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Sport - Reportage

Le bras de fer libanais a trouvé son champion, et son public...

Le temps d’un après-midi, dimanche dernier, la place des Martyrs, à Beyrouth, s’est transformée en arène chauffée à blanc.

Le temps d’un après-midi, dimanche dernier, la place des Martyrs, à Beyrouth, s’est transformée en arène chauffée à blanc. S’y déroulait la 2e édition du championnat libanais de bras de fer… Photo DR

Il est 19h. L’arbitre lève la main. Un vainqueur vient d’être désigné. Un homme est porté en triomphe et plus de 3 000 personnes scandent son nom. La place des Martyrs, au cœur de Beyrouth, s’enflamme, ce dimanche 9 septembre, dans une ambiance digne d’une grande compétition de boxe aux États-Unis. Le Libanais Marc Bassil vient de faire plier le bras de son adversaire, l’Ukrainien Alexey Semerenko, au terme d’un combat très disputé. Au Liban, le bras de fer a clairement trouvé son champion et son public.


Un championnat électrique
Les tribunes sont pleines. Amateurs et curieux se sont donné rendez-vous pour assister à cette 2e édition du championnat libanais de bras de fer. Il est 17h et les premiers combats débutent. Le programme est chargé. Trois catégories doivent se trouver un champion : poids lourds (+90 kg), poids légers (-90 kg) et les femmes, qui ont également droit à leur championnat.

Les matches s’enchaînent à une vitesse folle. Les non-initiés auront du mal à suivre l’avancée de la compétition, mais l’important n’est pas là. Le spectacle est saisissant. Les athlètes arborent fièrement leurs débardeurs blancs floqués à leurs noms. Ils se regardent, se jugent. Pas un sourire sur leurs visages, la concentration est de mise. Pendant ce temps, le « speaker » annonce les combattants et harangue la foule. Les arbitres vérifient si les bras, les poignets et les épaules sont bien placés. Ici, le bras de fer est professionnel, les règles sont strictes et les arbitres vigilants.

La force est telle que les tables ont du mal à rester fixées au sol. Les arbitres sont aussi chargés de les tenir, ce qui n’est pas une mince affaire. Les combats sont généralement très rapides. La partie se joue sur les premières accélérations et les premiers coups de force. Sur les gradins, chaque supporteur a son chouchou. À la fin de la partie, certains crient leur joie et applaudissent, d’autres huent ou restent muets. On se croirait autour d’un ring de boxe. Mais si l’ambiance est électrique, elle reste bon enfant. Finalement, c’est Serena Abou Saleh qui remporte la catégorie féminine, alors que Maroun Ghanem s’impose chez les poids légers et Béchara Sarkis chez les poids lourds.


Le Supermatch tant attendu
Mais l’événement que tout le monde attend, c’est le Supermatch. Deux combattants ukrainiens ont spécialement traversé l’Europe pour venir défier deux stars libanaises du bras de fer, Georges Bejjani dans la catégorie -90 kg et Marc Bassil pour les +90 kg. Des forces de la nature déterminées à venir défendre leurs couleurs.

Un groupe ukrainien de supporteurs a fait le déplacement, mais le pays du Cèdre est évidemment bien mieux représenté dans les tribunes. Cette fois, le public est uni derrière le Liban. Le nom de Georges Bejjani résonne dans les gradins. La partie est serrée, mais l’Ukrainien Vadim Stetsiuk aura raison du bras droit de Bejjani, qui partira tout de même sous les applaudissements.

Pour le dernier match de la soirée, Marc Bassil a donc la pression. Il faut qu’il redonne ses lettres de noblesse au Liban. Une partie accrochée, mais que le Libanais finira par remporter. Marc Bassil peut partir en héros. « Je me suis entraîné plus d’un an pour ce jour. J’avais promis aux 4 millions de Libanais que je gagnerai. Je ne pouvais pas les décevoir. Maintenant, mon objectif, c’est l’Europe et les championnats du monde. » Rendez-vous est donc pris.


Un sport à vocation nationale
Fondée en mars 2017, la Fédération libanaise de bras de fer vient de frapper un grand coup avec cette compétition, mais n’en est qu’à ses balbutiements. « À long terme, ce sport peut devenir l’un des plus suivis au Liban. Ici, il est très populaire. À l’école, à l’université, tout le monde l’a déjà pratiqué. Maintenant, il a sa fédération professionnelle qui va permettre de le lancer sur le devant de la scène », explique son président Karim el-Andary.

Ghayath Dibra, qui a commenté la compétition en direct sur la chaîne télévisée LBCI, salue un succès, mais estime que l’engouement ne va pas s’arrêter là. « Le Supermatch a été un beau moment d’émotion et de rassemblement. Avec les champions que l’on a vus aujourd’hui, on peut être certain que ce sport va évoluer très rapidement », dit-il.

Le public est lui aussi conquis et en demande encore plus. Rima est venue avec son mari et ses trois enfants. « C’est la première fois que je viens voir du bras de fer. C’est mon mari qui m’a dit de venir. Mais, finalement, je ne regrette pas. J’ai trouvé ça incroyable. L’ambiance était exceptionnelle. Je vais continuer à suivre ce sport et je reviendrai à coup sûr l’année prochaine. »

La Fédération libanaise et le bras de fer ont donc de belles années devant eux.


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Il est 19h. L’arbitre lève la main. Un vainqueur vient d’être désigné. Un homme est porté en triomphe et plus de 3 000 personnes scandent son nom. La place des Martyrs, au cœur de Beyrouth, s’enflamme, ce dimanche 9 septembre, dans une ambiance digne d’une grande compétition de boxe aux États-Unis. Le Libanais Marc Bassil vient de faire plier le bras de son adversaire,...

commentaires (1)

Il y a quelques jours j’ai lu dans l’OLJ que les participations à la dernière manifestation au centre-ville de « toulet Rihtekoum » étaient pour la plupart des libanais de passage au Liban et peu de résidents. J’ai pensé à tort que l’asphyxie économique n’encourage pas le public à dépenser pour un déplacement non-prioritaire. Grande erreur d’appréciation de ma part. Le public était là pour un sport qui se distingue par sa laideur et sa décadence. Un sport qui gagne du terrain comme si les bras de fers au niveau politique ne suffisent plus. Nous en avons assez des bras de fer. Faites plutôt une compétition pour la lecture rapide d’une page. Ainsi la population s’entraînera toute l’année en lisant des livres et des livres. À la fin de la guerre l’importation des armes-jouets était interdite afin que les petits ne s’attachent pas à vouloir tirer des balles dès leur plus tendre âge. Je pense que par analogie ce sport doit rester confiner dans des clubs spécialisés. Quelle horreur !

Shou fi

12 h 45, le 16 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • Il y a quelques jours j’ai lu dans l’OLJ que les participations à la dernière manifestation au centre-ville de « toulet Rihtekoum » étaient pour la plupart des libanais de passage au Liban et peu de résidents. J’ai pensé à tort que l’asphyxie économique n’encourage pas le public à dépenser pour un déplacement non-prioritaire. Grande erreur d’appréciation de ma part. Le public était là pour un sport qui se distingue par sa laideur et sa décadence. Un sport qui gagne du terrain comme si les bras de fers au niveau politique ne suffisent plus. Nous en avons assez des bras de fer. Faites plutôt une compétition pour la lecture rapide d’une page. Ainsi la population s’entraînera toute l’année en lisant des livres et des livres. À la fin de la guerre l’importation des armes-jouets était interdite afin que les petits ne s’attachent pas à vouloir tirer des balles dès leur plus tendre âge. Je pense que par analogie ce sport doit rester confiner dans des clubs spécialisés. Quelle horreur !

    Shou fi

    12 h 45, le 16 septembre 2018

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