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Liban - Pédagogie

La robotique, nouvel espoir dans la Békaa pour les réfugiés

À Taalbaya, l’ONG MAPs donne des cours d’été aux réfugiés de la Békaa. Les livres restent au placard, au profit des nouvelles technologies et surtout... des robots.


Les étudiants présentent leur création devant un jury. Photo : Maps

Devant son ordinateur, pendant un cours de design graphique, Yamane Deni fixe attentivement le petit écran. Cette étudiante syrienne, originaire de Damas, est récemment arrivée dans la vallée de la Békaa. Elle écrit des scénarios et réalise des courts-métrages pour se former. « Je veux montrer les héros qu’on ne voit pas », dit-elle en résumant son prochain film.

Multi Aid Programs (ou MAPs), une ONG établie dans la région, a pour ambition de changer l’éducation des réfugiés. Développement informatique, techniques de dessin, cours de musique traditionnelle, physique et mécanique sont enseignés à Taalbaya, aux abords de Chtaura.

Le projet MAPs, créé en 2013 par trois Syriens, s’est développé avec neuf écoles dans des camps de réfugiés et éduque à présent 3 500 enfants syriens, palestiniens et libanais à travers le Liban. L’ONG a ouvert aussi trois cliniques, où les réfugiés et les citoyens peuvent se faire soigner à moindre coût. Les professeurs et médecins sont en majorité des réfugiés syriens diplômés.

Yamen Najjar est le coordinateur et directeur des programmes éducatifs à MAPs. Son objectif : « Changer les techniques d’apprentissage en misant sur la pensée logique, pratique et les nouvelles technologies, plutôt que d’avoir recours à une éducation traditionnelle peu pédagogique. » Pendant les trois mois d’été, les locaux sont consacrés à des classes de saison, auxquelles plus d’une centaine d’étudiants assistent.


Les robots, de la Békaa aux États-Unis

Dans des salles situées près de celle où Yamane Deni travaille, des enfants apprennent à fabriquer des robots et à les commander en développant des programmes informatiques. Une immense fierté pour l’ONG, puisque son club de robotique a remporté de nombreux trophées internationaux. Osama Shéhadeh est en charge de l’équipe. Originaire de Damas où il travaillait dans des usines en tant qu’ingénieur robotique, le jeune professeur revient tout juste de Mexico avec ses élèves. Ensemble, ils y ont remporté une médaille du courage. Avec fierté et passion, il explique les dizaines de photos de compétitions exposées dans un couloir.

L’an dernier, l’équipe « Espoir de la Syrie » a remporté un concours de robotique à Washington. Cette année, elle a décroché la médaille « Inspiration » à la compétition internationale VEX dans le Kentucky, parmi 600 équipes participantes.

« Quand on participe à des événements internationaux, les réfugiés se rendent compte qu’ils valent autant que des étudiants allemands ou américains des plus grandes universités mondiales », se félicite Osama. En 2016, son équipe a même rencontré l’ex-président américain Barack Obama à la Maison-Blanche, après leur première victoire dans le Kentucky.

Amad et Sarah sont frère et sœur de 14 et 16 ans, et vivent dans les camps de la Békaa. Ils sont arrivés il y a un mois de Damas et travaillent déjà sur leurs premiers robots. « On s’amuse beaucoup, dit Amad, sous l’œil attentif d’Osama. La plupart vivent dans les camps l’été, et la robotique, c’est nouveau pour eux. Ils aiment le mouvement et le fait de mettre un peu de vie dans quelque chose qui est vide et inactif. »

« On ressent ce que les étudiants et étudiantes ressentent. Quand ils réussissent, on partage la même fierté », explique Yamen Najjar, avant d’ajouter que l’intérêt de ces nouveaux modes d’apprentissage se dévoilera quand la reconstruction de la Syrie sera bien entamée.


« La vie dans les camps ne se prête pas à l’informatique »

Jawad Kaisania est étudiant en informatique et profite de l’été pour donner des cours aux plus jeunes : « Certains d’entre eux ne se sont jamais approchés d’un clavier, la vie dans les camps ne s’y prête pas. » Jawad leur enseigne comment développer des applications mobiles et les bases des langages de programmation. « Je veux leur donner les outils pour construire leurs idées plus tard », souligne-t-il. Quelques salles plus loin, son collègue Mohammad Ikbal Edress enseigne le design graphique et les techniques de dessin artistique et architectural aux étudiants. Le jeune professeur est originaire de Homs, comme certains de ses étudiants. « Leurs œuvres étaient exposées et vendues aux États-Unis, au Qatar et en Europe », affirme-t-il fièrement.

L’une de ses étudiantes les plus brillantes, Mariam, travaille maintenant en tant que designer graphique dans une imprimerie à quelques mètres de l’école. « Ses parents sont en Allemagne et il est impossible pour elle de les rejoindre, indique l’enseignant. Du fait qu’elle a 18 ans passés, personne ne veut lui donner de visa. Elle s’est donc installée au Liban, mais elle était triste et discrète. » Grâce au dessin, Mariam a trouvé une passion et un avenir dans la région. Comme pour chaque enseignant syrien présent dans les établissements de MAPs, « mon succès personnel est de pouvoir changer des vies », explique Mohammad.

Un succès qui se transforme, avec MAPs, en réussite collective. Chaque professeur a une « success story » en tête, celle d’un étudiant qui gagne maintenant sa vie au Liban en tant qu’ingénieur ou celle d’un autre parti à Harvard. Des exemples précieux, alors qu’environ 300 000 enfants syriens ne sont pas scolarisés au Liban. Sur le million de réfugiés syriens dans le pays, les plus jeunes sont souvent exposés au travail infantile, une pratique courante dans certaines régions périphériques.

Devant son ordinateur, pendant un cours de design graphique, Yamane Deni fixe attentivement le petit écran. Cette étudiante syrienne, originaire de Damas, est récemment arrivée dans la vallée de la Békaa. Elle écrit des scénarios et réalise des courts-métrages pour se former. « Je veux montrer les héros qu’on ne voit pas », dit-elle en résumant son prochain film. Multi...

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