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Moyen Orient et Monde - Golfe

Violente passe d’armes entre l’Arabie saoudite et l’Iran

Les autorités saoudiennes ont accusé le Hezbollah d'être derrière le tir en provenance du Yémen, qui pourrait, selon elles, « équivaloir à un acte de guerre ».

Un combattant houthi à Sanaa, le 6 novembre 2017. Khaled Abdullah/Reuters

L'Arabie saoudite et l'Iran se sont livrés hier à une violente passe d'armes au sujet du Yémen, déclenchée par un tir de missile de rebelles yéménites pro-iraniens intercepté au-dessus de l'aéroport international de Riyad samedi soir. Les autorités saoudiennes ont accusé l'Iran d'être derrière ce tir qui pourrait, selon elles, « équivaloir à un acte de guerre ». L'Iran a de son côté rejeté ces accusations « irresponsables et provocatrices » et accusé en retour Riyad de « crimes de guerre » au Yémen, pays ravagé par un conflit meurtrier. Cette passe d'armes sur le Yémen, doublée d'une dispute sur le Liban, est intervenue alors que l'Iran a marqué des points en Irak et en Syrie dans la guerre par procuration à laquelle se livrent au Moyen-Orient les deux poids lourds régionaux depuis des années.
Souhaitant contenir l'influence de l'Iran chiite, l'Arabie saoudite est intervenue, à la tête d'une coalition de pays à majorité sunnite, dans le conflit au Yémen voisin en 2015 pour aider le pouvoir à freiner l'avancée des rebelles houthis, soutenus par Téhéran. Dans un communiqué hier, l'Arabie saoudite a d'ailleurs accusé l'Iran d'apporter un soutien militaire direct aux houthis qui menacent de fait le trafic aérien depuis le tir samedi soir d'un missile balistique vers l'aéroport de Riyad. La République islamique se défend de fournir des armes aux houthis, mais ne cache pas sa sympathie pour eux.
Le tir du missile, intercepté et dont des débris sont tombés dans le périmètre de l'aéroport, constitue une « agression militaire flagrante par le régime iranien qui pourrait équivaloir à un acte de guerre », a affirmé à Riyad la coalition sous commandement saoudien. Plus tard dans la journée, le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Jubeir, a surenchéri en affirmant : « Les ingérences iraniennes dans la région nuisent à la sécurité des pays voisins et affectent la sécurité et la paix dans le monde. Nous ne tolérerons aucune atteinte à notre sécurité nationale. » « C'est un missile iranien utilisé par le Hezbollah, depuis le territoire occupé par les houthis au Yémen », a dénoncé dans la soirée le ministre interrogé par CNN. Son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, lui a répondu sur Twitter : « L'Arabie saoudite bombarde le Yémen et le réduit en mille morceaux, tuant des milliers d'innocents, dont des bébés, propageant le choléra et la famine, mais bien entendu, rejette la faute sur l'Iran. »
La coalition militaire, conduite par l'Arabie saoudite, a par ailleurs décidé de fermer temporairement tous les accès aériens, terrestres et maritimes au Yémen afin d'empêcher l'armement par l'Iran des rebelles chiites houthis, a rapporté hier l'agence de presse saoudienne SPA. Dans son communiqué, la coalition précise que la fermeture temporaire des accès au territoire yéménite ne s'appliquera pas à l'aide humanitaire alors que les Nations unies affirmaient ne pas avoir obtenu les autorisations nécessaires pour deux vols humanitaires prévus hier.

« Bien réfléchi » ?
La coalition a affirmé qu'elle se réservait le droit de répondre à l'Iran « de manière appropriée et au moment opportun ».
Pour Riyad, il ne fait guère de doute que les rebelles, qui contrôlent aussi une bonne partie du nord et de l'ouest du Yémen, bénéficient de livraisons d'armes de l'Iran et de l'assistance d'experts iraniens en balistique, qui leur permet d'allonger la portée de leurs missiles. Les houthis ont tiré à plusieurs reprises des missiles vers l'Arabie saoudite qui les a interceptés dans la plupart des cas.
L'analyste Randa Slim du Middle East Institute se demande si la direction saoudienne, incarnée par le jeune prince héritier Mohammad ben Salmane, « a bien réfléchi à l'ampleur de l'escalade » qu'elle envisage. Ce qui est inquiétant, ajoute-t-elle, c'est que l'administration américaine de Donald Trump, alliée de Riyad, estime qu'une confrontation avec l'Iran est dans son intérêt et qu'elle « n'envoie pas un message de dissuasion à l'Arabie saoudite ». Les États-Unis, ennemis jurés de l'Iran, ont d'ailleurs exprimé leur inquiétude quant aux éventuels transferts d'armes de l'Iran vers le Yémen.
Dimanche, l'Arabie saoudite a aussi annoncé avoir mis à prix la tête de 40 dirigeants rebelles avec des récompenses totalisant 440 millions de dollars. L'intervention au Yémen est motivée, selon des analystes, par la volonté de Riyad d'empêcher les houthis de devenir « un autre Hezbollah » à sa frontière sud. Or le conflit semble s'enliser au moment où l'Arabie saoudite est engagée sur différents fronts avec une crise ouverte avec le Qatar et une campagne de répression interne contre les milieux susceptibles de s'opposer aux plans de réforme du prince héritier.

Source : AFP

L'Arabie saoudite et l'Iran se sont livrés hier à une violente passe d'armes au sujet du Yémen, déclenchée par un tir de missile de rebelles yéménites pro-iraniens intercepté au-dessus de l'aéroport international de Riyad samedi soir. Les autorités saoudiennes ont accusé l'Iran d'être derrière ce tir qui pourrait, selon elles, « équivaloir à un acte de guerre ». L'Iran a de son...
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