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Culture - Vient de paraître

La veuve, la bonne, le bâtard et la handicapée...

Dans son dernier roman, « La minette de Sikirida » (coéditions Sindbad / Actes Sud et L’Orient des livres), Rachid el-Daïf rend hommage au courage et à l’indépendance d’esprit des femmes, briseuses de tabous.

Sikirida n’est pas une femme vénale. Elle a juste un tempérament de feu. Quand le désir embrase son corps, elle s’y soumet simplement, naturellement, en s’accommodant du premier venu… Cette Éthiopienne catholique de 25 ans est l’employée de maison d’Adiba, une Libanaise, septuagénaire, veuve et pieuse musulmane. Entre les deux femmes si différentes, la cohabitation, dans un Beyrouth en temps de guerre, va révéler une complicité silencieuse. Lorsque Sikirida se retrouve enceinte d’un inconnu, Adiba ne la mettra pas dans le premier avion à destination d’Addis-Abeba, comme le lui conseillent ses proches, mais s’efforcera de lui trouver un mari temporaire pour éviter le scandale. Elle la gardera à son service et prendra sous son aile le nouveau-né, Radwan. Ce dernier, en dépit de l’affection profonde que lui voue Adiba, grandira perturbé par les railleries de ses camarades qui le surnomment « le fils des Vingt » … Dans ce même quartier de la banlieue sud de la capitale, où la violence guerrière a attisé le machisme des hommes, vivent également Amal, une jeune fille handicapée, et sa mère, toutes les deux abandonnées par un père et un mari indigne. 

Leurs destins vont se croiser, révélant des personnalités féminines surprenantes, émancipées, voire insoumises. 


Tolérance

Dans La minette de Sikirida (traduction française de Hirrat Sikirida), comme souvent dans les romans « aux propos modernes » de Rachid el-Daïf, les femmes sont des briseuses de tabous. Elles bravent les interdits et jouissent d’une liberté d’autant plus inattendue qu’elle se manifeste au sein d’un milieu au conservatisme sclérosé. 

Et cette liberté assumée n’est que l’expression d’une force de vie, d’une ouverture d’esprit plus développée chez elles que chez les hommes. Une émancipation qui se traduit, aussi, dans leur rapport à la religion nettement plus équilibré et serein. Et qui s’exprime aussi bien dans l’altruisme dont fait preuve Adiba vis-à-vis de son employée de maison et du fils de celle-ci, que dans la tolérance de la mère d’Amal confrontée à la grossesse extraconjugale de sa fille. 

Fidèle à son style narratif d’une simplicité non dénuée d’ironie, Rachid el-Daïf dénonce, encore une fois dans ce roman, les clichés relatifs à l’image de la femme arabe, soumise et mutique. Et s’il livre, à travers les tribulations d’une employée de maison, d’une veuve, d’une jeune fille handicapée et d’un garçon de père inconnu, une mordante analyse de la condition féminine en pays d’Orient, il n’en croque pas moins des portraits de femmes inspirantes. Autant par leur force, leur générosité et leur solidarité, que par leur pratique religieuse empreinte de tolérance et d’humanité…

* « La minette de Sikirida » de Rachid el-Daïf, coéditions Sindbad/ Actes Sud et L’Orient des livres


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