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Liban

Antoine Sfeir, un riche parcours de Beyrouth à Paris

Antoine Sfeir est décédé, dans la nuit de dimanche à lundi, à Paris.

Notre ancien collègue et spécialiste du monde arabe et musulman, Antoine Sfeir, est décédé à Paris dans la nuit de dimanche à lundi des suites d’une longue maladie. M. Sfeir avait 70 ans.

Fondateur des Cahiers de l’Orient, revue trimestrielle, il avait commencé sa carrière en tant que journaliste au sein du service étranger du Jour, en 1968. C’était avant la fusion de L’Orient et du Jour, qui donnera naissance à L’Orient-Le Jour. Il continuera d’ailleurs de travailler au sein du service étranger de L’Orient-Le Jour après la fusion.

En 1976, après avoir été enlevé et torturé par une milice palestinienne pendant une semaine, il quitte le Liban, en guerre civile, pour la France. Il en gardera des séquelles toute sa vie.

« Cet événement a renforcé chez moi le refus de l’émotion dans le métier. J’ai appris aussi une chose après ça, c’est que j’avais envie de transmettre, et cela ne s’est jamais arrêté. J’étais déterminé et j’ai eu la chance de retravailler très vite dans le journalisme. Un métier dont on ne se lasse pas et où l’on apprend tous les jours. On est à la fois étudiant et transmetteur… », avait-il raconté au site Paroles de Corse.

Depuis la France, il collaborera avec des nombreux journaux et médias, dont La Croix, Le Point, Le Figaro, Europe 1, et publiera une vingtaine d’ouvrages sur les affaires moyen-orientales, dont Les réseaux d’Allah (Plon, 1997) ; Dictionnaire du Moyen-Orient (collectif, Bayard, 2011); Chrétiens d’Orient : Et s’ils disparaissaient ? (collectif, Bayard, 2009)… Avec son dernier opus, L’islam contre l’islam : l’interminable guerre des sunnites et des chiites, il remporta le prix Livre et droits de l’homme à Nancy.

Antoine Sfeir exerçait également en tant que consultant pour des entreprises privées et donnait régulièrement des conférences.

En 2003, il avait dépeint l’universitaire Tariq Ramadan comme un « spécialiste du double langage », dont l’influence sur la jeunesse serait plus dangereuse que celle des islamistes violents, ce qui lui vaudra une plainte en diffamation. Il sera relaxé. Autre moment polémique de sa carrière, il sera accusé de complaisance envers le régime de Ben Ali, avec le livre Tunisie, terre de paradoxes, publié en 2006, et exhumé au moment du printemps arabe. Après la révolution tunisienne de 2011, il reconnaîtra s’être « trompé lourdement » sur la Tunisie.

En 2005, il lancera avec Jean-Michel Quillardet, ancien grand maître du Grand Orient de France, l’Observatoire de la laïcité, qui se voulait « un groupe d’études et de prospective afin de renforcer le principe de laïcité ». Chevalier de la Légion d’honneur, Antoine Sfeir présidait depuis 2014 l’Ileri (Institut libre d’étude des relations internationales), qui a fait part de « sa grande tristesse ». Il a également présidé le Centre d’études et de réflexion sur le Proche-Orient (Cerpo) et a enseigné les relations internationales au Celsa-Paris IV.

Sa disparition a suscité un grand nombre de réactions dans le monde médiatique et politique français, à droite comme à gauche.

« Antoine Sfeir était un passeur entre deux mondes, l’Orient et l’Occident. Il avait de l’islam, dans ses multiples visages et dans son histoire, une connaissance profonde et chaleureuse. Il aimait décrypter et transmettre. Et il était un ami », a réagi le président du MoDem François Bayrou sur les réseaux sociaux. « Chaque conversation avec lui nous grandissait », a souligné, pour sa part, la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), sur Twitter.

Du Liban, Antoine Sfeir disait, à Paroles de Corse : « Le Liban, c’est le “vouloir vivre ensemble”, dans le respect de l’autre tel qu’il est. J’ai eu la chance de pouvoir draguer le vendredi à la mosquée, le samedi à la synagogue et le dimanche à l’église. C’est aussi cela qui m’a permis de m’ouvrir sur ces différentes religions et d’apprendre à les connaître. »

Notre ancien collègue et spécialiste du monde arabe et musulman, Antoine Sfeir, est décédé à Paris dans la nuit de dimanche à lundi des suites d’une longue maladie. M. Sfeir avait 70 ans.Fondateur des Cahiers de l’Orient, revue trimestrielle, il avait commencé sa carrière en tant que journaliste au sein du service étranger du Jour, en 1968. C’était avant la fusion de L’Orient...

commentaires (1)

Que Dieu ait son âme qu il repose en paix c est une bibliothèque que l’on perds pas un homme C était un monument Honneur et respect à cet homme de grande valeur

Romanos Willys

19 h 44, le 02 octobre 2018

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Commentaires (1)

  • Que Dieu ait son âme qu il repose en paix c est une bibliothèque que l’on perds pas un homme C était un monument Honneur et respect à cet homme de grande valeur

    Romanos Willys

    19 h 44, le 02 octobre 2018

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