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Culture - Installation

Voir Beyrouth dans son sommeil

Un citoyen lambda se serait très vite transformé en citoyen grognon à la vue de ce paysage urbain quotidien. Dimitri Haddad, lui, en a fait une démarche artistique.

Sur les cimaises de la galerie ArtLab des clichés dévoilent un jeune homme qui dort.

C'est une petite pièce obscure où l'on pénètre à tâtons, en craignant d'y voir quelque chose qui nous surprenne ou qui nous bouleverse. Il n'en est rien. En guise d'éclairage, un écran télé qui diffuse une lumière toutes les deux secondes. Le parcours commence. Sur les cimaises de la galerie ArtLab, des clichés dévoilent un jeune homme qui dort. Dimitri Haddad a installé, le temps d'une nuit, sa caméra rivée sur lui et s'est pris en photo. « Une nuit tourmentée, dit le jeune artiste, qui vient d'achever sa thèse en beaux-arts à Madrid. Car il est difficile de se savoir photographié en dormant. Voire insupportable. »

Après avoir terminé ses études à Madrid, Haddad décide de rentrer au Liban parce que, en dépit de tout, « Beyrouth demeure le creuset de toutes les inspirations ». Pour lui, l'art doit faire partie inhérente de la marche d'un pays.

 

À chacun sa ville
Ainsi, cette installation est née à la suite d'un petit incident. « En face de ma maison, raconte Dimitri Haddad, au haut d'un grand immeuble, un signal lumineux (un beacon) s'allume toutes les dix minutes, transformant la nuit en jour et dérangeant ainsi les voisins. » Non, ce n'est pas la Nuit américaine, mais bien le contraire. « Au début, j'étais exaspéré car je n'arrivais pas à dormir.

Par la suite, je m'y suis habitué. Je voulais rendre cet incident constructif et positif. Quand on ne peut changer la ville et ses habitudes, pourquoi ne pas en rire au lieu d'en pleurer ? Pourquoi ne pas faire en sorte d'éclairer les autres positivement ? Ce n'est pas une exposition à proprement parler, mais une réaction qui pourrait faire un effet domino. J'ai toujours rêvé d'aider mon pays d'une manière ou d'une autre. C'est peut-être une façon de le faire. D'autre part, je publie, chaque mois avec des amis, un fanzine qui fait un focus sur un artiste et son travail dans la ville. Totalement indépendante, cette publication est créée et réalisée par des amateurs passionnés, adressée à d'autres passionnés. » Passionné? Dimitri l'est certainement. Et il voudrait que sa passion soit contagieuse.
En attendant d'autres projets, il explore sa nuit et fixe ses instants de sommeil tout en découvrant lui-même les rêves d'une ville qui ne dort jamais.

 

Pour mémoire

Sur le ring, Dimitri Haddad vs l'appareil photo analogique

C'est une petite pièce obscure où l'on pénètre à tâtons, en craignant d'y voir quelque chose qui nous surprenne ou qui nous bouleverse. Il n'en est rien. En guise d'éclairage, un écran télé qui diffuse une lumière toutes les deux secondes. Le parcours commence. Sur les cimaises de la galerie ArtLab, des clichés dévoilent un jeune homme qui dort. Dimitri Haddad a installé, le temps...

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