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Lifestyle - Disparition

Philip Roth, l’ami américain « très spécial » de la France

L’écrivain, géant de la littérature contemporaine, est décédé à 85 ans.

L’écrivain américain Philip Roth, le 2 mars 2011. Régulièrement donné favori pour le Nobel de littérature, le prix lui a toujours échappé. Son style acéré et sarcastique aura marqué plusieurs générations de lecteurs. Jim Watson/AFP

L’écrivain américain Philip Roth, auteur d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels plusieurs monuments de la littérature contemporaine, est mort mardi à 85 ans. Andrew Wylie, l’agent littéraire de Philip Roth, a confirmé les informations du New Yorker et du New York Times annonçant son décès. Selon lui, l’écrivain est mort d’insuffisance cardiaque congestive. « C’était un homme de vérité », a déclaré une amie de l’écrivain, Judith Thurman, « en état de choc ».
L’écrivain avait noué avec la France, qui lui était étrangère, une relation spéciale, lui qui y fut abondamment commenté, reconnu très tôt et presque plus apprécié qu’aux États-Unis. Cette relation a été couronnée par un honneur rare : son entrée, de son vivant à 84 ans, dans la prestigieuse collection de la Pléiade, chez l’éditeur Gallimard. « Je semble avoir rencontré un lectorat considérable en France et une relation étroite avec mes lecteurs français, bien que je ne puisse dire exactement pourquoi », commentait-il, interrogé par le Washington Post sur cette distinction. « Philip Roth n’a guère vécu en France, ne lit de littérature française que traduite et n’a jamais pris comme décor de ses romans Paris, la province cliché du flâneur urbain et du spleen existentiel », s’amusait le quotidien américain.
Observateur lucide de la société américaine et de ses travers, Philip Roth, petit-fils d’immigrés juifs d’Europe de l’Est, était né le 19 mars 1933 dans un quartier juif de Newark, dans le New Jersey. Après avoir publié 31 ouvrages et deux ans après son dernier roman, Nemesis, ce géant de la littérature moderne avait annoncé en 2012 qu’il cessait d’écrire. Ses œuvres – récits provocateurs des mœurs de la petite bourgeoisie juive américaine, satires politiques, réflexions sur le poids de l’histoire ou sur le vieillissement – sont presque toujours entre autobiographie et fiction.

Le Nobel ? Un gag
Régulièrement donné favori pour le Nobel de littérature, le prix lui a toujours échappé. « C’était devenu un gag pour lui », selon la journaliste française Josyane Savigneau, qui lui rendait souvent visite. Il avait obtenu de multiples autres récompenses : le Pulitzer en 1998 pour Pastorale américaine, le National Book Award en 1960 pour Goodbye, Columbus et en 1995 pour Le Théâtre de Sabbath. Quant à son entrée dans la Pléiade, « il était vraiment content », assure Josyane Savigneau.
C’est Portnoy et son complexe qui l’a révélé au grand public en 1969. Le livre fait scandale pour ses descriptions sexuelles très crues et sa façon d’aborder la judaïté. Ces deux thèmes resteront très présents dans la majeure partie de son œuvre. Il sera plusieurs fois publiquement critiqué par des figures du judaïsme pour ses écrits sur la judaïté. « Je n’écris pas en tant que juif, j’écris en tant qu’Américain », disait-il. Il est notamment l’auteur de La Tache (2000), qui dénonce une Amérique puritaine et renfermée sur elle-même, ou Pastorale américaine (1997), sur les ravages de la guerre du Vietnam dans la conscience nationale.
Peu attiré par les mondanités et les interviews, c’était un observateur avisé de la vie politique américaine. Le complot contre l’Amérique (2004) imaginait le destin d’une famille juive de Newark si les États-Unis avaient élu l’aviateur Charles Lindbergh, aux sympathies pronazies, plutôt que de réélire Franklin D. Roosevelt en 1940. Beaucoup y ont vu des correspondances avec l’élection de Donald Trump, mais Philip Roth était sorti de sa retraite fin janvier pour balayer toute analogie, écrivant au New Yorker que Charles Lindbergh était « un grand héros » tandis que Donald Trump utilise « un vocabulaire de 77 morts ».
Son style acéré et sarcastique aura marqué plusieurs générations de lecteurs, ainsi que sa propension à mêler fiction et réalité, appuyant beaucoup de ses romans sur sa propre expérience. Il évoquait ainsi régulièrement dans ses livres le quartier de Weequahic, à Newark, où il a grandi, avant que des émeutes raciales en 1967 ne transforment radicalement la ville, vidée d’une bonne partie de ses habitants blancs. Selon Judith Thurman, après avoir arrêté d’écrire, Philip Roth passait son temps libre à lire, nager et rencontrer des amis. Sans enfant, il partageait sa vie entre le quartier de Manhattan, à New York, et le Connecticut.

Source : AFP

L’écrivain américain Philip Roth, auteur d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels plusieurs monuments de la littérature contemporaine, est mort mardi à 85 ans. Andrew Wylie, l’agent littéraire de Philip Roth, a confirmé les informations du New Yorker et du New York Times annonçant son décès. Selon lui, l’écrivain est mort d’insuffisance cardiaque congestive....

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