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Liban - Camps palestiniens

Bilal Badr organise sa propre exfiltration en direction d’Idleb

Le départ de l'islamiste a soulagé les Libanais des environs autant que les Palestiniens.

Bilal Badr, un jeune islamiste du camp de réfugiés de Aïn el-Héloué, a annoncé il y a quelques jours qu'il était désormais installé en Syrie, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux et repris par l'agence Reuters. Dans ce texte, Bilal Badr précise à ses amis et compagnons d'armes qu'il s'adresse à eux « du pays du jihad et de la gloire, du repaire d'Assad », où il dit s'être rendu « pour défendre la religion de Dieu ».

Selon des sources islamistes à Aïn el-Héloué, Badr s'est rendu dans la province d'Idleb qui est contrôlée par Hay'at Tahrir el-Cham, une alliance jihadiste dominée par d'anciens membres d'el-Qaëda. Dès la diffusion de l'annonce de son départ, les services de renseignements de l'armée ont arrêté son épouse à la sortie du camp, le temps de l'interroger pour la libérer quelques heures plus tard. Cette mesure a provoqué une mobilisation militaire générale parmi les factions palestiniennes islamistes.

Interrogée, l'épouse de Badr a effectivement confirmé son départ avec son garde du corps, Hassan Azzab.

Selon des informations recueillies à l'intérieur du camp, Bilal Badr aurait quitté les lieux, vêtu comme une femme, avec sur le visage un nikab qui lui voilait la face. Il avait auparavant pris soin de se raser la barbe. « C'est la méthode suivie par un grand nombre de personnes recherchées qui fuient le camp », ajoute-t-on de même source.

Des sources islamistes citées par l'agence al-Markaziya ont précisé que « l'évasion de personnes recherchées arrange tout le monde en définitive. Elle convient aux Libanais et aux Palestiniens, contents de voir le camp libéré de ses éléments terroristes, sans que cela n'ait coûté une bataille armée ou une secousse militaire qui aurait probablement conduit, au final, à leur arrestation ».

Selon des informations recueillies au sein du camp, Bilal Badr aurait quitté non pas la veille ou l'avant-veille de la publication du communiqué dans lequel il confirme son départ, mais bien avant, vers le 10 décembre dernier. Une source proche des milieux palestiniens a précisé à L'OLJ que Badr, à l'instar de tous ceux qui avaient déserté le camp avant lui, a pris soin d'assurer son exfiltration jusqu'à la destination souhaitée avant de la rendre publique, histoire de s'assurer qu'il ne sera pas intercepté par les services de l'ordre en cours de route.

 

(Pour mémoire : Aïn el-Héloué une nouvelle fois en émoi après l’assassinat de Mahmoud Hajir)

 

Interrogée par L'OLJ, une source militaire qui suit de près le dossier a indiqué que tout laisse croire qu'il a effectivement quitté le camp, soulignant que les services de renseignements sont à l'affût de toute information pouvant attester son départ. La source a également confié que les renseignements militaires sont par ailleurs certains que Chadi Mawlaoui, un islamiste proche de Fateh el-Cham (ex Front al-Nosra) qui avait combattu l'armée à Tripoli, a également été exfiltré.

Qu'est-ce qui aurait poussé, en fin de compte, Bilal Badr à déserter le camp pour prendre le chemin de la Syrie, comme il l'affirme ? « Difficile à dire, dès lors que nous nous trouvons en présence d'un islamiste mû par une logique qui diffère foncièrement de celle du commun des mortels », comme le relève un observateur qui a suivi de près le parcours tumultueux de ce jeune islamiste qui n'a pas encore approché la trentaine. Bilal Badr, qui était au départ un simple raquetteur passant d'une bande à l'autre, a fini par être récupéré successivement par plusieurs mouvements islamistes pour se rapprocher au final du Rassemblement des jeunes musulmans, un groupe qui gravite dans l'orbite de Fateh el-islam, indiquent des sources concordantes.

Son départ aurait été motivé par le désir de soutenir ses frères islamistes à Idleb dans leur confrontation avec le régime syrien, mais aussi, par le fait qu'il n'avait plus l'aval des groupes qui jadis le soutenaient, notamment dans les milieux islamistes radicaux, confie une source proche des milieux palestiniens. Bilal Badr, qui vivait dans le quartier de Tireh, a vu par ailleurs sa marge de manœuvre rétrécir depuis que le mouvement Fateh a pris le contrôle de ce quartier, à la faveur de la dernière bataille, en août dernier. « Plusieurs jihadistes de Aïn el-Héloué se sont d'ailleurs sentis orphelins au lendemain de la bataille du jurd menée contre d'abord al-Nosra, ensuite l'État islamique, tous boutés hors du Liban. Ces milieux constituaient en quelque sorte leur vivier et leur prolongement idéologique », commente un expert.
Recherché par l'armée depuis un certain temps, Bilal Badr devait faire partie d'un groupe de près de 120 autres personnes devenues indésirables dans le camp. Ces derniers devaient être exfiltrés en Syrie dans le cadre des négociations menées par le Hezbollah en juillet dernier avec les jihadistes de Fateh el-Cham, dans le prolongement de la bataille du jurd de Ersal. Le troc a fini par échouer, et l'échange avec les hors-la loi de Aïn el-Héloué n'a finalement pas eu lieu. Bilal Badr a fini par organiser sa propre exfiltration du camp.

 

 

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