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Trudeau réfute les critiques de Trump sur l'Aléna

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, le 26 septembre 2018. REUTERS/Amr Alfiky

Justin Trudeau a répliqué jeudi aux critiques virulentes de Donald Trump en défendant la position de fermeté du Canada dans les négociations commerciales avec les Américains, alors que la relation entre les deux dirigeants traverse une crise sans précédent.

Interrogé sur les déclarations du président américain, qui la veille s'était plaint de l'attitude selon lui intransigeante des Canadiens dans les négociations sur la modernisation de l'accord de libre-échange nord-américain Aléna, le Premier ministre canadien a campé sur ses positions.

"Les Américains trouvent que les négociations sont difficiles parce que les Canadiens sont de très bons négociateurs, comme on devrait l'être", a-t-il affirmé à quelques journalistes en arrivant au Parlement d'Ottawa.

Et s'il s'est dit persuadé qu'un accord restait "tout à fait possible", M. Trudeau a une nouvelle fois prévenu qu'il "ne signera pas un mauvais +deal+ pour les Canadiens", alors que Washington et Mexico, parvenus à un consensus sur le sujet fin août, menacent désormais d'avancer sans Ottawa.

Lors d'une conférence de presse débridée à New York, M. Trump avait par ailleurs affirmé avoir refusé de rencontrer M. Trudeau en marge de l'Assemblée générale de l'Onu, parce que les Canadiens ont "très mal traité" les Etats-Unis sur le plan des échanges commerciaux.

Sans aller jusqu'à le traiter de menteur, M. Trudeau a contredit M. Trump et réaffirmé tout haut ce que son porte-parole avait déclaré par courriel la veille: "On n'a pas demandé de réunion cette fois-ci".

Les relations entre les deux hommes n'ont cessé de se dégrader depuis le fiasco du G7 de Charlevoix (Québec) en juin dernier. Donald Trump avait notamment accusé Trudeau de manquer de sincérité et l'avait rendu responsable de l'échec du sommet.


Trudeau et Macron "ont tout essayé" 

"Justin Trudeau et (le président français) Emmanuel Macron ont tout essayé pour établir une bonne relation de travail" avec Trump, analyse pour l'AFP Colin Robertson, ancien négociateur canadien du premier traité Aléna. "Puis ils se sont rendus compte que ça ne marchait pas et qu'il valait mieux ne pas se retrouver dans une situation où Trump peut les malmener".

Depuis Charlevoix, les difficiles négociations entre Ottawa et Washington sur la réforme de l'Aléna, qui semblent marquer le pas à quelques jours de la date-butoir imposée par les Américains, début octobre, ont contribué à éloigner MM. Trudeau et Trump.

Les négociations achoppent toujours sur deux gros dossiers: Ottawa insiste sur le maintien d'un dispositif de règlement des conflits qui se trouve dans le texte initial de l'Aléna (chapitre 19), et veut garder en l'état son système de protection du secteur laitier canadien.

Le traité commercial Aléna, qui lie les deux pays ainsi que le Mexique depuis 1994, est constamment décrié par Donald Trump. Ce dernier y voit l'origine de la perte de millions d'emplois américains, notamment dans le secteur automobile.

"Le Mexique a noué un très bon accord. Mais avec le Canada, c'est très difficile", a notamment déclaré mercredi Donald Trump, qui a en outre estimé que si un accord était toujours possible, cela ne serait pas aux conditions canadiennes.

Pour l'heure, l'équipe de négociateurs canadiens emmenée par la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, n'a cessé de marteler qu'Ottawa préférait ne rien signer plutôt que de signer un "mauvais accord pour les Canadiens".

Pour Patrick Leblond, professeur à l'université d'Ottawa, les négociateurs canadiens ont tout intérêt à jouer la montre et ne pas se précipiter pour respecter la date-butoir de début octobre.

"Il est logique que les Canadiens parient que les Démocrates vont se retrouver majoritaires au Congrès, et seront plus ouverts à la position du Canada et voudront s'opposer un accord bilatéral avec le Mexique voulu par Trump", estime l'universitaire, joint par l'AFP.

"L'Aléna est au coeur de la relation USA-Canada", abonde M. Robertson. "Si Trump décide de l'annuler, l'accord restera en place pendant six mois, ce qui nous amène à une nouvelle donne au Congrès américain" après les élections de mi-mandat à l'automne, selon lui.

Justin Trudeau a répliqué jeudi aux critiques virulentes de Donald Trump en défendant la position de fermeté du Canada dans les négociations commerciales avec les Américains, alors que la relation entre les deux dirigeants traverse une crise sans précédent. Interrogé sur les déclarations du président américain, qui la veille s'était plaint de l'attitude selon lui intransigeante...