Meurtre d'un étudiant: l'ambassadeur d'Egypte convoqué à Rome

Le ministre italien des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, a convoqué vendredi l'ambassadeur d'Egypte à Rome pour inciter Le Caire à faire toute la lumière sur l'assassinat d'un étudiant italien dans la capitale égyptienne, a annoncé le ministère. Selon les médias italiens, face à la lenteur de l'enquête au Caire, les procureurs italiens chargés du dossier, qui étaient cette semaine en Egypte, s'apprêtent à ouvrir une enquête formelle contre plusieurs agents des services secrets égyptiens.

Début 2016, le corps atrocement mutilé et torturé de Giulio Regeni, doctorant de 28 ans spécialisé dans les mouvements syndicaux, avait été trouvé en bordure d'autoroute dans la banlieue du Caire. Cette affaire avait considérablement refroidi les relations entre les deux pays, Rome accusant les autorités égyptiennes de ne pas coopérer suffisamment dans l'enquête. En signe de protestation, l'Italie avait rappelé son ambassadeur en avril 2016.

La presse italienne et les milieux diplomatiques occidentaux en Egypte soupçonnent des membres des services de sécurité d'avoir enlevé et torturé à mort M. Regeni. Le gouvernement égyptien a nié cette hypothèse.

L'Italie a cependant dépêché un nouvel ambassadeur au Caire en septembre 2017, et le gouvernement populiste arrivé au pouvoir en juin, s'est clairement rapproché de l'Egypte. Ses deux poids-lourds, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) et Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles-MS5, antisystème), sont chacun venus rendre visite au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour parler relations économiques, commerce, migrations et exploitation gazière.

Début 2018, l'Egypte a inauguré en grande pompe le grand champ gazier de Zohr, découvert en 2015 par le géant pétrolier italien ENI.

Malgré tout, la mobilisation ne faiblit pas en Italie autour de la famille du jeune homme pour réclamer la vérité sur son calvaire.

Cette semaine, le président de la Chambre des députés, Roberto Fico, membre du M5S, a annoncé que la Chambre entendait rompre tout contact officiel avec le Parlement égyptien.

Face à l'ambassadeur d'Egypte, M. Moavero Milanesi "a exprimé l'exigence italienne de voir des développements concrets dans l'enquête", selon un communiqué du ministère, assurant que l'identification des responsables du "meurtre barbare" de Regeni restait "prioritaire pour les institutions italiennes".