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Lifestyle - Coolitude

Cachez ces fesses que l’on ne saurait voir sur Instagram

Grande prêtresse du féminisme et de l’érotisme mystique, Camille Paglia jette l’opprobre sur la « banalisation de la chair » par les réseaux sociaux.

Kim Kardashian, la reine de la sexualité made en ligne. Photo tirée de son compte InstagramKim Kardashian, la reine de la sexualité made en ligne. Photo tirée de son compte Instagram

« La révolution sexuelle qu’avait fait triompher ma génération des années 60 portait sur un statut de femmes responsables, libres et à égalité avec les hommes. Mais nous n’avions certainement pas prévu l’irrésistible ascension des fesses, réduisant les femmes à leur postérieur, à la manière des totems de la fertilité de l’âge de pierre, ni leur addiction à se présenter ainsi sur Instagram. Cet étalage de chair devenu épidémique, après les performances sexuellement explicites de Madonna, avait probablement débuté avec Britney Spears découvrant, en 1998, son nombril dans sa vidéo Baby One More Time. »

C’est Camille Paglia qui se dit ainsi offusquée par l’actuelle mode de dénudement sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Instagram où cet exercice d’effeuillage est même mis en scène. Pourtant, il en fallait beaucoup pour faire rougir Camille Paglia (aujourd’hui âgée de 71 ans), la plus féministe des féministes, libérée, écrivaine, critique sociale et qui, notamment, considérait la pornographie comme une pratique artistique. Dans son ouvrage intitulé Provocations qui vient de paraître, soit 20 ans de brûlots intellectuels, elle propose de repenser la manière dont les femmes sont en train de se représenter à la lumière de ce qu’elle appelle un « exhibitionnisme banalisé », aussi bien dans les lieux de travail que sur les sites en ligne. Ce qui complique, selon elle, les relations sexuelles, et approfondit les clivages hommes-femmes.

« Les femmes sur la Toile, guindées, surfaites et “unsexy” »

Paglia estime que depuis son lancement, il y a huit ans, Instagram s’est transformé en une obsession généralisée offrant un mirage de séduction (images retouchées à souhait et hypersexualisation), nourrie par les fantaisies les plus incroyables. La facilité des femmes à transformer exagérément leur corps, en particulier la vogue des arrière-trains plus que rebondis, l’a ramenée aux totems de la fertilité de l’âge de pierre. Rappelons que la star des stars de la télé-réalité, Kim Kardashian, et reine du genre, a fait école dans ce domaine. Néanmoins, la chanteuse Rihanna a trouvé grâce aux yeux de l’auteure, car « elle a saisi la magie, la mystique et le mood de la sexualité en tant qu’état d’esprit. Alors que cet éclat artificiel des femmes, généré par Instagram, dissimule une réalité morne et régressive destinée à aguicher rapidement les hommes ». Elle ajoute : « En tant qu’avocate de la pornographie et fidèle admiratrice des strip clubs, je dois dire qu’un nombre impressionnant de femmes apparaissent sur ce site électronique guindées, surfaites et étrangement unsexy. L’illettrisme visuel s’étend de plus en plus. Hélas, il est clair qu’aujourd’hui très peu de jeunes ont vu les films classiques romantiques de l’âge d’or hollywoodien et leur magnifique sensualité. »

Où sont les grandes amours nuancées du grand Hollywood ?

Dans ce contexte, Camille Paglia déplore qu’avec le sex-appeal tel que pratiqué en ligne, les films ont perdu le génie d’évoquer des passions romantiques. Les personnages, autrefois nuancés, sont détrônés par des super-héros pour blockbusters, oblitérant la vulnérable et l’aigre douce versatilité de l’amour. Entre-temps, on se rabat sur le sexe tel que proposé par le film Cinquante nuances de gris, pour elle « un véritable ennui, sans vie et cliniquement aseptisé ».

De l’avis de cette féministe pur sucre, aucune œuvre cinématographique n’a pu, durant ces dernières décennies, se mesurer à la brûlante flamme née d’un simple regard ou à la première rencontre entre Rhett Butler (Clark Gable) et Scarlett O’Hara, (Vivian Leigh) sur le grand escalier dans le film Autant en emporte le vent. En ces temps-là, l’énergie sur grand écran était générée par une intense polarisation sexuelle.

La surenchère actuelle de chair, exposée ainsi publiquement, conduit à une dévaluation de la femme et, paradoxalement, à l’ennui sexuel. Elle précise, de plus, que le sens des convenances et du contexte social a été perdu, comme témoigne, entre autres, la minirobe sans manches portée par la chanteuse Ariana Grande rendant hommage à la célèbre reine du gospel, Aretha Franklin, lors de ses funérailles. Et de conclure, « si les femmes veulent être respectées, elles doivent travailler à rehausser leur valeur. Et arrêter de les afficher dans des espaces dénués de tout sens ».

« La révolution sexuelle qu’avait fait triompher ma génération des années 60 portait sur un statut de femmes responsables, libres et à égalité avec les hommes. Mais nous n’avions certainement pas prévu l’irrésistible ascension des fesses, réduisant les femmes à leur postérieur, à la manière des totems de la fertilité de l’âge de pierre, ni leur addiction à se...

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- DIS, GEORGES, DANS NOTRE TEMPS NOUS ECARTIONS LA CULOTTE POUR VOIR LES FESSES... - AH OUI, JEAN, DE NOTRE TEMPS AUJOURD,HUI NOUS ECARTONS LES FESSES POUR VOIR LA CULOTTE...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 40, le 16 octobre 2018

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Commentaires (2)

  • - DIS, GEORGES, DANS NOTRE TEMPS NOUS ECARTIONS LA CULOTTE POUR VOIR LES FESSES... - AH OUI, JEAN, DE NOTRE TEMPS AUJOURD,HUI NOUS ECARTONS LES FESSES POUR VOIR LA CULOTTE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 40, le 16 octobre 2018

  • La sexualité qui envahit la toile est en train de se faire Hara Kiri.

    Remy Martin

    11 h 36, le 16 octobre 2018

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