"Nestlé m'a tué, tous sacrifiés": plus de 400 salariés du laboratoire de dermatologie Galderma amené à fermer en 2018 ont manifesté jeudi à Sophia Antipolis, dans le sud-est de la France, réalisant un spectaculaire haka pour dénoncer le désengagement du géant suisse Nestlé, la maison-mère.
Malgré une pluie battante et une faible syndicalisation du site, où sont employés de nombreux cadres, les salariés en colère ont défilé pendant deux bonnes heures, certains en blouses blanches, avec des pancartes "Galdermiens, -550 postes" ou encore "Macron, l'innovation est ici et toi t'es où ?". En tête de la manifestation, imitant les rugbymen du Pacifique, ils ont réalisé un impressionnant haka.
"Ce n'est pas un baroud d'honneur", a déclaré une spécialiste en essais cliniques, Florence Joly, 47 ans.
"On n'est pas du genre à brûler des pneus à l'entrée des autoroutes ou des usines mais il faut arriver à toucher l'opinion. C'est un beau scandale de la part d'une multinationale bien florissante. Ils ont communiqué a minima et personne n'a compris qu'ils fermaient le site", ajoute cette chercheuse. Elle n'est pas sûre de pouvoir se reclasser en Suisse, où Nestlé compte implanter un nouveau centre de recherche et développement dans le canton de Vaud.
Le groupe justifie la restructuration de sa filiale, à Sophia Antipolis depuis 1981, pour des raisons stratégiques: Galderma produit des crèmes, alors qu'il veut développer des soins de la peau par injection ou voie orale. Environ 400 postes sur 550 sont sur la sellette, voire la totalité si aucune solution de reprise ne se fait jour.
Cécilia Novolloni, 33 ans, technicienne dont le mari travaille aussi chez Galderma, "espère au moins qu'on va essayer quelque chose pour que ce site reste à la pointe du développement". Les salariés ont reçu le soutien de nombreux élus locaux.
Une pétition circule, qui a dépassé les 18.000 signatures, parallèlement à un site Facebook de soutien au personnel dont un post évoque un boycott des marques du groupe Nestlé. "Moi je n'incite pas à le faire mais il y a des gens qui ne peuvent plus voir l'étiquette Nestlé en face, des gens écoeurés qui disent +je ne veux plus manger quelque chose de ce groupe+", indique la déléguée CFDT de l'entreprise, Nathalie Strauss.
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