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Culture - Musique

Naima Shalhoub, la voix de la libération

La sortie de l'EP « Borderland » permet de mettre en lumière une artiste originale et engagée, qui allie chant soul et belle âme, art et activisme, sensualité et substance.

Naima Shalhoub : belle âme, belle voix. Photo Sarah Deragon

Ce qui frappe quand on découvre Naima Shalhoub, ce sont les différentes étapes qui jalonnent la révélation de son travail. D'abord sur SoundCloud, pour écouter cette voix moirée, chaude, rocailleuse, changeante, ensuite sur YouTube et ses vidéos, sur lesquelles son charisme se dévoile, sensualité orientale, modernité libanaise et présence scénique. Et enfin par la lecture de ses textes et le visionnage de ses conférences, où l'on finit par constater que son art ne vaut rien sans son activisme, son engagement, notamment auprès des prisonnières. Engagement qu'elle maintient aussi bien aux États-Unis, son pays d'adoption, qu'au Liban, son pays d'origine.

Née en Californie puis élevée dans l'État de New York à partir de 4 ans par des parents qui avaient fui le Liban, Naima Shalhoub commence à jouer du piano à 4 ans et rejoint un chœur à l'âge de 10 ans. Cette précocité est soutenue par des parents conscients du talent de leur bijou, qui lui adjoignent des professeurs pour l'améliorer dans les deux matières. Elle continuera dans cette voie jusqu'à l'université, où elle estimera, à tort, ne pas pouvoir mener les deux de front. « J'ai alors fait une pause dans la musique, pas parce que je ne l'aimais pas, mais parce que je manquais de confiance pour continuer. »

Ses études sur l'anthropologie postcoloniale et culturelle sont très engageantes et révélatrices, elles lui permettent de se retrouver dans les écrits d'Edward Said, d'Angela Davis ou encore de James Baldwin, sur la résilience et la violence, « qualités » très libanaises. Et elle prend alors conscience de son amour pour la musique et de la nécessité d'écrire sur ces thèmes. « Ma musique parle de combats contre le pouvoir, l'oppression et le désir de liberté », dit-elle. Son master obtenu en 2008, elle profite de sa présence dans la baie de San Francisco/Oakland pour y écumer les petites scènes. Elle présentera aussi les conférences TEDx à la LAU de Beyrouth. Elle combine personnalité, poésie et éloquence, habitant son rôle d'artiste engagée dans un mélange de Sade et de Gill Scott Heron (auteur du fameux « revolution will not be televised »).

Shalhoub vit aux États-Unis mais n'oublie pas son pays d'origine et se déclare très consciente de ce que lui apportent ses origines libanaises. « Étant américano-arabe, j'ai une relation très intime avec les contradictions, avec le fait de vivre dans un pays qui sponsorise l'oppression internationale. » En mai 2014, la jeune femme commence un long cycle de performances dans des prisons, d'abord pour femmes, puis pour tous. Elle apporte un peu de lumière à ces habitants de l'ombre en y chantant, en y discutant, en faisant se sentir plus libres les gens qui y sont enfermés. Lors de son récent passage au Liban, en octobre 2017, Shalhoub s'est associée à Zeina Daccache et au Catharsis Lebanese Center for Drama Therapy pour aider les prisonnières de Roumieh. Il en est sorti une chanson, Roumieh Prison Blues, qu'elle a interprétée au Metro al-Madina. Depuis, Naima Shalhoub est retournée aux États-Unis pour y finaliser son futur album et continuer ses combats pour la liberté, le rapprochement et l'amélioration de l'image du Moyen-Orient. Grâce aux politiciens de tous bords, il lui reste donc beaucoup de travail. Tant mieux pour nous, qui profiterons de ses talents d'interprète, de compositrice, de musicienne et de sa beauté irradiante.

Ce qui frappe quand on découvre Naima Shalhoub, ce sont les différentes étapes qui jalonnent la révélation de son travail. D'abord sur SoundCloud, pour écouter cette voix moirée, chaude, rocailleuse, changeante, ensuite sur YouTube et ses vidéos, sur lesquelles son charisme se dévoile, sensualité orientale, modernité libanaise et présence scénique. Et enfin par la lecture de ses...

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