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Liban - Fondation Renaissance du Liban

Le programme « Leadership des jeunes » clôture sa 5e édition

« La session de formation, qui a rassemblé des tendances politiques variées, a constitué une sorte d’expérimentation du véritable dialogue », affirme l’ancien ministre Tarek Mitri.

Les participants au programme Leadership des jeunes posant pour une photo souvenir. Photo C. A.

Alors que les partis politiques, tous responsables et membres confondus, s’écharpent à qui mieux mieux dans un contexte d’épreuves de force, des acteurs de la société civile s’emploient au contraire à réunir des partisans de tous bords pour développer une action politique qui contribue à l’édification d’un vrai État. La fondation Renaissance du Liban (LRF) propose ainsi depuis 2014 un programme de Leadership des jeunes, illustré par des séminaires annuels grâce auxquels des membres de divers partis politiques renforcent leurs valeurs et leur savoir dans une atmosphère de rapprochement visant à favoriser l’esprit de citoyenneté.

La 5e édition du programme Leadership des jeunes a été couronnée mardi par une cérémonie de clôture qui s’est tenue au siège de la fondation Renaissance du Liban, rue Sursock, en présence du directeur de communication de la LRF Fady Bustros, ainsi que de membres du conseil d’administration de la fondation, notamment son président Charles el-Hage, l’ancien ministre Tarek Mitri, et l’activiste politique Élie Khoury. Ont pris également part à l’événement des experts ayant donné des conférences lors des séminaires, notamment, l’ancien député Salah Honein, l’analyste politique et activiste des droits de l’homme Jean-Pierre Katrib, et Riad Saadé, directeur général du Centre libanais de recherche et d’études agricoles, ainsi que des participants aux précédentes sessions et à la session de 2018.

De février à juin, trois partisans des Forces libanaises (FL), trois autres du Courant patriotique libre (CPL), trois du Parti socialiste progressiste (PSP), trois du parti Kataëb, deux de la Jamaa islamiya, un du courant du Futur, et un du parti Tachnag ont bénéficié de la formation prodiguée par plus de quinze spécialistes, qui ont traité de sujets aussi variés que les droits de l’homme, le rôle de la Constitution, la citoyenneté, la pensée critique, l’impact de la corruption, le budget de l’État, les lois électorales, le pétrole et le gaz, l’administration locale, et les défis et opportunités de l’agriculture.



Développement personnel

L’ambiance dans la villa Quantum abritant le siège de la fondation est conviviale. Les jeunes devisent entre eux comme le feraient des amis de longue date. Pourtant, ils ne se connaissaient pas avant le début de la session. Jad Eid, 28 ans, qui milite au sein du CPL, indique que, vivant dans la région du Kesrouan, il n’a pas souvent l’occasion de communiquer avec des jeunes venant d’autres horizons. Dès la première semaine, il s’est toutefois lié d’amitié avec Youssef Abi Chahla, 26 ans, membre du PSP. Tous deux affirment que l’initiative de la fondation Renaissance du Liban est « louable » en ce qu’elle leur a fourni « une expérience enrichissante, tant au niveau du développement personnel que de l’approche d’autrui ». « Nous avons beaucoup appris sur les plans politique, économique et social », précise Jad Eid, évoquant notamment les prestations de l’ancien ministre Charbel Nahas, qui a choisi de leur faire partager son expérience au gouvernement, et de Fadia Kiwan, directrice honoraire de l’Institut des sciences politiques à l’Université Saint-Joseph (USJ), qui s’est penchée avec eux sur le thème de l’édification de la citoyenneté. Pour sa part, Youssef Abi Chahla note qu’au final beaucoup de points relient les jeunes, quelles que soient leurs appartenances. « Nous sommes tous confrontés aux mêmes soucis, tels que le chômage, la difficulté de se procurer un logement, le trafic routier… » dit-il, citant par ailleurs « un autre dénominateur commun, et qui n’est pas des moindres, en l’occurrence les martyrs ». « La proximité avec des membres d’autres partis a contribué à me faire réaliser que ce n’est pas seulement le PSP qui a des martyrs, mais aussi chacune des formations », constate-t-il, avant d’ajouter, amer : « Après la guerre, il n’y a pas eu de gagnant et de perdant, sauf que c’est le Liban qui a perdu. »


À l’écart des tensions

Rami Dagher et Yara Matta, tous deux 25 ans et membres des Kataëb, se réjouissent eux aussi de l’apport fourni par les ateliers de travail. « Les connaissances nous ont été inculquées à partir d’une approche technique, non politique », affirment-ils, soulignant que « les workshops se sont déroulés dans un climat serein, à l’écart des tensions partisanes qui crispent parfois l’ambiance des campus universitaires ». Rami Dagher est satisfait d’avoir approfondi beaucoup de sujets que ses études et son métier d’architecture ne lui ont pas donné l’occasion d’aborder, et Yara Matta note plus particulièrement qu’« un exposé sur le pétrole et le gaz a permis de nous renseigner sur les erreurs commises par l’État dans la gestion du dossier ».

Christopher Succar, 26 ans (militant FL), évoque dans ce cadre « la mauvaise gouvernance du patrimoine, notamment le gaspillage de l’eau », soulignant qu’au terme de la session, chacun des participants « a transmis à son parti une étude comportant des solutions que devrait adopter une nouvelle législation ».

Yehia Chaar, 22 ans (Jamaa islamiya), est lui aussi très satisfait de l’expérience vécue. « Le fait de nous retrouver souvent autour d’une seule table a permis de briser la glace entre nous et de mieux connaître et de respecter nos différentes croyances et idéologies ». dit-il. Sultan Aawar, 24 ans (courant du Futur), renchérit : « Au-delà des confessions auxquelles nous appartenons, nous sommes au final un seul peuple, qui devrait être en mesure de dialoguer. »

Le dialogue, un point essentiel que l’ancien ministre Tarek Mitri a mis en exergue lors d’une allocution de circonstance. « Le dialogue implique de se débarrasser des préjugés, en vue de pouvoir écouter l’autre et de réfléchir ensemble », a-t-il déclaré en substance, se félicitant de ce que « cette session de formation, qui a rassemblé des tendances politiques variées autour de questions touchant à la vie publique, est une sorte d’expérimentation du véritable dialogue ». M. Mitri a par ailleurs déploré l’action politique actuelle basée sur « la dispute autour du pouvoir », plutôt qu’elle ne soit guidée par « les valeurs communes dictées par la Constitution ». Il a exhorté à cet égard les jeunes générations à se regrouper autour d’« un partenariat dans les valeurs surlequel doit se fonder l’État ».

Salah Honein a appelé dans ce sillage a « instaurer le débat, base de toute démocratie », estimant dans un court échange avec L’Orient-Le Jour que « les gens peuvent mieux choisir leurs options sur base d’argumentations et contre-argumentations plutôt que sur des rapports de force ».

La cérémonie de clôture a été marquée par la projection d’un film documentaire sur les travaux de la session, ainsi que par l’octroi de plaques commémoratives aux conférenciers présents et la distribution de certificats de participation aux jeunes partisans, suivis d’un vin d’honneur.

Alors que les partis politiques, tous responsables et membres confondus, s’écharpent à qui mieux mieux dans un contexte d’épreuves de force, des acteurs de la société civile s’emploient au contraire à réunir des partisans de tous bords pour développer une action politique qui contribue à l’édification d’un vrai État. La fondation Renaissance du Liban (LRF) propose ainsi...

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