Colombie: la pape appelle les jeunes à "rêver" et à "pardonner"

Le pape a appelé jeudi les jeunes à "rêver en grand" et à "pardonner", les jugeant capables de "regarder en avant sans le fardeau de la haine", au deuxième jour de sa visite en Colombie, pays où la paix reste fragile.

"Prenez le risque de rêver en grand!" a lancé François, depuis le balcon de l'archevêché, à près de 22.000 jeunes rassemblés sur la place Bolivar, au coeur de Bogota. "Que vos illusions et projets donnent de l'oxygène à la Colombie et la remplissent de saines utopies", a-t-il assuré, en les jugeant capables de "regarder en avant sans le fardeau de la haine".
"Votre jeunesse vous rend capables aussi de quelque chose de très difficile dans la vie: pardonner (...) Il est remarquable de voir comment (...) comment vous nous regardez avec étonnement, nous les adultes, répéter des histoires de divisions seulement pour rester prisonniers des rancoeurs", a ajouté le pape, âgé de 80 ans, dont c'est la première visite pontificale en Colombie.

Le pape, qui un peu plus tôt a appelé les Colombiens à "fuir toute tentation de vengeance", est arrivé la veille à Bogota avec un message de paix et de réconciliation pour ce pays déchiré par un conflit armé de plus d'un demi-siècle.

Le gouvernement du président Juan Manuel Santos, prix Nobel de la Paix 2016, a signé en novembre un accord de paix historique avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), reconvertie la semaine dernière en parti politique légal.

Lundi, deux jours avant la venue du pape, promoteur de ce processus de paix, le gouvernement a conclu le premier cessez-le-feu bilatéral de l'histoire avec l'Armée de libération nationale (ELN), dernière rébellion active en pourparlers de paix depuis février.

Le pape doit se rendre vendredi à Villavicencio, à environ 70 km de Bogota, où il rencontrera des indigènes, des victimes et d'ex-acteurs de cette guerre qui a impliqué une trentaine de guérillas, des paramilitaires d'extrême droite et les forces de l'ordre, faisant plus de 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et au moins 7,1 millions de déplacés.

François, qui revient à Bogota chaque soir, est attendu samedi à Medellin, l'ancienne capitale mondiale du trafic de drogue et fief du capo Pablo Escobar abattu en 1993. Il terminera sa visite dimanche par Carthagène des Indes, la perle coloniale et touristique des Caraïbes qui détient aussi le taux de pauvreté le plus élevé de Colombie, d'où il repartira pour Rome.