Erdogan à Paris: le visage d'un "dictateur", dénoncent les Arméniens de France

Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) a estimé que la visite vendredi à Paris du président turc Recep Tayyip Erdogan avait révélé "son véritable visage", celui d'un "dictateur" s'exprimant "comme s'il était dans son palais".
Cette visite "a tenu toutes ses promesses: Recep Tayyip Erdogan a montré aux Français son véritable visage. Un dictateur qui s'exprime comme s'il était dans son palais, au mépris des standards européens auxquels il prétend pourtant adhérer", commente samedi dans un communiqué le CCAF.
M. Erdogan a parlé "à Paris comme à Ankara en justifiant les vagues d'arrestations consécutives aux événements de juillet 2016, en accablant les Kurdes qui ont pourtant combattu Daesh (acronyme arabe du groupe Etat islamique (EI), ndlr) sur le terrain, en invectivant un journaliste (...) qui l'interrogeait sur le soutien de son gouvernement à Daesh".
Au cours d'un point de presse vendredi aux côtés du président français Emmanuel Macron à l'issue de leur entretien, M. Erdogan s'en est pris à un journaliste français qui l'interrogeait sur la livraison supposée d'armes par Ankara à l'EI en 2014.
La Turquie a lancé de vastes purges depuis le putsch manqué de juillet 2016, arrêtant plus de 55.000 personnes et en limogeant ou suspendant plus de 144.000.
La question de la liberté de la presse a été abordée par M. Macron qui a appelé son homologue turc à "respecter l'Etat de droit".
Mais pour le CCAF, M. Macron "aurait dû aller plus loin sur la question des droits de l'Homme et évoquer avec la même franchise les problématiques du génocide des Arméniens et de Chypre". "Nous ne sommes pas opposés au dialogue avec la Turquie, mais nous estimons que Paris doit prendre le leadership dans ces discussions en étant extrêmement clair et transparent avec Ankara sur tous les sujets".
Le CCAF a en outre critiqué la signature vendredi d'un contrat d'étude dans la défense aérienne et antimissile entre Paris et Ankara, "à un moment où cet Etat ne fait pas mystère de ses intentions bellicistes à l'égard notamment de la résistance kurde".