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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

À Tunis, l’émir du Qatar quitte un sommet arabe en manque d’unité

Tamim ben Hamad al-Thani a quitté la séance au moment où s’exprimait le secrétaire général de la Ligue, Ahmad Abou el-Ghait, qui dénnonçait les ingérences turque et iranienne dans le monde arabe.


L’émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani, hier, à Tunis. Zoubeir Souissi/Reuters

Les pays arabes réunis lors d’un sommet hier à Tunis n’ont pas atteint leur objectif d’unité, l’émir du Qatar, au cœur d’un contentieux diplomatique avec l’Arabie saoudite, quittant prématurément le rendez-vous sans explication officielle.

Le sommet de Tunis a certes permis de rassembler le roi Salmane d’Arabie saoudite, reçu en grande pompe depuis jeudi, et l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, arrivé parmi les derniers hier matin. Mais ce dernier a quitté prématurément les travaux l’après-midi, « après avoir assisté à la cérémonie d’ouverture », a indiqué l’agence officielle de l’émirat QNA, sans donner le motif de ce départ. Le riche émirat gazier est au cœur d’un conflit diplomatique depuis juin 2017 qui l’oppose à plusieurs autres pays arabes, dont l’Arabie saoudite.

Alors que plusieurs dirigeants venaient d’appeler à dépasser les différends, l’émir du Qatar est sorti de la salle au moment où s’exprimait le secrétaire général de la Ligue, Ahmad Abou el-Ghait, et « a quitté la Tunisie », a dit à l’AFP un responsable tunisien sous le couvert de l’anonymat, sans être en mesure de dire s’il existe un lien entre ce départ et les propos qu’il a tenus. M. Abou el-Ghait s’en est pris à la Turquie et à l’Iran, dénonçant les ingérences de ces deux pays dans les affaires de plusieurs pays arabes qui « ont aggravé les crises et éloigné les solutions ». Le Qatar est soumis depuis juin 2017 à un blocus économique et diplomatique de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn et de l’Égypte, qui ont rompu tout lien avec l’émirat.

Riyad et ses alliés accusent Doha de ne pas prendre assez de distance avec l’Iran, puissance régionale chiite rivale de l’Arabie saoudite sunnite, et de soutenir des groupes islamistes radicaux, ce que le Qatar nie. Aucune tentative de réconciliation n’a abouti à ce jour. En décembre, l’émir du Qatar avait été invité au sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Riyad, mais n’était pas venu. Il avait en revanche fait le déplacement au précédent sommet du CCG, en décembre 2017 au Koweït, mais le roi d’Arabie saoudite avait alors boudé la réunion.

Résolution du Conseil de sécurité

Auparavant, plusieurs dirigeants arabes avaient dénoncé la décision des États-Unis de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le plateau occupé du Golan syrien. Les pays arabes ont dénoncé cet décision dans leur comuniqué final. Le roi Salmane d’Arabie saoudite a de nouveau exprimé l’opposition « catégorique » du royaume à la décision de Washington sur le Golan. Pour sa part, le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, a affirmé qu’il ne peut y avoir de solution au conflit israélo-palestinien « sans la libération des territoires occupés ». « Notre position concernant le Golan est constante. Il s’agit d’une terre syrienne occupée », a déclaré le roi Abdallah de Jordanie. « Les défis auxquels les pays arabes sont confrontés surpassent les frontières », a-t-il ajouté, dénonçant les « ingérences étrangères ».

L’émir du Koweït, Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, a affirmé que le processus de paix au Moyen-Orient ne passant pas par « la fin de l’occupation, la création d’un État palestinien avec Jérusalem comme capitale était irréaliste ». « Nous attendons de vous que vous fassiez de la victoire de la Palestine la première cause arabe », a déclaré de son côté le président palestinien Mahmoud Abbas. Les dirigeants arabes ont annoncé qu’ils vont tenter d’obtenir une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant la décision américaine (Washington dispose cependant d’un droit de veto dans cette instance de l’ONU). Ils mettent également en garde tout pays qui serait tenté de suivre l’exemple de Donald Trump.

Portraits d’Assad

Parallèlement aux discours des chefs d’État, quelques dizaines de militants de plusieurs pays arabes se sont réunis dans les locaux du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour défendre droits et libertés tandis qu’une centaine d’autres ont manifesté à Tunis contre le sommet.

À l’appel de divers mouvements de gauche et nationalistes, une centaine de manifestants se sont en outre rassemblés sur l’avenue Bourguiba, la principale artère de Tunis. Neuf rangées de policiers en tenue anti-émeutes leur ont barré fermement la route vers le Palais des congrès, où se déroulait le sommet. « La rue appartient au peuple », « Sommet de la honte », ont scandé les manifestants, qui s’en sont en particulier pris au roi Salmane d’Arabie saoudite pour son « inaction » sur le dossier palestinien.

Certains manifestants ont brandi des portraits du président syrien Bachar el-Assad, scandant des slogans favorables à un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, dont elle a été suspendue en 2011, après le début du conflit. Seul pays à poursuivre sur la voie de la démocratisation après les soulèvements arabes de 2011, la Tunisie accueillait un sommet de la Ligue arabe pour la première fois depuis ces bouleversements.

Source : AFP

Les pays arabes réunis lors d’un sommet hier à Tunis n’ont pas atteint leur objectif d’unité, l’émir du Qatar, au cœur d’un contentieux diplomatique avec l’Arabie saoudite, quittant prématurément le rendez-vous sans explication officielle.Le sommet de Tunis a certes permis de rassembler le roi Salmane d’Arabie saoudite, reçu en grande pompe depuis jeudi, et l’émir du...

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