Démission d'un élu allemand d'extrême droite ayant insulté les Turcs

Un élu d'extrême droite allemand a démissionné jeudi de fonctions dirigeantes au sein du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) après avoir qualifié les Turcs de "marchands de cumin" et de "chameliers", scandalisant le pays. 

André Poggenburg, 42 ans, va abandonner fin mars la présidence du groupe AfD au Parlement de l'Etat régional de Saxe-Anhalt ainsi que la direction du parti dans ce Land d'ex-RDA où la formation d'extrême droite, islamophobe et anti-immigrés, est particulièrement bien implantée, a-t-il annoncé dans un communiqué. Il va en revanche continuer à siéger en tant qu'élu.
Il a indiqué avoir choisi de démissionner afin de faire retomber "l'énorme pression", notamment "médiatique", qui s'est abattue sur le groupe parlementaire et le parti après ses propos tenus le 15 février lors d'une réunion politique publique et qui visaient les Turcs d'Allemagne. Il les avait alors qualifiés de "marchands de cumin" et avaient invité "ces chameliers" à "retourner d'où ils viennent". 

Ces propos avaient suscité un tollé en Allemagne. Deux associations turques avaient porté plainte pour "incitation à la haine raciale". M. Poggenburg avait plaidé à l'époque la "satire politique". Son dérapage avait été critiqué jusque dans son propre parti: lors d'un vote interne, les élus du groupe parlementaire de Saxe-Anhalt ont ainsi tranché en faveur de sa démission, selon des médias allemands. 

L'AfD, qui surfe sur les craintes dans l'opinion liées à l'afflux de réfugiés de 2015-2016, a fait une entrée fracassante après les législatives de septembre à la chambre des députés, où elle compte 92 élus. Ses membres sont coutumiers des dérapages verbaux sur l'islam et les musulmans, mais aussi sur les crimes nazis. 

Dernier scandale en date : la visite ces jours-ci à Damas d'une délégation de quatre députés et deux élus régionaux AfD, reçus notamment par le mufti de Syrie Ahmad Badredine Hassoun, qui apparaît régulièrement au côté du président syrien Bachar el-Assad. Les élus dressent depuis un portrait radieux de la Syrie dans leurs publications afin de porter le message que les centaines de milliers de Syriens, vivant selon eux au crochet de la société allemande, peuvent désormais rentrer chez eux pour reconstruire leur pays.