Le président de l'assemblée de Rio libéré par ses pairs

L'Assemblée Législative de Rio de Janeiro (Alerj) a décidé vendredi à une large majorité de libérer de prison son président, Jorge Picciani, accusé d'être impliqué dans un vaste réseau de corruption dans les transports.

Par 39 votes à 19, ce Parlement local a décidé de remettre en liberté ce cacique du PMDB (centre droit), parti du président Michel Temer, et deux autres députés eux aussi placés en détention jeudi. À l'extérieur du siège de l'Assemblée, une manifestation qui rassemblait une centaine de personnes a été dispersée par les forces de l'ordre à l'aide de grenades assourdissantes et de bombes lacrymogènes.

Le mois dernier, une décision de la Cour suprême a déterminé que la privation de liberté de tout parlementaire jouissant d'immunité devait impérativement être ratifiée par la chambre à laquelle il appartient. "Le judiciaire décrète leur arrestation et le législatif les relâche. Il y a quelque chose qui cloche entre les pouvoirs", s'est indigné Sandoval Viana, professeur à la retraite de 63 ans qui manifestait devant l'Alerj.

La famille Picciani, qui a pignon sur rue à Rio, jouit d'une grande influence politique, y compris au niveau national: le fils du président de l'Alerj, Leonardo, est ministre des Sports du gouvernement Temer.

Le patriarche et plusieurs de ses alliés politiques sont soupçonnés d'avoir reçu des pots-de-vin pour intercéder en faveur d'entreprises de transport en commun. Le Parquet enquête sur un réseau de corruption ayant détourné des sommes astronomiques dans un État aujourd'hui au bord de la faillite et touché par une flambée de la violence alors que même les policiers accumulent souvent plusieurs mois de salaires impayés. M. Picciani est considéré comme un des leaders de ce réseau, aux côtés de l'ex-gouverneur de Rio, Sergio Cabral (2007-2014), emprisonné en novembre et condamné récemment à plus de 14 ans de prison.

D'après les enquêteurs, cette organisation a commencé à se structurer dès les années 90 et orchestrait le détournement de 5% du montant de tous les travaux publics, y compris lors de la rénovation du mythique stade Maracana pour le Mondial-2014.