La famille d'un Afghan mort aux mains de la CIA veut savoir où est son corps

La famille d'un Afghan mort dans une prison secrète de la CIA en 2002 a déposé jeudi un recours devant la justice des Etats-Unis, pour forcer l'agence américaine du renseignement à révéler ce qu'elle a fait du corps. Gul Rahman est mort après avoir subi deux semaines de "torture systématique et intensive", selon ce recours déposé devant un tribunal fédéral de Washington avec le soutien de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU.

Soupçonné par les Etats-Unis d'être un combattant islamiste, il avait été enlevé début novembre 2002 par la CIA au Pakistan, où il vivait dans un camp de réfugiés, avant d'être transféré dans un centre d'interrogatoire secret en Afghanistan.

Privé de nourriture et de sommeil, menotté, il avait été contraint de rester nu dans une cellule où la température était proche de zéro, et régulièrement aspergé d'eau froide jusqu'à sa mort par hypothermie, selon le document judiciaire. Sa famille n'a pas été informée de son décès. Celui-ci n'a été officiellement rendu public qu'en 2014 dans un rapport du Sénat américain sur les méthodes d'interrogatoire controversées utilisées par la CIA après les attentats contre le World Trade Center.

Suite à ce rapport, la CIA avait admis que Gul Rahman était décédé dans des conditions "qui laissent une tache durable sur le bilan de l'agence". Mais elle n'a jamais précisé ce qu'elle avait fait de sa dépouille.

Le gouvernement américain "doit me dire ainsi qu'à ma famille ce que le corps de mon père est devenu", a déclaré la fille de Gul Rahman, Hajira Hematyara, citée dans un communiqué de l'ACLU. "Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons faire ce qu'il faut pour mon père et organiser de vraies funérailles", a ajouté cette enseignante qui vit dans un village près de Kaboul.

Parallèlement, l'ACLU a déposé un autre recours pour obtenir la déclassification d'informations sur le rôle joué par la nouvelle directrice de la CIA Gina Haspel dans ce programme d'interrogatoire poussé.