Les élections législatives qui approchent continuent d’être au centre des entretiens du chef de l’Église maronite, au siège patriarcal de Bkerké. C’est ainsi que le patriarche Raï a reçu hier Taymour Walid Joumblatt, l’ancien ministre Élias Murr, Juan Hobeiche, président de la municipalité de Jounieh et de la Fédération des municipalités de Ftouh-Kesrouan, et l’ancien ministre Fayez Ghosn. M. Murr a déclaré, à sa sortie du siège patriarcal, être venu solliciter son parrainage pour l’inauguration, en novembre prochain, d’un centre régional de « Fondation Interpol pour un monde plus sûr », un organe d’Interpol dont il a été nommé secrétaire en 2013, pour un mandat de sept ans. Le siège du bureau régional de la fondation sera au Metn et son existence devrait contribuer à la création de 450 nouveaux emplois, principalement destinés aux agents de sécurité et aux magistrats, qu’ils soient en exercice ou retraités, a précisé l’ancien ministre. L’institution fonctionnera « indépendamment de toute polarisation confessionnelle. Au contraire, elle pourrait servir d’enseigne au rapprochement islamo-chrétien », a-t-il ajouté. Par ailleurs, M. Murr a fait part au patriarche de son inquiétude pour le manque d’unité dont les chefs politiques chrétiens font preuve, face au scrutin qui approche, par opposition à la cohésion de certaines autres communautés. « Ce qui me dégoûte, a-t-il dit avec amertume, c’est l’incitation à la trahison entre frères que cette loi induit, au sein d’une même liste électorale. » « Certes, a repris l’ancien ministre, elle introduit la proportionnelle au niveau national et répond ainsi aux aspirations de ceux qui souhaitaient une loi plus représentative, mais les électeurs n’aspiraient certainement pas à une loi qui leur enseignerait l’art de la trahison. »
M. Murr a par ailleurs énergiquement dénoncé le rôle joué, selon lui, à large échelle, par le billet vert. Il a déploré les enchères aux voix « qui se tiennent en ce moment et s’est dit en plein accord avec le chef de l’État qui, dans son récent message, a exhorté les électeurs à s’interdire de vendre leurs voix ». À condition que cette règle « commence à être appliquée dans son propre camp », a-t-il ajouté.
Selon lui, les chrétiens du Liban sortiront « meurtris et marginalisés » à l’issue du scrutin du 6 mai, « qui va favoriser l’arrivée d’une classe politique qui marginalisera toutes les communautés non soudées, à commencer par les chrétiens ».
Après avoir souligné, citant un constitutionnaliste international qu’il n’a pas nommé, que « la loi adoptée n’a cours nulle part ailleurs dans le monde », M. Murr a résolument déclaré qu’elle « n’aurait jamais dû être adoptée » et qu’elle devrait être remplacée au plus tôt.
Taymour Joumblatt déplore la surenchère confessionnelle
Accompagné du député Waël Bou Faour, M. Joumblatt a saisi l’occasion de sa présence à Bkerké pour rencontrer également le patriarche émérite Nasrallah Sfeir, auquel il a rendu hommage comme « une figure nationale et historique », et un acteur essentiel, avec Walid Joumblatt, de la « réconciliation » dans la Montagne après la guerre civile.
Commentant sa visite pour les journalistes présents, Taymour
Joumblatt a regretté « la surenchère confessionnelle de certains, et même d’un seul », dans une allusion au chef du CPL, Gebran Bassil.
Liban - Législatives 2018 - Communautés
Élias Murr dénonce, depuis Bkerké, la dispersion des rangs chrétiens
« Ce qui me dégoûte, c’est l’incitation à la trahison entre frères que cette loi induit, au sein d’une même liste électorale », affirme l’ancien ministre.
OLJ / le 27 avril 2018 à 00h00
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