Mais pas seulement. Si le Koweït, le Qatar, les Émirats arabes unis et les autorités religieuses sunnites au Liban ont suivi l’annonce saoudienne, l’Égypte, la Syrie et la Jordanie, notamment, ont décidé que le premier jour de la fête serait mercredi. Quant au Yémen, il a été divisé en deux pour le début du ramadan, une première dans l’histoire récente du pays.

Les dignitaires religieux musulmans se basent sur l’observation de la lune afin de déterminer la date de la fête, mais cette décision revêt parfois un aspect politique. Et cette année, l’Iran, grand rival de l’Arabie saoudite, a fixé la fin du ramadan à mercredi...

« Mardi est le dernier jour du mois béni du ramadan et mercredi le premier jour de la fête du Fitr », a ainsi déclaré Mohammad Hussein, le grand mufti de Jérusalem et des territoires palestiniens, dans un enregistrement vidéo diffusé lundi soir, alors que la Cour suprême saoudienne venait de fixer la fête du Fitr à mardi. « C’est la première fois depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994 » que les Palestiniens ne suivent pas la date fixée par le royaume saoudien, a souligné le cheikh Ekrima Sabri, dirigeant du Haut Conseil islamique et ancien grand mufti de Jérusalem.

Cette décision a créé la surprise parmi les Palestiniens, certains la critiquant sur les réseaux sociaux, ou l’accueillant avec humour. « Pour éviter la division, je propose aux gens de jeûner une demi-journée demain », écrivait ainsi l’un d’entre eux lundi soir sur Facebook. Un parti islamiste palestinien a, quant à lui, refusé de suivre la recommandation du grand mufti, dénonçant des « positions politique ».

Blagues sur les réseaux sociaux

L’Arabie saoudite s’affiche en effet comme un allié des États-Unis avec lesquels les Palestiniens ont rompu tout lien diplomatique en raison de l’inconditionnel soutien de Washington à la politique israélienne. Le président américain Donald Trump a promis de dévoiler prochainement les détails d’une initiative diplomatique, le plan Kushner, afin de résoudre le conflit israélo-palestinien. Le plan est d’ores et déjà rejeté par les Palestiniens qui appellent les autres pays arabes à boycotter une conférence organisée par les États-Unis à Bahreïn à laquelle participe l’Arabie saoudite fin juin. Certains ont donc vu dans l’annonce du grand mufti une décision politique visant à critiquer l’appui saoudien à Washington.

Ekrama Sabri réfute cette interprétation : « L’Égypte est un allié du royaume saoudien et a annoncé avoir fixé la fête à mercredi. » La Jordanie, le Maroc, Oman, la Syrie et la Libye ont également célébré le Fitr mercredi.

En Jordanie, rapporte l’agence de presse Associated Press (AP), l’annonce que le premier jour de la fête serait mercredi a provoqué des blagues sur les réseaux sociaux. Un internaute écrivait ainsi que la Jordanie était officiellement devenue « adulte » et prenait ses propres décisions.

Le Liban, lui, a été coupé en deux : les sunnites fêtaient la fin du ramadan mardi, alors que les chiites, proches de l’Iran, l’ont célébrée mercredi. Au Yémen, le peuple a été divisé en deux pour célébrer le Fitr, une première dans l’histoire moderne du pays : le gouvernement a annoncé que la fête commencerait mardi, mais les rebelles houthis ont décidé de terminer de jeûner le mercredi.

Farid Abu Dhair, expert des mouvements islamiques et professeur à l’université an-Najah à Naplouse, reconnaît qu’il y a des spéculations selon lesquelles il y aurait des raisons politiques derrière le fait que Gaza, la Jordanie et l’Autorité palestinienne ne suivent pas Riyad. Une raison étant notamment le soutien implicite saoudien au plan Kushner. Mais selon lui, il est plus probable que la confusion qui règne cette année soit liée à l’observation de la lune. « Les muftis ont toujours remis en question les astronomes », a-t-il dit à AP, ajoutant que cela renforce les divisions entre musulmans. « Si la société musulmane pouvait s’entendre sur une observation astronomique, ce serait un signe positif pour trouver un terrain d’entente dans le monde arabe. »

Sources : L’OLJ et agences

Pour la première fois depuis des années, les Palestiniens ont célébré la fête du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan, un jour plus tard que l’Arabie saoudite, une décision qui a créé la controverse dans les territoires palestiniens. Mais pas seulement. Si le Koweït, le Qatar, les Émirats arabes unis et les autorités religieuses sunnites au Liban ont suivi...

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