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Liban - Santé

La coopération libano-française fête ses dix ans

L’accréditation des hôpitaux, la transfusion sanguine et les médicaments et dispositifs médicaux, objets de la collaboration.


Les conférenciers lors de la cérémonie organisée à l’ESA pour célébrer les dix années de coopération libano-française dans le domaine de la santé.

Le Liban est sans aucun doute la meilleure destination médicale de la région. Une position à laquelle il s’est hissé au prix d’efforts soutenus pour améliorer la qualité de ses services de santé à tous les niveaux. Ce travail aurait pu rester inachevé sans une coopération « efficace » et « exemplaire » avec la France, comme le souligne le directeur général du ministère de la Santé, le Dr Walid Ammar.

Celle-ci remonte à dix ans et s’articule autour de trois grands protocoles de coopération établis avec la Haute Autorité de la santé (HAS), l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Établissement français du sang (EFS). Ils sont réalisés avec le soutien de l’École supérieure des Affaires (ESA).

Tout a commencé en 2006, lorsque le ministère de la Santé « a sollicité la HAS, au terme du contrat établi avec un organisme gouvernemental australien pour l’accréditation des hôpitaux, pour poursuivre dans cette voie », explique à L’Orient-Le Jour le Dr Ammar, en marge d’une cérémonie organisée lundi à l’ESA pour célébrer les dix ans de coopération libano-française dans le domaine de la santé. « L’accréditation a pour objectif d’améliorer de manière continue la qualité des services », poursuit-il.

Pour ce faire, le processus doit être « dynamique » et non « sanctionnant », précise Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, une autorité publique indépendante avec pour missions notamment l’évaluation des produits et des actes de santé en vue de leur remboursement, l’élaboration des recommandations de bonnes pratiques professionnelles, ainsi que l’évaluation de la qualité dans les établissements de santé, et « depuis cette année, tout ce qui a trait au social et au médicosocial, comme les maisons de soins pour les personnes âgées, les maisons d’accueil des personnes handicapées, etc. ».

« La problématique est la même dans tous les pays, à savoir celle d’assurer la sécurité et la qualité des soins, ajoute Mme Le Guludec. Pour ce faire, il faudrait changer la culture pour embarquer toutes les équipes de soins dans une dynamique d’amélioration de la qualité. La HAS ne fait pas l’accréditation des hôpitaux libanais. Son rôle est de transférer les compétences pour que le Liban se dote de ses propres capacités et compétences. »


(Pour mémoire :  La ministre française de la Santé souhaite lancer une dynamique de coopération dans la recherche médicale)


Extension de la coopération
L’expérience avec la HAS ayant été couronnée de succès, le ministère de la Santé s’est alors tourné vers l’ANSM et l’EFS. Dominique Martin, directeur de l’ANSM, explique que cette coopération date de 2010 et est axée sur les médicaments et dispositifs médicaux. Il s’agit d’ailleurs du domaine d’expertise de cet établissement public administratif français créé en 1993 avec pour missions de faciliter et d’assurer l’accès aux produits de santé, de surveiller les produits de santé. L’agence est aussi dotée de « pouvoirs de police sanitaire », dans le sens où son directeur général « peut prendre des mesures de sanctions ».

« L’environnement des médicaments est extrêmement compliqué sur les plans scientifique et réglementaire et fait appel à des systèmes de référentiels qui doivent être partagés et solides, note M. Martin. Avec le ministère de la Santé, nous travaillons sur un transfert d’expériences de l’ANSM pour l’aider à mettre en place toutes ces procédures. » Ce qui a été « largement installé », affirme-t-il.

Le travail est axé sur les « génériques » qui présentent un risque de « qualité » et de « détournement », comme sur les biosimilaires « qui présentent des mécaniques plus complexes que le générique » puisqu’ils sont produits par biotechnologie. Il englobe aussi « l’automédication, puisque l’achat du médicament doit être fait dans un circuit de santé contrôlé », et les dispositifs médicaux qui « nécessitent une surveillance », notamment pour « vérifier la conformité aux exigences essentielles » et « détecter de potentiels éléments problématiques ». Un énorme travail a également été fait sur « l’enregistrement des produits médicaux et leur traçabilité ».


Amélioration du système de transfusion sanguine
La coopération avec l’EFS remonte aussi à 2010. François Toujas, président de cet établissement, explique que sa principale mission est d’aboutir à « une autosuffisance quantitative et qualitative » et de s’assurer que « les produits distribués présentent des conditions de sécurité ». « On est très fortement sollicité sur notre exemple pour de nombreuses raisons principalement parce que certains pays qui ont du mal à mettre en place un système de transfusion sanguine efficace ont du mal à sanctionner les progrès médicaux qui doivent s’inscrire dans une politique de développement ». « Or un système de transfusion sanguine efficace est l’une des garanties d’une amélioration générale de l’état de santé générale de la population », explique-t-il.

Évaluant la coopération avec le Liban, M. Toujas affirme qu’elle s’est considérablement améliorée en huit ans. À l’époque, « les autorités concernées étaient conscientes » des failles du système de transfusion sanguine. « Objectivement, elles étaient considérables », observe-t-il, affirmant qu’il y avait une volonté « d’améliorer le niveau général du système ».

Un comité de coordination rassemblant l’ensemble des acteurs du domaine (hôpitaux privés et publics, Croix-Rouge libanaise, ONG) a été mis en place. Un travail de réflexion et de mise en œuvre sur la bonne pratique transfusionnelle a été fait, comme sur la manière de mettre en place ce système et ce « en prenant en considération la réalité libanaise et la diversité des intervenants ». L’EFS a aussi aidé à l’organisation d’un centre de transfusion sanguine.

« L’enjeu aujourd’hui est d’améliorer encore plus la confiance collective dans le système et ce en améliorant sa qualité globale, d’où un projet d’habilitation de l’ensemble des centres de transfusion, qui va établir les règles à suivre en termes d’obligations, avance M. Toujas. Un travail doit aussi se faire pour mieux mobiliser les donneurs, parce qu’il est important d’avoir des donneurs réguliers et non seulement quand il y a une crise. »

Les trois responsables français assurent que la coopération avec le Liban se poursuivra dans ces trois domaines. « Si nous sommes aujourd’hui au Liban c’est parce que les conditions sont réunies pour aboutir à une coopération efficace », affirme Mme Le Guludec. Il s’agit, selon elle, du « partage des mêmes valeurs de qualité et d’équité », de la « volonté politique pour faire avancer les choses » et de « la qualité des professionnels libanais ».

Le Liban est sans aucun doute la meilleure destination médicale de la région. Une position à laquelle il s’est hissé au prix d’efforts soutenus pour améliorer la qualité de ses services de santé à tous les niveaux. Ce travail aurait pu rester inachevé sans une coopération « efficace » et « exemplaire » avec la France, comme le souligne le directeur général...

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