Pas de barricades dans le nouveau gouvernement, promet Geagea

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a assuré hier qu’« il n’y aura pas de barricades entre les différentes composantes du nouveau gouvernement (de Saad Hariri), dont l’action ne sera pas entravée par des dissensions ». « D’un autre côté, il s’agit d’un cabinet d’union nationale et il répercute donc plusieurs points de vue », a-t-il ajouté.

Dans une interview au journal koweïtien al-Raï, M. Geagea a réaffirmé le rôle des FL dans la lutte contre la corruption au sein du cabinet. Il a cependant vigoureusement nié le fait qu’il s’agisse du « gouvernement du Hezbollah », comme certains aiment à l’appeler. « Il ne fait pas de doute que les élections législatives ont donné un petit avantage au Hezbollah et à ses alliés, mais cela ne s’est pas traduit en un changement dans l’équilibre des forces populaires et politiques, a-t-il dit. Preuve en est, auraient-ils pu imposer un autre Premier ministre que Saad Hariri ? Ils n’auraient pas pu ignorer le fait qu’il reste le plus représentatif dans sa communauté. » Il s’est dit convaincu que ce léger avantage dans les résultats des élections était davantage dû aux dissensions dans les rangs au sein de l’ancien camp du 14 Mars qu’à la nouvelle loi électorale, qui a assuré une bonne représentativité, selon lui.

Dans la même veine, le chef des FL a estimé que les propositions iraniennes de fournir des équipements à l’armée et des médicaments sur le marché libanais étaient « médiatiques et promotionnelles ». Il a considéré que les défenses aériennes que les Iraniens voudraient fournir au Liban devraient le protéger contre les violations israéliennes, « or les Iraniens ne les ont pas utilisées pour faire face aux agressions israéliennes contre eux en Syrie ». Quant aux médicaments, « il s’est avéré que le marché libanais est ouvert aux importations de tous les pays, à condition de respecter des normes internationales adoptées au plan local », a-t-il précisé, révélant à cet égard que seuls deux médicaments iraniens avaient, jusque-là, satisfait ces conditions. « Il s’est en fait avéré que l’industrie libanaise du médicament est beaucoup plus évoluée (…), alors pourquoi l’Iran n’ouvrirait-il pas ses portes aux médicaments libanais? » s’est-il demandé.

Le leader des FL a également exprimé une opinion tranchée sur la question de la politique de distanciation adoptée par le gouvernement. « Nous ne sommes pas disposés à changer cette politique quelles que soient les circonstances, a-t-il affirmé. Sans cette politique, tout ne sera que ruine. Et si (le secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah refuse de laisser l’Iran faire face seul à une éventuelle agression, comme il l’a dit dans un discours, alors qu’il y aille seul. L’État libanais n’est pas prêt à compromettre l’avenir de son peuple pour soutenir un axe étranger. »

Commentant la visite du conseiller au sein du cabinet royal saoudien, Nizar Alaoula, qu’il a rencontré à Beyrouth, M. Geagea a estimé que « l’Arabie saoudite tend à s’occuper autant que possible de la scène libanaise afin de ne pas la laisser en proie à la seule influence iranienne, et ce malgré son implication sur d’autres scènes régionales ». Pour lui, la confrontation dans la région est « sérieuse » sur le plan politique et économique, « sans nécessairement se transformer en conflit armé », estimant ne pas savoir quelle en sera la progression.