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Culture - Exposition

Raffi Yedalian, peintre du spleen tranquille...

Les toiles de cet artiste sont peuplées d'une foule de personnages longitudinaux qu'on dirait nés d'un croisement entre les silhouettes de Giacometti et les faces de Brancusi.

De grands yeux tristes dévorant des visages ovoïdes suspendus au bout de cous à la longueur exagérée, posés sur des torses étroits et des silhouettes oblongues...
De toile en toile, de sculpture en sculpture, les personnages de Raffi Yedalian baladent leur spleen tranquille dans l'espace de la galerie Art on 56th, jusqu'à demain samedi 28 octobre.
Un univers un peu à la Giacometti qui se serait acoquiné avec Brancusi se dégage ainsi des œuvres de cet artiste quarantenaire libano-arménien, clairement imprégné du sentiment du tragique de l'existence dû à l'exode de ses ancêtres. Sauf que sous l'apparente tristesse de ces portraits, de groupes ou en solo, accrochés sur les cimaises, surgi quelque chose de plus léger, de plus joueur, voire même, parfois, comme des clins d'œil malicieux des visages peints adressés à ceux qui les observent attentivement.

Certes, cette condition humaine que Raffi Yedalian représente inlassablement, dans ses peintures à l'acrylique et techniques mixtes tout comme dans ses silhouettes de bronze et ses faces en aluminium, renvoie au spectateur son image en miroir. Sa solitude (dans Attitude ou Stillness), son besoin affectif et charnel (Engagement ; Unconditional Love ; Sensuality), son désir d'élévation (dans Gratitude ou Escape from Reality) ou encore sa lutte pour la vie (The Will to Exist) sont nettement exprimés dans les attitudes, les postures, l'élongation des personnages, leur extension en hauteur et leur poussée, parfois poussive, vers l'avant...

 

(Pour mémoire : Sculpter et peindre pour archiver l’histoire)

 

Treillage et trompe-l'œil
Cependant, en contrepoint de cette dramatisation du thème, l'artiste s'amuse à expérimenter des techniques, à superposer des matières et à jouer les trompe-l'œil... Pour servir avec encore plus d'éloquence ses propos. Ainsi, sur certains visages, des grillages tracés au-dessus des yeux évoquent une prison intérieure, tandis que sur d'autres faces, de vrais treillis métalliques surplombant la boîte crânienne sont synonymes de pensée technologique.

Dans certains portraits, Yedalian se plaît à subtiliser, par-ci, un bout de bras, par-là, une épaule, les faisant disparaître dans le fond uni de la toile... Dans d'autres peintures à dominante monochrome, il joue à habiller ses modèles de morceaux de tissus froissés et recouverts de tonalités terre (brun-ocre, gris et blanc) pour des effets de plis, mais aussi de rides. À l'instar de ce bout de chemise blanche appliqué sur le torse d'un jeune homme, avec – détail amusant – son col remonté sur le cou à l'italienne, ou de cette moitié de tee-shirt étoffant le buste d'une jeune fille...

En somme, Yedalian, qui a, à son actif, plusieurs monuments et sculptures religieuses, dont une torche de la Vierge à Fatima ainsi qu'un tableau d'un saint arménien Ignatius Maloyan dans la collection du Vatican, libère un peu son art de son empreinte mystique. Pour exprimer, cette fois, une sorte de spiritualité profane.

 

Art on 56th, jusqu'au 28 octobre.
Gemmayzeh, rue Pasteur.

De grands yeux tristes dévorant des visages ovoïdes suspendus au bout de cous à la longueur exagérée, posés sur des torses étroits et des silhouettes oblongues...De toile en toile, de sculpture en sculpture, les personnages de Raffi Yedalian baladent leur spleen tranquille dans l'espace de la galerie Art on 56th, jusqu'à demain samedi 28 octobre.Un univers un peu à la Giacometti qui se...

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