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Liban - ÉDUCATION

Traumatismes chez les enfants : pour un meilleur accompagnement à l’école

Lors d’une conférence à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, la chercheuse Garine Papazian-Zohrabian a souligné l’importance des groupes de parole pour le bien-être scolaire.

Garine Papazian-Zohrabian, lors de la conférence à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (Malika Barbot).

Deuils, conflits familiaux, violences, traumatismes, difficultés économiques ou encore problèmes de santé… Une longue liste de facteurs peut favoriser le mal-être et la détresse psychologique des enfants. « Si l’enfant est dans une situation de bien-être, il aura de meilleures conditions d’apprentissage », explique Garine Papazian-Zohrabian, qui voudrait que l’enseignement change peu à peu de posture. Elle est professeure agrégée au département de psychopédagogie et d’andragogie (la pratique de l’éducation des adultes) à l’Université de Montréal. Le 20 mai, elle a donné une conférence intitulée « Résilience et réussite éducative, quels défis pour l’école ? » au campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, à l’initiative de l’institut libanais d’éducateurs de l’USJ. Elle a tenté d’apporter des éléments de réponse à ses collègues enseignants libanais, pour proposer un accompagnement aux enfants, notamment à ceux souffrant de traumatisme ou d’un mal-être.

« À l’école, nous avons souvent tendance à mettre l’accent sur l’aspect cognitif de l’enfant et sur son apprentissage. Mais il faut prendre l’enfant en considération dans son entièreté », déclare l’intervenante. Au cours de l’enfance, différents milieux comme la famille, l’école ou les services de santé vont interagir. « Ces différents milieux influencent l’enfant et son développement social et affectif », rapporte la chercheuse qui a publié en 2013 un article sur « Le deuil traumatique chez l’enfant et son influence sur la construction de son identité », dans la Revue québécoise de psychologie. Le problème, d’après Garine Papazian-Zohrabian, est qu’aujourd’hui, la tendance consiste à sonner l’alarme seulement quand l’élève est en échec scolaire. Or il ne faut pas attendre que ses problèmes soient graves pour mettre en place une posture d’accompagnement.



Les groupes de parole
Garine Papazian-Zohrabian a récemment étudié, à Montréal, les traumatismes subis par les enfants réfugiés syriens. Lors de ses recherches, elle a mis en place des groupes de parole dans les écoles pour développer le bien-être des élèves. L’établissement scolaire est alors vu non seulement comme un lieu d’apprentissage, mais comme un lieu de vie, de rencontres et d’accueil. « Les groupes de parole ne sont pas stigmatisants car tout le monde peut en tirer un bénéfice. La parole vraie ne sort que quand il y a un sentiment de sécurité. Cela ne peut pas marcher s’il y a déjà un conflit dans le groupe », détaille Garine Papazian-Zohrabian. « Dans un groupe de parole, on ne juge pas, on n’analyse pas. Il faut juste accueillir. C’est plus une posture thérapeutique que pédagogique. Le traumatisme nourrit le silence, la souffrance a aussi sa place à l’école, il ne faut pas forcément la cacher et la mettre de côté en passant le portail de l’établissement scolaire », constate alors l’enseignante-chercheuse. Il est nécessaire à ses yeux de créer un sens à ce qui a été vécu, de faire quelque chose de sa souffrance. Cette quête de sens peut passer par le symbolique. Il faut pouvoir exprimer ses ressentis et émotions, et pour cela, des ateliers artistiques ou des groupes de parole peuvent être une solution.



Le danger des étiquettes
Réaliser des diagnostics sur les enfants de manière systématique pose plusieurs problèmes pour Garine Papazian-Zohrabian : « En Amérique du Nord par exemple, on utilise trop l’approche biopsychosociale. » Cette approche incite à diagnostiquer une maladie ou une pathologie à un enfant souffrant d’un mal-être, comme les troubles de l’attention. Pour la chercheuse, c’est mettre une étiquette sur l’enfant. Elle alerte alors sur les dangers que cela peut engendrer : « On réduit l’enfant à un seul aspect de lui-même, dans un temps donné, et cela influence le développement de son identité. C’est une énorme responsabilité. » Si le diagnostic peut malgré tout être une solution, il ne l’est pas nécessairement. Garine Papazian-Zohrabian recommande d’autres approches, comme l’approche psychanalytique, systémique, développementale ou encore transculturelle. Cette dernière consiste à prendre en compte la culture de l’autre : « Une approche intéressante dans les pays où la diversité culturelle est grande, comme le Liban », souligne l’intervenante. « Il faut comprendre les besoins de l’enfant pour choisir l’approche à adopter. Ce qui manque, c’est l’accompagnement avant le diagnostic, alors changeons de lunettes et de perspective pour regarder si on peut voir autre chose », conclut-elle.

Deuils, conflits familiaux, violences, traumatismes, difficultés économiques ou encore problèmes de santé… Une longue liste de facteurs peut favoriser le mal-être et la détresse psychologique des enfants. « Si l’enfant est dans une situation de bien-être, il aura de meilleures conditions d’apprentissage », explique Garine Papazian-Zohrabian, qui voudrait que...

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