La Première ministre serbe non grata au Kosovo

La Première ministre serbe Ana Brnabic a été déclarée jeudi persona non grata au Kosovo en raison de propos qualifiés de racistes par Pristina, nouveau signe de la tension actuelle entre les deux parties.

"Moi, ministre des Affaires étrangères (...), je n'autoriserai pas la Première ministre (Ana Brnabic) à entrer au Kosovo tant qu'elle véhiculera une idéologie raciste et illicite contre le peuple du Kosovo", a écrit Behgjet Pacolli sur son compte Facebook.

Mercredi, Ana Brnabic s'en était pris aux responsables du Kosovo, des "gens qui sortent littéralement de la forêt", des "terroristes qui n'ont pas été condamnés", "la pire espèce de populistes".

Les responsables de Serbie se rendent régulièrement dans les zones majoritairement serbes du Kosovo, des visites auxquelles Pristina donne habituellement son accord préalable.

Le président Hashim Thaçi, le Premier ministre Ramush Haradinaj et le président du parlement Kadri Veseli sont tous d'anciens responsables de la guérilla kosovare albanaise qui avait combattu les troupes serbes pendant la guerre de 1998-99. Belgrade les accuse d'être des criminels de guerre. Ce conflit avait fait 13.000 morts, en très grande majorité des Kosovars albanais.

Hashim Thaçi a également condamné les propos d'Ana Brnabic, "un autre témoignage de la haine pathologique de l'actuel régime en Serbie contre les citoyens du Kosovo".

La Serbie ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo, son ancienne province méridionale où vivent toujours quelque 120.000 Serbes.

Pristina peine à imposer sa souveraineté là où ils sont majoritaires.

Mardi, une opération de la police kosovare contre un réseau de contrebande, réalisée notamment dans les zones serbes, a provoqué des incidents quand la population a essayé de s'y opposer. Deux policiers kosovars ont été blessés par balle dans la commune de Zubin Potok (nord).

Comme il le fait régulièrement à chaque montée de tension, le président de Serbie Aleksandar Vucic avait mis l'armée en état d'alerte.

Les relations entre Belgrade et Pristina sont exécrables et leur dialogue est au point mort depuis des mois. Un récent sommet à Berlin n'a pas permis de le relancer. Un autre devrait avoir lieu début juillet à Paris.

La Serbie exige une levée des droits de douane de 100% imposés sur ses produits par le Kosovo qui répond que ce sera chose faite quand Belgrade reconnaîtra son indépendance.