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Moyen Orient et Monde - Syrie

Les pourparlers de Genève démarrent enfin

L'opposition syrienne invite Moscou à faire pression sur Assad ; de Mistura rencontre Jaafari.

Staffan de Mistura saluant Bachar al-Jaafari, hier, à Genève. Martial Trezzini/Pool/Reuters

Les difficiles pourparlers de Genève sur la Syrie ont pu enfin démarrer hier, avec l'arrivée de la délégation du gouvernement de Damas, qui avait retardé sa venue pour manifester son mécontentement.
Le régime de Damas, fort de ses victoires militaires contre les rebelles et les jihadistes, n'avait pas apprécié que l'opposition réclame une nouvelle fois publiquement le départ du président Bachar el-Assad. Après deux jours de tractations, la Russie, alliée militaire et politique de Damas, a convaincu le gouvernement de participer à cette 8e session du processus de Genève.
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui a déjà organisé sans succès sept cycles de discussions depuis 2016, a eu son premier entretien officiel avec le chef de la délégation gouvernementale, l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari, en fin d'après-midi au Palais des Nations, siège de l'ONU.
Il devait rencontrer dans la soirée la délégation de l'opposition, dirigée par Nasr Hariri, avec laquelle il s'était déjà entretenu la veille.
M. de Mistura a annoncé que les discussions pourraient se prolonger la semaine prochaine « avec peut-être une pause autour du week-end ».

Changement subtil
Il espère pouvoir centrer les discussions avec le régime et l'opposition sur la rédaction d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections sous l'égide de l'ONU, deux thèmes acceptables pour Damas.
Le médiateur compte y parvenir grâce à la présence, pour la première fois, d'une seule et unique délégation représentant toutes les composantes de l'opposition, dont les éléments les plus extrémistes ont été écartés.
Le gouvernement syrien a clairement averti qu'il était hors de question de discuter de l'avenir du président Assad, un sujet ultrasensible qui a fait capoter toutes les précédentes réunions à Genève.
Dans le communiqué final de la réunion la semaine dernière à Riyad où a été négocié l'accord sur une délégation unique, l'opposition a subtilement modifié son discours sur ce point en n'exigeant plus le départ immédiat du président Assad, mais en soulignant qu'il s'agissait d'un « objectif » à atteindre.
Mais à peine arrivé à Genève, le chef de l'opposition, Nasr Hariri, a remis de l'huile sur le feu lundi soir en réaffirmant qu'il s'agissait d'une condition préalable à toute transition vers des élections.

« Flexible »
M. de Mistura n'apprécie guère ces provocations devant les caméras qui ne font que braquer le régime. En septembre, il avait d'ailleurs sèchement appelé l'opposition à être « assez réaliste pour réaliser qu'elle n'a pas gagné la guerre ».
Le message est peut-être passé auprès de M. Hariri lors de son entretien mardi à l'ONU. Et, selon un diplomate européen qui suit ces négociations, les pays de la coalition qui soutiennent l'opposition l'encouragent également à se montrer plus « flexible ».
« Nos discussions avec M. de Mistura portent spécifiquement sur le processus de rédaction d'une nouvelle Constitution et la tenue d'élections », a ainsi affirmé hier à l'AFP un membre de l'opposition.
Le négociateur en chef de l'opposition syrienne a invité hier la Russie et les autres États impliqués à faire pression sur le président Bachar el-Assad pour l'amener à négocier à Genève.
« Nous voulons davantage de pression sur le régime pour qu'il s'implique dans les négociations et les poursuive afin qu'une solution politique soit trouvée dans les six mois, conformément à (la résolution) 2254 » du Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré Nasr Hariri, interrogé par Reuters à la reprise du processus de paix de Genève sur la Syrie sous l'égide de l'ONU, hier.
« À parler d'une transition politique sans accomplir de progrès, nous allons perdre notre confiance dans le processus et notre peuple va perdre la sienne vis-à-vis de nous comme du processus lui-même », a-t-il ajouté.

La Russie
De son côté, la Russie, qui est venue au secours du régime syrien en entrant militairement dans le conflit fin 2015, souhaite un règlement politique. Le président russe Vladimir Poutine a multiplié avec succès les initiatives diplomatiques, avec l'aide de l'Iran, autre soutien de Damas, et de la Turquie, soutien des rebelles. Mais il sait qu'il a besoin de l'ONU pour pousser ses pions et sauvegarder ses intérêts en Syrie.
« Je pense qu'ils ont quelques cartes vraiment fortes dans les mains, mais ils n'ont pas toutes les cartes. (...) Seul Genève a la légitimité (...) et seul Genève débloquera l'aide internationale massive nécessaire pour remettre la Syrie sur pied », a commenté le diplomate européen.

La Ghouta
Ces pourparlers interviennent en outre alors que la situation humanitaire dans la Ghouta orientale, région rebelle assiégée en périphérie de Damas, est dramatique. « Le taux d'enfants de moins de cinq ans souffrant de sévère malnutrition est de 11,9 %, soit le plus haut taux jamais enregistré en Syrie depuis le début de la guerre », a alerté hier l'Unicef.
Sur le terrain, des dizaines d'obus de mortier se sont abattus hier sur la Ghouta orientale, en dépit d'une trêve de 48 heures proposée par la Russie pour marquer le début des négociations intersyriennes de Genève, selon un témoin et l'OSDH.
Après une matinée relativement calme, les bombardements se sont intensifiés en cours de journée, accompagnés par des attaques au sol contre l'enclave assiégée depuis 2012, a affirmé le témoin. L'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'homme) a fait état d'une personne décédée. Mardi, des tirs d'artillerie sur la zone ont fait trois morts, toujours selon l'OSDH.

Sources : agences

Les difficiles pourparlers de Genève sur la Syrie ont pu enfin démarrer hier, avec l'arrivée de la délégation du gouvernement de Damas, qui avait retardé sa venue pour manifester son mécontentement.Le régime de Damas, fort de ses victoires militaires contre les rebelles et les jihadistes, n'avait pas apprécié que l'opposition réclame une nouvelle fois publiquement le départ...

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