Marc Jacobs, retour aux 80’s

Avant de céder la place à la semaine de la mode londonienne consacrée à l’écologie et dont le point d’orgue fut le défilé d’adieu de Christopher Bailey chez Burberry sous le signe de la solidarité avec les minorités sexuelles, la semaine new-yorkaise s’est déployée, pour sa part, dans une ambiance marquée par la dénonciation des agressions sexuelles faites aux femmes. #MeToo, mais aussi des collections d’une douce sobriété, comme on l’a vu entre autres chez Victoria Beckham. La femme se drape d’élégance, de classe et de dignité, autant d’armures pour décourager les prédateurs.
Dans ce contexte, Marc Jacobs joue un brillant revival des années 80 avec un clin d’œil à Yves Saint Laurent de la période « Palace », la boîte de nuit qui avait, au cours de cette décennie, mis Paris au pinacle de l’avant-garde, et où les femmes avaient pris le pouvoir et les homosexuels démontré, malgré le sida ou grâce à cette maladie-malédiction, la force de leur influence. Comme c’est le cas depuis plusieurs saisons, le défilé était donné dans l’impressionnante et monacale salle d’armes de l’Armory, ancien bâtiment militaire de l’Upper East Side.
 « Sculptural » est le premier mot qui vient à l’esprit devant les silhouettes aux épaules renforcées, pantalons amples, tailles cintrées, énormes nœuds autour du cou et grand jeu de chapeaux de Cordoue noirs penchés en avant et cachant les yeux, de foulards et de couleurs vives contrastant avec des fonds sombres comme des néons dans l’obscurité. Les robes, tout en volumes elles aussi, jouaient le contraste des matières, entre patchworks et froissages savants.
Et de matières il s’agissait bien, dans cette collection automne-hiver 2018/19 tout en textures précieuses et lumineuses, entre agneau, cachemire et faille de soie.