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Lifestyle - La Mode

Effet de serre chez Élie Saab

Pour sa collection prêt-à-porter printemps-été 2018, Élie Saab a pris le parti d'explorer l'Amazonie à sa manière. Luxueux et luxuriant.

Élie Saab, prêt-à-porter printemps-été 2018. Photos DR

C'est dans un espace du Grand Palais, dont la verrière se prêtait à l'exercice, que le couturier libanais Élie Saab a présenté ses belles plantes. Ce serait une jungle germanopratine dont les guerrières enfileraient des sahariennes d'inspiration Renoma, ou des blazers Saint Laurent à grands boutons, sur des léotards et des jupes tout en franges dans la haute tradition Escola de Samba. Le mélange était risqué, le résultat est heureux. Dans la serre amazonienne d'Élie Saab, où tous les métissages sont permis, s'épanouit une végétation aussi sauvage qu'urbaine. Derrière le top Winnie Harlow que son vitiligo apparente à une orchidée précieuse et rare, défilent des broderies à motif inca, des camaïeux de vert ou de rose, les bleus francs et lumineux d'un ciel d'été. Des imprimés feuillage ou des rayures alternant le noir, le jaune soufré et le vert absinthe d'une plante vénéneuse habillent la robe foulard faussement rudimentaire ou le somptueux caftan en soie d'une nouvelle Ève qui adore tout autant s'envelopper de python.
En pleine mue, le grand reptile qui prête son camouflage à la femme Élie Saab de ce printemps-été torride alterne graphisme appuyé et flou vaporeux. La palette joue aussi sur la sensualité du rouge flamme, le mystère du noir, la virginité du blanc toujours désaltérante dans la touffeur estivale. Le sérieux du bleu marine, autrefois couleur privilégiée des collections intermédiaires dites « demi-saison », est allégé par de délicates mousselines brodées qui imitent une seconde peau révélée entre ajourages et ouvertures.

Des robes pour danser
La musique électro de Bicep, et notamment le rythme de la composition Glue qui évoque une samba spasmodique, habillaient l'atmosphère d'un son à la fois contemporain et immémorial, voire barbare. Tandis que les jambes des invitées, parmi lesquelles on repérait Emmanuelle Béart et Olivia Palermo, esquissaient des mouvements involontaires, les jambes interminables des mannequins étaient les vedettes de ce show sensuel et le point d'orgue de cette collection sexy-chic, genre dont Élie Saab est désormais le chef de file confirmé. Mises en valeur par des hauts transparents à broderies tatouage vert et rose soulignées de noir, sur des jupes inspirées des rideaux de fils tropicaux, ornés d'un feuillage de tissu en cascade, les jambes sont donc le thème-clé de ce vestiaire qui invite à la danse. L'abondance de franges suit la même logique et matérialise dans l'espace les mouvements du corps en y ajoutant les vagues d'un mascaret amazonien ou le flot d'un torrent au pied des banians. Au plissé caractéristique du couturier s'opposent des tissus secs, inattendus dans la fluidité dominante, structurant un jumpsuit qui souligne la taille en la creusant par illusion d'optique, ou un tailleur – oui, le genre revient – dont la rigidité est cassée encore une fois par des effets frangés.
Inattendu, le cuir s'invite sur des blousons d'aventurières, motardes perdues dans des méandres de pistes invisibles sur Google Maps et sur lesquels la jungle déteint déjà, les couvrant de sa végétation aussi somptueuse que carnivore. On garde le meilleur pour la fin : de magnifique fourreaux ouvragés de motifs incas qui justifient une collection de bijoux couture représentant des pointes de flèche émaillées de toutes les couleurs. Une collection voluptueusement vénéneuse.

C'est dans un espace du Grand Palais, dont la verrière se prêtait à l'exercice, que le couturier libanais Élie Saab a présenté ses belles plantes. Ce serait une jungle germanopratine dont les guerrières enfileraient des sahariennes d'inspiration Renoma, ou des blazers Saint Laurent à grands boutons, sur des léotards et des jupes tout en franges dans la haute tradition Escola de Samba. Le...

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