Compteurs personnels : Khoury et les propriétaires de générateurs toujours divisés

Le ministre sortant de l’Économie et du Commerce, Raëd Khoury, peine encore à obliger les propriétaires de générateurs privés à installer des compteurs personnels chez leurs abonnés à qui ils fournissent de l’électricité pendant les pannes. Cette mesure doit permettre aux utilisateurs d’être facturés en fonction de leur consommation de courant auprès de ces exploitants en principe illégaux mais qui pallient, par la force des choses, les carences d’Électricité du Liban (EDL). L’établissement public qui détient le monopole de la production d’électricité dans le pays depuis les années 1960 produit en effet moins de 2 000 mégawatts (MW), pour une demande qui peut dépasser les 3 000 MW, notamment pendant l’été.

« Coopération » de l’abonné
Le ministre, qui s’était déjà plaint en début de semaine du non-respect de l’obligation d’installer des compteurs, a publié hier deux décisions liées à sa mise en œuvre.
La première confirme l’obligation imposée aux propriétaires de générateurs d’installer, à leurs frais et avant fin septembre, des compteurs « électromécaniques » conformes aux normes fixées par EDL (et dont les détails sont en principe publiés sur le site du ministère). Il ajoute que l’abonné devra « coopérer » avec les propriétaires de générateurs pour faciliter l’installation des compteurs. Il pourra également, si les circonstances l’imposent, financer l’achat lui-même, imposant en parallèle au propriétaire du générateur de déduire le prix du compteur payé des factures à venir.
Lorsque les compteurs seront installés, les abonnés devront désormais être facturés au kilowattheure selon des tarifs fixés chaque mois par le ministère de l’Énergie et de l’Eau, avec un plancher évoluant en fonction de la puissance délivrée, en ampères (A). Cette nouvelle tarification doit à terme remplacer les forfaits actuels dont le prix de base pour chaque tranche de 5A est calculé chaque mois en fonction des prix du carburant et du nombre d’heures de pannes. Le ministre a en outre appelé les usagers à rapporter toute violation à la Direction de la protection du consommateur (DPC), joignable au 1739 ou via l’application mobile « Consumer Protection Lebanon ».
Le ministère a également appelé les fournisseurs concernés à importer suffisamment de compteurs – dont le prix des différents modèles standard évoluent autour de 20 dollars, selon une source au ministère – pour permettre d’équiper l’ensemble des abonnés. S’il n’existe aucun recensement officiel s’agissant de ces derniers, 1,5 million de foyers sont abonnés à EDL.
Mais l’insistance du ministre à imposer cette mesure, qu’il avait déjà tenté de mettre en œuvre une première fois l’été dernier avant de devoir jeter l’éponge, se heurte cette année encore au refus des propriétaires de générateurs de l’appliquer, du moins dans sa forme actuelle. Un propriétaire de générateur interrogé par L’Orient-Le Jour indique que les exploitants contestent le fait qu’ils doivent eux-mêmes payer les compteurs et invoquent, comme il y a un an, les « difficultés techniques » liées à leur installation chez tous les abonnés. Il affirme également que les propriétaires de générateurs jugent les tarifs imposés par le ministère de l’Énergie trop bas (le dernier bulletin table sur une base de près de 66 dollars pour un mois à 5A) et se plaignent de se retrouver obligés de recruter du personnel pour effectuer les relevés de compteur.
En l’absence de consensus sur ces questions, la possibilité existe que les pouvoirs publics se retrouvent une nouvelle fois obligés de faire marche arrière face à des propriétaires de générateurs bien organisés à défaut d’être toujours de bonne foi. En septembre dernier, plusieurs centaines d’entre eux s’étaient rassemblés à Dbayé pour faire reculer le ministère, une mobilisation qui avait finalement eu raison de la détermination de M. Khoury.