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Moyen Orient et Monde - Syrie

Premières discussions à Damas entre régime et Kurdes soutenues par Washington

Photo d'archives montrant des combattants kurdes lors de l'assaut donné contre l'EI à Raqqa en 2017. Reuters/Goran Tomasevic/File Photo

Une coalition arabo-kurde soutenue par Washington a examiné hier à Damas avec le régime de Bachar el-Assad l’avenir des vastes régions sous contrôle kurde, les premières discussions du genre dans le pays en guerre. Le régime, qui multiplie les victoires sur le terrain face aux rebelles et jihadistes grâce à l’appui de l’allié russe, a très rarement combattu la minorité kurde qui a adopté une position de « neutralité » envers le pouvoir et la rébellion dans le conflit.
Longtemps opprimés par le pouvoir, les Kurdes ont instauré une autonomie de facto dans leurs régions du Nord et du Nord-Est après le retrait des forces syriennes au début du conflit en 2011, soit aujourd’hui 30 % du territoire morcelé selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Et le régime voit d’un mauvais œil cette autonomie.
Les Kurdes ont leurs propres forces de police et écoles où est enseignée la langue kurde. Pendant le conflit, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont été créées avant de devenir le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste État islamique et d’avoir le soutien de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.
C’est le bras politique des FDS, le Conseil démocratique syrien, qui a dépêché à Damas des représentants pour des pourparlers avec le régime, deux mois après que M. Assad a menacé de recourir à la force pour reconquérir les territoires kurdes.
La délégation formée de responsables politiques et militaires de haut rang « effectue pour la première fois une visite officielle à Damas, à l’invitation du gouvernement », a indiqué le coprésident du Conseil, Riad Darar. « Nous œuvrons en faveur d’une solution concernant le Nord syrien », a-t-il ajouté, en espérant des discussions « positives » et en insistant sur l’absence de toute « condition préalable aux négociations ».

Droits culturels
En menant ces négociations, les Kurdes chercheraient à préserver au maximum leurs acquis et éviter un conflit avec le régime qui, fort de l’appui militaire de la Russie et de l’Iran, a réussi à reconquérir plus de 60 % du pays après des offensives dévastatrices contre rebelles et jihadistes.
Omar Oussi, un député kurde au Parlement syrien à Damas, a confirmé l’arrivée jeudi de la délégation kurde dans la capitale. Les pourparlers pourraient porter sur le fait de « faciliter l’entrée de l’armée dans les territoires à majorité kurde à l’est de l’Euphrate et le retour des institutions étatiques », a-t-il dit en allusion à toutes les régions contrôlées par les Kurdes. En échange, une « reconnaissance par la Constitution des droits culturels » de cette minorité.
Fin mai, M. Assad, qui a régulièrement fustigé l’appui américain aux combattants kurdes, avait fait planer la menace d’une offensive contre les FDS, sans exclure toutefois la tenue de négociations. « Nous avons d’abord ouvert la voie à des négociations car la majorité des membres (des FDS) sont des Syriens. Si cela ne marche pas, nous allons libérer nos territoires par la force. Nous n’avons pas d’autre choix », avait-il averti. Peu après, le Conseil démocratique syrien avait indiqué qu’il était prêt à engager « des pourparlers sans conditions » avec le régime. Mi-juillet, il a dit étudier la création d’une entité pour représenter les territoires autonomes kurdes dans cette optique et a rencontré des membres de l’opposition tolérée par Damas.

Hostilité turque
Dans le Nord et le Nord-Est, aux frontières avec la Turquie et l’Irak, la communauté kurde contrôle de vastes pans de territoires à cheval sur les provinces de Raqqa et d’Alep, mais aussi Deir ez-Zor et Hassaké. D’importants champs pétrolifères s’y trouvent. En 2016, ils ont proclamé une « région fédérale », une administration qui gère les territoires sous contrôle des Kurdes qui représentent 15 % de la population.
La milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) constitue la colonne vertébrale des FDS qui ont chassé en 2017, avec l’appui des États-Unis, l’EI de la ville de Raqqa, « capitale » en Syrie du groupe jihadiste.
Le voisin turc, hostile aux factions kurdes, a poussé les YPG à évacuer la ville de Manbij, près de la frontière turque, après avoir menacé de la prendre d’assaut. En mars déjà, l’armée turque et des supplétifs syriens avaient conquis l’enclave kurde d’Afrine (Nord-Ouest).
Sur un autre plan, le chef de l’opposition syrienne en exil, Nasr el-Hariri, s’est dit favorable à une relance des négociations avec le régime sous l’égide de l’ONU pour un règlement du conflit. « Militairement, les pertes de l’opposition sont significatives », a reconnu le chef du Comité des négociations syriennes (CNS), qui représente les principaux groupes d’opposition. M. Hariri, négociateur en chef de l’opposition, a néanmoins estimé dans un entretien avec l’AFP hier que la rébellion n’avait « pas perdu la guerre », même si le régime avec l’aide de l’allié russe a infligé d’importants revers aux insurgés.
Source : AFP

Une coalition arabo-kurde soutenue par Washington a examiné hier à Damas avec le régime de Bachar el-Assad l’avenir des vastes régions sous contrôle kurde, les premières discussions du genre dans le pays en guerre. Le régime, qui multiplie les victoires sur le terrain face aux rebelles et jihadistes grâce à l’appui de l’allié russe, a très rarement combattu la minorité kurde qui...

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