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Moyen Orient et Monde - Assemblée générale

Choc frontal à l’ONU entre Trump et Rohani

Le président américain appelle à isoler « la dictature corrompue » de Téhéran ; son homologue iranien accuse les États-Unis de vouloir « renverser » le régime.

L’Assemblée générale de l’ONU a été hier le théâtre d’une guerre de mots entre le président américain, qui a appelé à isoler le régime de Téhéran, et son homologue iranien, qui l’a accusé de vouloir le renverser. Le président français a, pour sa part, marqué son net désaccord avec son homologue américain, appelant au « dialogue et au multilatéralisme ».

Régime « corrompu » contre « terrorisme économique »: l’Assemblée générale de l’ONU a été hier le théâtre d’un choc frontal entre le président américain Donald Trump, qui a appelé à isoler le régime de Téhéran, et son homologue iranien Hassan Rohani, qui l’a accusé de vouloir le renverser.

Donald Trump a appelé hier à New York tous les pays de la planète à isoler le régime iranien, dénonçant la « dictature corrompue » au pouvoir selon lui à Téhéran. Martelant devant l’Assemblée générale de l’ONU son attachement à la « souveraineté américaine », il s’en est pris tour à tour aux pays de l’OPEP, aux pratiques commerciales de la Chine ou encore à la Cour pénale internationale (CPI) accusée de n’avoir « aucune légitimité ». Mais le locataire de la Maison-Blanche a opté pour un ton moins agressif qu’en 2017.

Dans un contraste saisissant avec sa première allocution, lorsqu’il avait menacé, dans un discours enflammé, de « détruire totalement » la Corée du Nord, il a vanté le dialogue « audacieux » amorcé avec le régime reclus en vue de sa dénucléarisation. Propos longtemps inimaginables dans la bouche d’un président des États-Unis, il est allé jusqu’à louer le « courage » de l’homme fort de Pyongyang, Kim Jong-un, naguère affublé du surnom moqueur de « Rocket Man ».

C’est, sans surprise, au régime de Téhéran qu’il a réservé ses flèches les plus aiguisées. « Nous ne pouvons pas permettre au principal soutien du terrorisme dans le monde de posséder les armes les plus dangereuses de la planète » ou de « menacer l’Amérique » ou Israël, a-t-il martelé. « Nous demandons à toutes les nations d’isoler le régime iranien tant que son agression se poursuit » et « de soutenir le peuple iranien », a-t-il ajouté.

Tout en restant évasive sur sa stratégie à moyen terme, la Maison-Blanche se défend régulièrement de chercher à provoquer un changement de régime dans ce pays, avec lequel les États-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis près de 40 ans.

Quelques heures avant de prendre la parole, M. Trump avait coupé court aux spéculations sur un éventuel tête-à-tête avec le président iranien Hassan Rohani, assurant que ce n’était pas d’actualité. « Peut-être un jour, à l’avenir. Je suis sûr que c’est un homme absolument charmant ! » avait-il tweeté.

Rohani contre-attaque

De son côté, le président iranien a accusé les États-Unis de vouloir « renverser » le régime de Téhéran, malgré leurs propositions de dialoguer, et a qualifié de « terrorisme économique » le rétablissement des sanctions par Washington. Devant l’Assemblée générale annuelle de l’ONU à New York, le président iranien a qualifié d’ « absurde » la position de Donald Trump qui avait appelé le monde à « isoler » le régime iranien.

La sécurité ne peut pas être « le jouet » de la politique intérieure américaine, a martelé Hassan Rohani. « Il est paradoxal que les États-Unis ne cherchent même pas à cacher leur plan visant à renverser le gouvernement même qu’il invite à des pourparlers », a encore déclaré M. Rohani.

Revenant sur le retrait en mai des États-Unis de l’accord laborieusement négocié en 2015 sur le nucléaire iranien, il a rejeté toute idée de négociation bilatérale avec

Washington. « Comment pouvons-nous entamer des pourparlers avec une administration qui se conduit aussi mal ? » a-t-il lancé.

M. Rohani a par ailleurs prévu une conférence de presse aujourd’hui, juste après une réunion inédite du Conseil de sécurité centrée sur l’Iran et présidée par Donald Trump.

Après des échanges d’une rare violence au cours de l’été, lorsque le président américain avait menacé l’Iran de représailles apocalyptiques, l’impasse est totale.

Washington a posé ses conditions – draconiennes – pour un nouvel accord. Téhéran a dénoncé une « longue liste de conditions préalables insultantes ».

Les États-Unis ont provoqué l’ire de leurs partenaires européens en se retirant de l’accord international de 2015 censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, que Donald Trump juge trop laxiste.

Washington a rétabli toutes les sanctions levées après sa signature en 2015, avec un sévère contrecoup pour de nombreuses entreprises européennes, sommées de quitter l’Iran sous peine d’être frappées par des mesures punitives américaines.

Pour Ali Vaez, de l’International Crisis Group, multiplier les mises en garde ne fera pas « revenir les Iraniens à la table des négociations ». « Il est crucial de faire baisser les tensions entre Téhéran et Washington, mais les insultes rendent cette hypothèse moins probable », a-t-il observé.

Macron appelle au dialogue

Marquant son net désaccord avec son homologue américain, le président français Emmanuel Macron a appelé peu après au « dialogue et au multilatéralisme » pour régler la crise iranienne. « Qu’est-ce qui permettra de régler véritablement la situation en Iran ? (...) La loi du plus fort ? La pression d’un seul ? Non ! » a-t-il martelé, appelant à éviter « les postures qui à terme ne manqueraient pas d’être stériles ». « Nous savons que l’Iran était sur la voie du nucléaire militaire, mais qu’est-ce qui l’a stoppé ? L’accord de Vienne de 2015 », a-t-il poursuivi. « Nous devons aujourd’hui, comme je le disais il y a un an, non pas exacerber les tensions régionales, mais proposer un agenda plus large permettant de traiter toutes les préoccupations, nucléaire, balistique, régionale, causées par les politiques iraniennes, mais dans le dialogue et le multilatéralisme », a-t-il insisté. Cette approche doit se faire « sans naïveté ni complaisance, et sans les postures qui à terme ne manqueraient pas d’être stériles », a aussi estimé le président français. Concernant le conflit israélo-palestinien, M. Macron a déclaré que la « loi du plus fort ne fera que renforcer les frustrations et le violences », visant implicitement la décision unilatérale des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État hébreu.

Rires

À la tribune des Nations unies, Donald Trump a une nouvelle fois fait l’éloge du « patriotisme », rejetant « l’idéologie du mondialisme » et promettant de ne jamais abandonner la souveraineté américaine à « une bureaucratie mondiale non élue et irresponsable ». Le président américain a aussi défendu avec force le bien-fondé des guerres commerciales qu’il a engagées sur plusieurs fronts, Chine en tête. Le déséquilibre commercial avec Pékin « ne peut être toléré », a-t-il tonné.

Fait rare dans cette prestigieuse enceinte où se rassemblent tous les ans les 193 États membres de l’ONU, le début de l’allocution du 45e président des États-Unis a été marqué par... quelques rires. Reprenant un argument régulièrement développé sur les estrades de campagne, M. Trump a vanté ses succès économiques et affirmé avoir accompli plus depuis son arrivée au pouvoir que « quasiment tout autre administration » dans l’histoire des États-Unis. Lorsque quelques rires ont fusé, il a interrompu un instant la lecture de son discours sur les téléprompteurs. « Je ne m’attendais pas à cette réaction, mais ça va », a-t-il répondu, amusé.

Source : AFP

Régime « corrompu » contre « terrorisme économique »: l’Assemblée générale de l’ONU a été hier le théâtre d’un choc frontal entre le président américain Donald Trump, qui a appelé à isoler le régime de Téhéran, et son homologue iranien Hassan Rohani, qui l’a accusé de vouloir le renverser.Donald Trump a appelé hier à New York tous les pays de la...

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