Emmanuel Macron a annoncé hier que la France allait adopter dans ses textes de référence une définition de l’antisémitisme élargie à l’antisionisme, sans toutefois modifier le code pénal, dans un discours prononcé lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à Paris.
« La France, qui l’a endossée en décembre avec ses partenaires européens, mettra en œuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah » (qui intègre l’antisionisme), a dit le chef de l’État en martelant que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme ».
Le président de la République, qui a déploré « une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale », avait fait part de cette décision un peu plus tôt au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
« Le président Macron a informé le Premier ministre qu’il allait adopter la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui a fixé que l’antisionisme est une forme d’antisémitisme », a affirmé un communiqué du bureau de M. Netanyahu. Celui-ci a exprimé son « estime » pour cette décision, selon le communiqué.
Quelques minutes avant le discours de M. Macron, le président du CRIF, Francis Kalifat, en avait fait la demande. « À l’unisson des autres pays européens, la France a voté en faveur de cette définition lors de son adoption par l’IHRA en 2016 et encore tout récemment fin 2018 dans la résolution du Conseil européen sur la lutte conte l’antisémitisme. Conformément aux recommandations du Parlement européen et du Conseil européen, plusieurs États membres l’ont déjà intégrée dans leurs propres textes de référence », avait-il dit.
Emmanuel Macron a également annoncé un « audit » des établissements touchés par « la déscolarisation des enfants de confession juive » et demandé la dissolution de trois associations d’extrême droite, dont Bastion social.
« La honte doit changer de camp », a martelé le chef de l’État, ajoutant, ému : « Nous sommes chez nous. Nous tous. »
Cette déclaration entendait répondre au slogan « On est chez nous », largement scandé dans divers rassemblements d’extrême droite depuis plusieurs années.
La France a connu récemment une multiplication d’actes antisémites – +74 % en 2018. Mardi, 96 tombes ont été découvertes profanées dans un cimetière juif alsacien.
Des tags antisémites ont été découverts hier sur et autour d’une stèle du « jardin du souvenir » du cimetière de Champagne-au-Mont-d’Or, village cossu de l’Ouest lyonnais, a-t-on appris auprès de la préfecture. Sur la stèle, deux croix gammées à l’envers ont été dessinées en rouge avec l’inscription « Shoa blabla », a constaté un photographe de l’AFP. Au pied du monument, une autre croix gammée a été apposée, accompagnée de la phrase « Passkon a pa le shoa ».
Des rassemblements contre l’antisémitisme se sont tenus mardi dans de nombreuses villes à travers la France, notamment place de la République, à Paris, où des milliers de personnes ont dénoncé ces actes.
Enfin, le président israélien Reuven Rivlin a apporté hier son soutien au président français Emmanuel Macron et au philosophe français Alain Finkielkraut face aux actes antisémites, qu’il a qualifiés d’ « affront » à la France. Disant observer une « vague d’incidents antisémites en Europe et particulièrement en France », M. Rivlin a écrit hier une lettre à son homologue français et parlé à M. Finkielkraut, selon un communiqué de ses services.
Source : AFP
commentaires (7)
C,EST DU MELANGE INCOMPATIBLE...
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 12, le 21 février 2019