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Sport - Coupe Davis

Le tennis enterre sa Vieille Dame

« Une partie de l’histoire de notre sport (s’est) envolée pour une poignée de dollars... »

Le saladier d’argent, trophée récompensant le vainqueur de la Coupe Davis. La Vieille Dame, âgée de 118 ans, vient de subir l’ultime outrage de la part de ceux censés veiller à sa bonne tenue. Philippe Huguen/AFP

Elle avait subi beaucoup de retouches, mais a vécu en Floride le plus radical des liftings, le pire des outrages selon ses amoureux. De la Coupe Davis, vieille de 118 ans, ne devrait plus rester que le nom (et encore !) après l’approbation par les instances mondiales du tennis du projet entérinant sa réforme.
Il n’y a eu que peu de suspense à Orlando. Ardemment soutenue par David Haggerty, président d’une Fédération internationale (ITF) assurée de tenir là une manne financière, la nouvelle formule a été adoptée à 71,43 % des voix par l’assemblée générale de l’ITF, soit largement plus que la majorité des deux tiers requise. Exit l’habituelle compétition étalée sur quatre week-ends de trois jours, place à une phase finale raccourcie regroupant 18 équipes, disputée sur terrain neutre sur une semaine en novembre, pour clôturer la saison.
« Même Cincinnati pleure cette décision ridicule », a réagi sur Twitter, depuis le tournoi américain, Nicolas Mahut, l’un des plus ardents défenseurs de la tradition avec Yannick Noah, capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis. « Les 12 voix de la France ont fait très mal. Décision très difficile à assumer en tant que Français. La CD est morte et une partie de l’histoire de notre sport envolée pour une poignée de dollars », a-t-il aussi tweeté. La Fédération française de tennis (FFT) a, en effet, en dépit de l’opposition d’une majorité de ses joueurs, rejoint les partisans de l’enterrement de première classe d’une compétition jugée obsolète, dispersée dans le temps et l’espace, et qui n’attirait plus ces dernières décennies les meilleurs joueurs mondiaux.
Aux côtés des États-Unis, de l’Espagne, de l’Italie et de l’Argentine, mais contre l’Australie et la Grande-Bretagne, la FFT a milité pour ce qui s’apparente plus à une révolution qu’à une réforme : la Coupe Davis new-look sera ainsi disputée à partir de novembre 2019 sur une seule semaine, sur le modèle de l’ex-World Team Cup que l’ATP souhaite relancer en janvier 2020. De quoi ajouter à l’amertume des endeuillés de la Vieille Dame qui craignent un téléscopage du calendrier. Qu’un tour de qualification pour les équipes les moins huppées soit disputé dans les mois précédents, sur le modèle historique, n’atténuera pas leur peine. Cette concession a été ajoutée par l’ITF pour contrer le tollé suscité par son projet.
La nouvelle compétition sera richement dotée. Bien plus que l’épreuve, imaginée à l’orée du XXe siècle par Dwight Davis, ne l’était ces derniers temps. Un partenariat avec le groupe Kosmos, présidé par le footballeur Gerard Piqué, garantit ainsi trois milliards de dollars sur 25 ans à l’ITF, 20 millions de dollars chaque année aux joueurs et plus encore (22 millions de dollars) aux fédérations. D’où la satisfaction de David Haggerty après l’adoption d’un « plan-clé pour que l’ITF et ses membres assurent un futur brillant à leur sport ». Désormais, « le prize money de la Coupe Davis sera du même niveau que celui du grand chelem, ce qui va être un élément d’attraction » pour les meilleurs joueurs.
La Coupe Davis se relèvera-t-elle de l’ouragan d’Orlando ? Certains, à l’image de la Fédération australienne, en doutent fortement. Elle s’est déclarée « extrêmement déçue de ces changements radicaux (…) qui enlèvent beaucoup de ce qui rendait la Coupe Davis unique et si spéciale ». Pour l’équipe tchèque, qui avait soulevé le saladier d’argent en 2012 et 2013, « aujourd’hui est un jour noir pour la Coupe Davis. Elle a perdu une partie de son histoire et ne sera plus jamais la même ». Depuis 1900, année de sa naissance, les légères modifications successives, hérétiques aux yeux des puristes, n’avaient jamais vraiment dénaturé un esprit Coupe Davis qui pourrait bien, cette fois, avoir subi le coup de grâce.
« Je boycotterai cette exhibition », avait plaisanté le joueur français Lucas Pouille en prenant connaissance du projet de l’ITF. Mais aujourd’hui, plus personne ne rigole !

Source : AFP

Elle avait subi beaucoup de retouches, mais a vécu en Floride le plus radical des liftings, le pire des outrages selon ses amoureux. De la Coupe Davis, vieille de 118 ans, ne devrait plus rester que le nom (et encore !) après l’approbation par les instances mondiales du tennis du projet entérinant sa réforme.Il n’y a eu que peu de suspense à Orlando. Ardemment soutenue par David...

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