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Culture - Exposition

Quand Munich accueille un cortège de samouraïs....

C’est dans l’écrin moderne du Kunsthalle, en pleine capitale de la Bavière, que les samouraïs et autres shoguns ont déboulé à grand fracas pour une exposition qui fait les délices de tous les curieux de cet ordre martial unique en son genre.

Des effigies de samouraïs dressés sur leur monture grandeur nature.

Les affiches en jettent plein la vue avec des personnages hiératiques et redoutables. Des personnages qui évoquent dans l’inconscient collectif des valeurs de prouesses guerrières, de promptitude à l’acte de tuer, de combat et de triomphe de l’adversaire. Mais aussi des valeurs chevaleresques de noblesse de cœur et de morale de vie. Au bout de plus de sept cents ans de règne sur les terres nipponnes, cette caste singulière a fini par emporter le pouvoir et mettre à sa merci les empereurs.

Cent cinquante ans après l’extinction de la culture samouraïe, dont les échos persistent cependant, la fascination pour ces légendes et contes de bravoure, d’honneur, d’inflexible discipline, d’indiscutable loyauté et de sacrifice absolu reste vivace. En dépit de la face cachée et sombre de cette tranche d’histoire habitée aussi par les trahisons, les intrigues, les violences les plus brutales et les cruautés les plus insoutenables.

Pendant plus de sept siècles, ce n’est pas l’empereur qui a gouverné le pays du Soleil-Levant, mais cette aristocratie guerrière et soldatesque. Une élite invincible qui a accaparé tous les pouvoirs et tous les réseaux du système aussi bien militaires, politiques, qu’administratifs et culturels.

Pour cette immense fresque historique qui a perdu sa gloire le 22 février 1877, mais pas son pouvoir de fascination et de rêve, une exposition fait défiler au musée de Munich jusqu’au 30 juin les splendeurs de la chevalerie japonaise sous les regards médusés des visiteurs.

Métaux précieux pour des armures somptueuses, casques conçus en écran de défense, mais aussi en imposants symboles décoratifs pour susciter l’émerveillement, superbes harnachements des chevaux pour des cavalcades certes mortelles et fatales, mais où la magnificence et la beauté des détails sont comme un rappel de la vie dans tous ses raffinements par-delà l’affrontement à l’inéluctable ultime moment… Malgré la rigueur et la robustesse de ces armures en elles-mêmes machines de guerre, la liberté des mouvements et la flexibilité des corps des cavaliers ne sont guère oubliées. Spectaculaires et saisissants sont ces embellissements pour entrer dans le vif des batailles et des combats. Ainsi, pour garder le rang des immortels et semer la crainte chez l’ennemi, des motifs d’un art singulier où démons, créatures mythiques et bêtes sauvages servent d’ornements.



Casques, armures et… tatouages
Empruntés à la collection d’Ann et Gabriel Barbier-Muller, plus d’une centaine d’objets entre armures, casques, masques, accessoires pour chevaux, gantières, jambières, sabres, poignards et costumes tissés d’étoffes variées, travaillées, brodées et emperlées, datant du VIIe au XIXe siècle sont exposés pour la première fois en Allemagne. À cela s’ajoutent de grands panneaux en soie, des estampes aux tracés tout en délicatesse tels des tapisseries retraçant de scènes de batailles, des éventails ouverts à grands crans avec des dessins stylisés sur le papier qui relie leurs dents de nacre… Mais aussi, des ensembles de flèches aux bouts acérés dans leur carquois qui donnent froid dans le dos, de magnifiques photographies de pagodes aux allures de châteaux ou d’imprenables forteresses, des tablettes où l’écriture bénéficie de tous les fastes de la calligraphie et des portraits de samouraïs aux torses nus à la peau entièrement tatouée. Des tatouages renversant de beauté dans l’exubérance des histoires, des dévouements et des adorations qu’ils racontent.

Des tatouages d’une savante maîtrise qui font penser à cette tendance et cette frénésie contemporaines de couvrir son épiderme d’images volubiles comme pour lever le voile sur un monde intérieur qu’on veut rendre visible et perceptible…


Chevauchée fantastique
Mais on s’arrête aussi, écrasé devant la beauté de cette superbe cavalcade d’une chevauchée fantastique de quatre cavaliers, comme ceux de l’Apocalyse, dressés sur leur monture grandeur nature dans un accoutrement solaire aujourd’hui éminemment carnavalesque. Et c’est avec ébahissement qu’on passe d’une salle à une autre devant une profusion d’objets qui renvoient à cet univers au machisme certes tranchant et sans appel, mais si flamboyant. Véritable témoignage, non seulement sur les samouraïs, mais aussi sur les grandeurs et décadences des prises de pouvoir des milices, des gardes des palais, des hommes de service, de ceux qui se battent contre malfrats et bandits.

Un univers aux allées secrètes que mettent en lumière ces somptueuses reliques du passé, mais aussi des films et des vidéos, projetés sur grands écrans, reconstituant tous les détails d’une discipline aux normes intransigeantes. On se plaît à rêver à ces films qui ont magnifié les samouraïs et cette exposition n’est que le fidèle compagnon de route des pellicules d’Akira Kurosawa et de Hiroshi Inagaki, entre autres…

Les affiches en jettent plein la vue avec des personnages hiératiques et redoutables. Des personnages qui évoquent dans l’inconscient collectif des valeurs de prouesses guerrières, de promptitude à l’acte de tuer, de combat et de triomphe de l’adversaire. Mais aussi des valeurs chevaleresques de noblesse de cœur et de morale de vie. Au bout de plus de sept cents ans de règne sur les...

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