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Liban - Conférence

Apprendre par cœur, une pratique éducative dépassée, au bénéfice du comment apprendre

L’éducation et les défis du XXIe siècle étaient le sujet d’une table ronde organisée au Salon du livre francophone de Beyrouth.


Les intervenants Farid Chéhab, Tarja Fernandez, Fady Yarak, Mirna Raslan et le père Salim Daccache. Photo Michel Sayegh

À l’ère du numérique, les élèves n’ont plus besoin d’accumuler des connaissances qu’ils trouvent facilement sur le Net. L’ère de l’apprentissage par cœur est révolue. L’est-elle vraiment au Liban, et au bénéfice de quelle éducation ? Respecte-t-elle le principe tant vanté des 4C, à savoir la créativité, la coopération, la communication et la critique constructive ? Et quelle place occupent aujourd’hui le jeu et la créativité dans nos écoles ? C’est à ces questions, parmi tant d’autres, qu’a tenté de répondre la conférence « Éducation : les défis du XXIe siècle », qui s’est déroulée mercredi au Salon du livre francophone de Beyrouth, en marge de la signature par le publicitaire et modérateur du débat Farid Chéhab de son ouvrage Un pont sur le XXIe siècle. Mais un point essentiel demeure sans réponse : les élèves du Liban sont-ils préparés à relever les défis de ce siècle ?

L’enfant au cœur de l’apprentissage

La Finlande étant réputée pour l’excellence de son système éducatif, l’ambassadrice de Finlande, Tarja Fernandez, a présenté quelques principes de base de l’éducation dans son pays. À savoir que les enfants vont à l’école à partir de l’âge de 7 ans, et qu’avant cela, durant leur petite enfance, ils apprennent d’abord et de manière ludique à devenir des êtres humains, puis membres d’un groupe, pour devenir plus tard acteurs créatifs d’une société et d’un État. Et ce à travers la musique, le jeu, les activités physiques, la découverte des animaux et autres. De manière plus générale, « l’apprentissage en Finlande est centré sur l’enfant », affirme-t-elle, précisant que l’objectif est de « lui apprendre à apprendre, à partir d’un phénomène donné ». Ce qui permet « de développer le potentiel de chaque enfant et de lui donner des opportunités ».

Partant de son expérience à la tête du Collège Notre-Dame de Jamhour (CNDJ), le recteur de l’Université Saint-Joseph (USJ), le père Salim Daccache, a développé sa vision pour l’enseignement au Liban, avec pour objectif « de former des têtes bien faites, plutôt que bien pleines ». Il s’agit non plus de pousser les élèves à emmagasiner plein de connaissances, mais de les aider à « se doter de capacités de discernement et de jugement, de compétences transversales, d’esprit critique, de curiosité et de méthode ». « Nous voulons faire émerger la personnalité de l’élève », explique le recteur, insistant sur la nécessité « d’inculquer à l’enfant le savoir-faire et le savoir-être, plutôt que le savoir ». En résumé, les établissements ont pris conscience du fait que l’enseignement « n’a plus rien à voir avec ce qu’il était autrefois ». Et désormais, au CNDJ et à l’USJ, les élèves sont considérés comme « chercheurs » dès la classe de douzième, avec les moyens et l’encadrement nécessaires pour être mis en relation avec le monde du travail. « Il n’en reste pas moins qu’il reste un immense travail à poursuivre dans ce sens », reconnaît le père Daccache.

Le numérique est coûteux et vite dépassé

Qu’en est-il de l’école publique au Liban qui scolarise un tiers des écoliers ? Elle fait aujourd’hui face à « des défis de taille, avec en tête, la scolarisation des réfugiés syriens », explique le directeur général du ministère de l’Éducation, Fady Yarak. À cette réalité vient s’ajouter « un nouvel enjeu, celui de viser l’excellence dans la qualité de l’éducation, tout en respectant l’équité pour tous les élèves et tous les établissements ». Ce qui est loin d’être une évidence, car « les écoles publiques sont inégalement équipées sur le plan des nouvelles technologies », révèle-t-il. Il ne faut d’ailleurs « pas s’attendre à une révolution rapide du secteur de l’enseignement, connu pour être l’un des plus conservateurs ». D’autant que « le numérique est coûteux et rapidement obsolète », note-t-il. En dépit de ces points faibles, l’éducation au Liban est « très libérale » et « autorise l’enseignement d’autres programmes que le seul programme éducatif libanais », constate M. Yarak, tout en estimant que « ce modèle est susceptible de donner différentes options aux élèves ».

Dans ce cadre, la directrice de l’établissement Wellspring Learning Community, Mirna Raslan, a exposé la vision de la jeune institution scolaire qu’elle dirige et qui scolarise aujourd’hui plus de 800 élèves. « Notre vision repose sur l’innovation, le respect, la prise de conscience culturelle… Nous sommes soucieux de développer des personnes responsables, pensantes et créatives », souligne-t-elle, observant que le jeu fait partie de la technologie éducative développée par l’établissement. Elle regrette toutefois que « le curriculum libanais ne réponde pas aux objectifs que s’est fixé l’établissement ». D’où « son choix de recourir au système du bac international », parallèlement au cursus local destiné aux élèves libanais tenus de présenter le brevet et le bac.

Pour conclure le débat sur une note positive, même s’il est difficile pour les intervenants d’afficher une pleine sérénité face aux défis du numérique, ils n’ont pu que reconnaître et saluer l’attachement des Libanais à l’éducation.


À l’ère du numérique, les élèves n’ont plus besoin d’accumuler des connaissances qu’ils trouvent facilement sur le Net. L’ère de l’apprentissage par cœur est révolue. L’est-elle vraiment au Liban, et au bénéfice de quelle éducation ? Respecte-t-elle le principe tant vanté des 4C, à savoir la créativité, la coopération, la communication et la critique constructive ?...

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