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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Comme ses prédécesseurs, Trump prépare sa propre guerre

US President Donald Trump speaks to the media prior to departing on Marine One from the South Lawn of the White House in Washington, DC, October 25, 2017, as he travels to Dallas, Texas. / AFP / SAUL LOEB

Le président américain Donald Trump a fait savoir que 700 milliards de dollars seront consacrés à la défense pour que la force militaire du pays acquière « une capacité jamais égalée auparavant ». Parallèlement, les alliés historiques européens des États-Unis ont explicitement fait savoir qu'ils ne comptent plus que sur eux-mêmes en matière de politique étrangère. Trouvant que c'est une perte de temps et d'énergie de discuter avec le président Trump, imprévisible et obtus, ils considèrent donc qu'il est inutile de créer des tiraillements malsains avec Washington.

Actuellement, les seuls pays ouvertement alliés et actifs avec l'administration Trump sont les pays arabes du Golfe, membres du CCG. Autre cas d'isolationnisme flagrant de la politique de Trump : les États-Unis et la Syrie sont désormais les seuls pays à ne pas appuyer le Traité de Paris sur le changement climatique. Suite à la déclaration, lundi dernier, de la vice-présidente du Nicaragua, Rosario Murillo, que le président Daniel Ortega a l'intention d'intégrer le pacte, s'est ouvert un débat sur le positionnement des États-Unis dans le monde.

Dans ce contexte, la revue américaine New Republic a publié un article intitulé « La doctrine de la politique étrangère de Donald Trump n'a aucun sens », précisant notamment que « ses élucubrations et ses discours incohérents prouvent que le président n'a qu'une audience en tête et ce n'est pas la globalité ». Dans le quotidien The Boston Globe, c'est un commentaire titré « La politique étrangère de Donald Trump devient absurde » que l'on trouve.
Aux États-Unis, la politique extérieure est toujours sujet à débat, notamment pour savoir si les États-Unis doivent intervenir davantage ou non sur le plan international. Donald Trump a gagné la présidence en promettant de faire les deux à la fois. Ce qu'il a évidemment échoué à faire. On pouvait lire cette semaine dans le Washington Post, sous la signature de l'analyste Eugene Robinson : « L'administration Trump voit les problèmes du monde principalement à travers le prisme militaire. » Et, il demande par conséquent au Congrès d'exercer son droit de regard et de « donner ses consignes ».

 

(Lire aussi : Trump en guerre ouverte avec les leaders républicains)

 

Des combats inachevés
Selon plusieurs observateurs, la politique étrangère de Donald Trump est, à beaucoup d'égards, une répétition de décennies d'erreurs américaines. Exemple récent et troublant, le 4 octobre dernier, quatre soldats américains ont été tués dans une embuscade au Niger. Ils faisaient partie d'un contingent américain de 800 soldats dont personne, responsables politiques ou citoyens, n'avait idée du lieu où ils se trouvaient, ni de ce qu'ils faisaient là-bas. Le sénateur républicain, Lindsey Graham, a ainsi déclaré dimanche dernier : « Nous ne savions pas où nous étions militairement dans cette région du monde, ni ce qu'on y faisait. »
Par ailleurs, la politique étrangère sous Trump est pleine de contradictions et elle est jugée autodestructrice et contre les intérêts de l'Amérique et de ses alliés. Elle ne ressemble pas à la politique étrangère américaine que le monde avait connue à travers la « Doctrine Truman » (1947), contre l'isolationnisme.

Doctrine que ses successeurs ont interprétée différemment. Il y a d'abord eu l'escalade au Vietnam dès 1965, puis le triomphalisme de Bill Clinton en Yougoslavie dans les années 90 ainsi que la politique de George W. Bush, « eux ou nous ». Sans parler de la guerre du Golfe de Bush père. Est venue ensuite la doctrine Obama de la « soft diplomacy ». Le tout apparaissant comme des combats non achevés ou « en phase de morasses », selon les dires d'un historien des présidences.
Certes, le président Trump n'a rien à voir directement avec ces actions militaires. Toutefois, à l'exemple de ses prédécesseurs, le nouveau locataire de la Maison-Blanche a commencé à concevoir sa propre guerre, en l'occurrence, contre la Corée du Nord : personnalisant le comportement américain à l'étranger et se rappelant quand George W. Bush avait envahi l'Irak en 2003, en se basant sur de minces justifications et des analyses défectueuses.

Le monde a pu profiter de l'ordre international, malgré les erreurs ou les faux pas de telle ou de telle administration américaine. Avec son accession à la première magistrature, Donald Trump a commencé à tout déconstruire, notamment dans les relations avec le Mexique, Cuba, l'Iran, la Palestine, l'Unesco, l'accord de Paris sur le changement climatique, Nafta et l'Union européenne. Pas étonnant que les Américains, face aux impulsions de l'actuel président, l'insécurité et ses options plus militaires que politiques, aient des réactions mitigées. Devraient-ils croire que la ligne de défense tracée par les généraux John Kelly (chef de cabinet de la Maison-Blanche), H.R. McMaster (chef du Conseil de la sécurité nationale) et James Mattis (à la tête du Pentagone), avec le secrétaire d'État Rex Tellerson, est une ligne de défense vraiment solide ?

 

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