L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a mis en garde mardi contre un désastre humanitaire à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, la dernière province du pays à échapper presque entièrement au régime de Damas.

"Nous étions et sommes toujours préoccupés d'un point de vue humanitaire par Idleb. Parce qu'Idleb est le nouveau grand défi : 2,5 millions de personnes", a rappelé M. de Mistura lors d'une conférence de presse conjointe avec la représentante de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini.
"Et on ne peut évidemment pas croire qu'elles sont toutes des terroristes. Il y a des femmes, des enfants, des civils", a souligné le responsable onusien, lors d'une conférence internationale de donateurs sur l'avenir de la Syrie à Bruxelles.

La province d'Idleb, frontalière de la Turquie, où vivent plus de 2,5 millions de personnes dont une moitié de déplacés, est en partie contrôlée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, où prédomine l'ex-branche syrienne d'el-Qaëda.

De nombreux rebelles et leurs familles récemment évacués de la poche insurgée dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, sont partis dans cette province.

M. de Mistura a souhaité qu'"Idleb ne devienne pas le nouvel Alep, la nouvelle Ghouta orientale, parce que les dimensions sont complètement différentes" du fait de la taille de cette province.

La conférence des donateurs de Bruxelles a également pour objectif d'encourager la relance des négociations politiques à Genève conduites sous l'égide de l'ONU, jusqu'à présent infructueuses.

Mme Mogherini et l'émissaire de l'ONU ont appelé la Russie, l'Iran et la Turquie - impliqués de leur côté dans le processus de pourparlers d'Astana - à faire davantage pour parvenir à un cessez-le-feu en Syrie.
"Le message principal est que la Syrie n'est pas un échiquier, ce n'est pas un jeu géopolitique", a plaidé Mme Mogherini.

Déclenché en 2011 avec la répression par le régime de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.