Plusieurs responsables politiques libanais se sont élevés hier contre la décision du gouvernement d'engager le cabinet américain McKinsey & Company pour aider l'État à restructurer l'économie, estimant que le pays ne manquait pas de compétences.
Le député Boutros Harb s'est ainsi étonné de cette décision, affirmant que la mission de conseil en stratégie de ce cabinet avait été payée « près d'un million et demi de dollars ». « Il s'agit d'un affront aux compétences des Libanais qui donne l'impression qu'il n'y a pas au Liban d'organismes dignes et capables d'élaborer un plan de croissance économique pour un pays dont ils connaissent les besoins », indique M. Harb. « Alors que l'on demande à tous de mettre un terme au gaspillage de l'argent public, à la conclusion d'accords douteux, à la corruption et au déficit public, le pays multiplie les contrats signés ne respectant pas la loi et échappant aux organismes de contrôle, comme sur les questions de l'électricité et du pétrole », a estimé le député de Batroun.
La dette du Liban s'élève à près de 145 % du PIB, l'un des taux les plus élevés au monde, rappelle-t-on.
« Ceux qui ont engagé McKinsey sont des ânes »
Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury, avait répondu du tac au tac au leader druze Walid Joumblatt, qui avait ironisé la veille sur la décision du gouvernement d'engager le cabinet McKinsey. « N'avons-nous pas d'économistes et de compétences au Liban pour faire appel à McKinsey ? (...) Ceux qui ont engagé McKinsey sont des ânes », avait déclaré mercredi M. Joumblatt dans un entretien à la Future TV.
M. Khoury a réagi à ces propos sur son compte Twitter. « Si les gens intelligents ont essayé, mais n'ont pas réussi pendant 28 ans, peut-être que les ânes arriveront à élaborer des plans pour un pays plus organisé et plus respectueux envers ses citoyens et sa jeunesse », a écrit le ministre. « Peut-être des ânes, car nous n'avons plus de jeunes à exporter pour qu'ils travaillent à l'étranger et nous transfèrent leurs revenus et parce qu'il n'y a que deux pays dans le monde qui sont plus endettés que nous », a-t-il ajouté.
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L'idée est bonne. Faire appel à une expertise extérieure neutre est une pratique courante et recommandée même si il y a des gens intelligents à la maison. Le choix de McKinsey est une autre histoire vu que ses tarifs sont les plus élevés au monde. Mais bon, quand on est gravement malade, on va voir le meilleur spécialiste mondial. Cela remonte le moral semble-t-il. La vrai question n'est pas là. La question est :"et après qu'est-ce qu'on fait"? Les mots clé restent gouvernance, gouvernance, gouvernance!
PPZZ58
20 h 29, le 30 mars 2018