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Liban - Numérique

Quand le Hezbollah fait de sa guerre un jeu...

Le parti a présenté, hier, « al-Defaa al-Moukaddass », un jeu développé par ses soins mettant en scène la lutte contre l’État islamique.

Dans Al-Defaa al-Moukaddass, un jeu vidéo développé par le Hezbollah, le joueur affronte, au Liban et en Syrie, les jihadistes du groupe Etat islamique. Photo Philippe Pernot

Une fois n’est pas coutume, le Hezbollah fait parler de lui, cette semaine, non pas pour des faits d’armes ou autres menaces adressées à ses ennemis historiques, mais pour un jeu vidéo. Hier, le parti chiite présentait al-Defaa al-Moukaddass (La défense sacrée), un jeu vidéo de tir à la première personne (FPS, pour First Person Shooter) entièrement développé et commercialisé par ses soins, dans le cadre duquel des combattants chiites affrontent les jihadistes du groupe État islamique.
La sortie de ce titre pour PC, distribué depuis mardi au Liban (en format DVD uniquement), a été annoncée en grande pompe hier lors d’une conférence de presse organisée à l’hôtel-restaurant al-Saha situé sur l’ancienne route de l’aéroport à Beyrouth, en présence du ministre (Hezbollah) de la Jeunesse et des Sports, Mohammad Fneich, qui a notamment évoqué la « fierté » inspirée par ce projet.
Selon ses créateurs, al-Defaa al-Moukaddass (Défense sacrée – Protéger la patrie et les sanctuaires religieux) est une « simulation » dans laquelle le joueur incarne Ahmad, un jeune chiite contraint, suite à une attaque terroriste, de prendre les armes pour combattre les troupes du groupe État islamique (« l’invasion takfiriste ») aux côtés de la milice chiite. Avec un objectif, faire échouer le « projet américano-sioniste ».
Le budget alloué à la création de ce titre, développé depuis 2016, n’a pas été communiqué.

Souci du détail
Conçu à l’aide du célèbre moteur de jeu Unity – disponible en ligne – par une équipe « dont les membres se comptent sur les doigts de la main », selon le responsable du projet, Hassan Allam, al-Defaa al-Moukaddass propose quatre environnements reconstitués à partir de lieux réels : trois en Syrie (la mosquée de Sayyida Zeinab, haut lieu du chiisme qui abrite le mausolée de l’une des petites-filles du prophète Mahpmet dans la banlieue de Damas ; al-Hajjeira ; et Qousseir), et un au Liban (Ras Baalbeck, dans la Békaa).
S’il est un peu dépassé visuellement, le jeu offre une expérience inédite, dominée par l’identité visuelle du Hezbollah, une bande-son originale et des voix off en dialecte libanais. Le titre, plutôt réussi esthétiquement, est maniable, ce qui renforce son intérêt, sans pour autant en faire une référence du FPS, en dehors de sa dimension politique particulière.
Car c’est bien cette dimension qui sert de principal argument de vente. « Tous les éléments du jeu sont inspirés de faits réels qui se sont déroulés pendant la guerre en Syrie (à laquelle la milice chiite participe officiellement depuis 2013 aux côtés du régime syrien, NDLR) », assure M. Allam à L’Orient-Le Jour. Selon lui, « les concepteurs ont passé trois mois à se documenter sur le terrain et à partir de coupures de presse – locale et internationale – couvrant le conflit » afin de proposer au joueur une expérience « authentique » et qui « respecte la chronologie des événements ». Cette démarche distingue, toujours selon M. Allam, ce FPS de ses équivalents américains (à l’instar des FPS de Call of Duty et Battlefield), qu’il accuse de livrer une version altérée des faits historiques dont ils s’inspirent.
Il reste que ce souci du détail semble principalement servir à légitimer la démarche partisane du Hezbollah dans ce FPS entièrement dédié à la gloire de ses combattants, dont la présence en Syrie a fait couler beaucoup d’encre, à charge ou à décharge selon les camps. « Ce jeu s’adresse à tous les publics et veut rendre hommage à nos martyrs qui ont donné leur vie pour défendre le Liban et à leurs familles », plaide Hussein Rahhal, le directeur de la division des médias électroniques du Hezbollah. Ce dernier précise en outre que le fait que ce jeu ait été commercialisé à quelques mois des élections législatives, prévues début mai, est un pur hasard du calendrier. « Nous lançons le jeu en ce mois de février pour honorer le martyre des leaders » du parti, justifie-t-il, faisant notamment référence à deux anciens chefs du Hezbollah, cheikh Ragheb Harb et Abbas al-Moussaoui, tous deux assassinés par l’armée israélienne, le premier en février 1984, le second en février 1992.
C’est le troisième FPS d’une certaine envergure développé par le Hezbollah, après Special Force 1 et 2, publiés respectivement en 2003 et 2007, qui rebondissaient sur des épisodes-clés du conflit entre le Liban et Israël, soit le retrait de l’armée israélienne de certains territoires du Liban-Sud en 2000 et la guerre de 33 jours en 2006. Selon M. Rahhal, les concepteurs envisagent déjà de lancer un nouveau jeu qui prendrait place en… Palestine occupée.

Une fois n’est pas coutume, le Hezbollah fait parler de lui, cette semaine, non pas pour des faits d’armes ou autres menaces adressées à ses ennemis historiques, mais pour un jeu vidéo. Hier, le parti chiite présentait al-Defaa al-Moukaddass (La défense sacrée), un jeu vidéo de tir à la première personne (FPS, pour First Person Shooter) entièrement développé et commercialisé par...

commentaires (2)

C'est ahurissant ! Même un jeu comme ça , fout la trouille et rend vert de rage ?????

FRIK-A-FRAK

14 h 29, le 01 mars 2018

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Commentaires (2)

  • C'est ahurissant ! Même un jeu comme ça , fout la trouille et rend vert de rage ?????

    FRIK-A-FRAK

    14 h 29, le 01 mars 2018

  • Unity est un moteur de jeu qui appartient a Unity Technologies, une société Danoise, basée maintenant aux Etats Unis, doit être poursuivie en justice pour avoir accepté un tel projet puisqu'il finance directement un parti reconnu terroriste en Europe comme aux Etats Unis...

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 04, le 01 mars 2018

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