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Liban - Communautés

Le cheikh Akl druze accuse la Syrie « d’ingérence flagrante dans les affaires libanaises »

Vive altercation au tribunal communautaire : un juge en frappe un autre.

Le cheikh Akl druze Naïm Hassan. Archives L’Orient-Le Jour

La communauté druze est profondément partagée au sujet des relations à entretenir avec le régime syrien actuel, ce qui se reflète par une nervosité grandissante aussi bien au niveau de son leadership que de la rue. Hier, le Conseil communautaire druze a dénoncé fermement, à l’issue d’une réunion à la Maison druze (Verdun), ce qu’il a considéré comme « une violation de la souveraineté libanaise » et « une ingérence flagrante dans les affaires du Liban ». Une référence claire à la décision syrienne de soumettre l’entrée en Syrie des dignitaires religieux druzes à une carte d’identification signée par le cheikh Nassereddine Gharib, qui se pose en rival du cheikh Naïm Hassan, cheikh Akl en titre de la communauté druze. Le cheikh Gharib est membre du clan Yazbaki, auquel appartient Talal Arslane.

« Le Conseil communautaire refuse catégoriquement la violation de la souveraineté libanaise et l’ingérence flagrante dans les affaires internes libanaises, que constituent les mesures inadéquates et rejetées imposées aux religieux de la communauté druze au Liban, à leur entrée en Syrie. Des mesures qui les frappent, à l’exclusion des religieux des autres confessions religieuses, et sont contraires à tous les pactes et lois et coutumes diplomatiques internationales ; qui portent atteinte aux relations fraternelles normales entre le Liban et la Syrie. Une note à ce sujet a été adressée par le Conseil communautaire au ministre des Affaires étrangères. » Le conseil, présidé par le cheikh Naïm Hassan, a rappelé qu’il « est le seul organisme officiel légitime représentatif de la communauté et habilité à en gérer les affaires, comme le précise la loi de 2006 réglementant les affaires de la communauté. Une loi que nul n’a le droit de violer ».

« Le conseil communautaire, ajoute le texte, assure que les tentatives désespérées de diviser les rangs de la communauté échoueront comme cela a toujours été le cas dans l’histoire, en raison de la largeur d’esprit des druzes et de leur sagesse, de leur vigilance et de leur foi. Il assure en outre qu’il déploie tous les efforts nécessaires avec ses diverses instances, ses forces actives, ses dignitaires religieux, ses notables et ses institutions, pour le plus grand bien de la communauté à tous les niveaux. Il adjure les membres de la communauté à faire preuve de solidarité et d’unité, comme ils l’ont toujours su faire, loin des fanfaronnades, assurant que tout le monde est traité à égalité. »

On rappelle que le chef du PSP, Walid Joumblatt, ainsi que le Premier ministre, Saad Hariri, et le leader des FL, Samir Geagea, sont inscrits sur une liste syrienne antiterroriste. Du reste, M. Joumblatt est recherché en vertu d’un mandat d’arrêt par la justice syrienne, depuis 2014, pour » offenses à l’État syrien ».


Altercation au tribunal druze

Le conseil communautaire condamne enfin l’incident qui a éclaté hier au siège des tribunaux druzes d’appel, déclarant qu’il « prendra les mesures qui s’imposent, de par l’autorité qui lui est confiée, pour en éclairer les circonstances et le régler, dans le respect de la dignité des juges et loin de toutes les déclarations diffamatoires ».

Une altercation verbale suivie de coups a marqué la journée au siège des tribunaux druzes. Selon des informations dignes de foi, le président de la cour d’appel druze, le cheikh Fayçal Nassereddine, a agressé et porté des coups à un magistrat qui lui est hiérarchiquement soumis, le cheikh Nassouh Haïdar, qui avait refusé de le saluer, alors qu’ils descendaient tous deux les escaliers de l’immeuble, à la fin des heures de bureau. L’hostilité de M. Haïdar était due à sa nomination par son supérieur hiérarchique à une cour à Rachaya, une mesure qu’il a considérée comme vexatoire.

L’incident, que tout le monde, à commencer par les intéressés, a jugé « regrettable », a déclenché une série de commentaires sur les réseaux sociaux, l’ancien ministre Wi’am Wahab allant jusqu’à réclamer la démission du cheikh Akl Naïm Hassan. Pour sa part, le leader du PSP a lancé un appel au calme, et estimé que l’incident peut être réglé par des excuses publiques. Il a toutefois défendu l’idée des nominations effectuées par M. Nassereddine, les jugeant indispensables pour la bonne marche des affaires de la communauté.


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commentaires (6)

Ils sont vraiment futés et créatifs ces syriens!

LeRougeEtLeNoir

11 h 26, le 06 mars 2019

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Commentaires (6)

  • Ils sont vraiment futés et créatifs ces syriens!

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 26, le 06 mars 2019

  • Est-ce si important pour les dignitaires religieux druzes de pouvoir se rendre en Syrie?!

    Abichaker Toufic

    10 h 17, le 06 mars 2019

  • RIEN DE NOUVEAU PUISQU,ILS ONT DES SBIRES SUR PLACE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 07, le 06 mars 2019

  • Je vous cite encore : ""La communauté druze est profondément partagée au sujet des relations à entretenir avec le régime syrien actuel."" Étonnant qu’elle soit encore ""partagée"" et non ""profondément divisée"". Depuis un certain temps, tout cela ne relève plus de querelles entre clans, mais d’un malaise plus durable. Depuis que dans un pays voisin, pour ne pas le nommer, cette communauté est désormais de seconde zone, et souvenez-vous quand quelques édiles druzes ont pris le chemin de Damas. C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    03 h 08, le 06 mars 2019

  • Je vous cite : ""On rappelle que le chef du PSP, Walid Joumblatt, ainsi que le Premier ministre, Saad Hariri, et le leader des FL, Samir Geagea, sont inscrits sur une liste syrienne antiterroriste."" D’accord, Il faut se méfier des capacités de nuisance de nos voisins. Chacun établit une liste en fonction de ses intérêts ou selon sa position de force, et à leur tour, les dirigeants syriens et leurs ""amis"" de la région, le sont également sur une autre liste. Mais une chose est sûre, le leader druze, longtemps dans le giron syrien, sait bien jusqu’où il peut aller très loin. C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    02 h 51, le 06 mars 2019

  • Je cite le sous-titre : ""Vive altercation au tribunal communautaire : un juge en frappe un autre."" Pas d’autres détails dans l’article sur cette altercation. Il s’en est pris à mains nues, par exemple ? Pourquoi tant de discrétion sur cette affaire qui laissera, j’en suis sûr, des traces. Ô mon pays ! Jadis terre d’abondance, aujourd’hui enjeu de conflits politico-religieux, et au sein d’une même communauté. Ô habitants de mon pays ! Ne le livrez pas en pâture aux appétits de factions rivales, ou de pays voisins.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    02 h 34, le 06 mars 2019

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