Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Venezuela

La Constituante prête serment devant Maduro, sa légitimité en question

L'entreprise en charge des opérations de vote dénonce une « manipulation » des chiffres de la participation au scrutin de dimanche.

« C’est un séisme », a réagi Julio Borges (centre), le président du Parlement élu fin 2015, avant une réunion de l’Assemblée, hier. Juan Barreto/AFP

La légitimité de la toute-puissante Assemblée constituante vénézuélienne, qui devait prêter serment hier devant le président Nicolas Maduro, a été remise en question par l'entreprise en charge des opérations de vote qui dénonce une « manipulation » des chiffres de la participation.
Ce scrutin, qui s'est déroulé dimanche dans un contexte de grande violence, faisant dix morts, ne cesse de susciter un tollé au niveau international. Plus de 120 personnes au total ont été tuées en quatre mois de manifestations anti-Maduro.
« Nous savons, sans le moindre doute, que (les chiffres de) la participation à l'élection d'une Assemblée constituante nationale ont été manipulés », a déclaré Antonio Mugicala, le PDG de l'entreprise britannique SmartMatic basée à Londres, en charge des opérations de vote au Venezuela « depuis 2004 ». Il a estimé que « la différence entre la participation réelle et celle annoncée par les autorités est d'au moins un million de votes ».
L'autorité électorale vénézuélienne a jugé hier « irresponsable » et « sans fondement » l'accusation de manipulation des résultats de l'élection de la Constituante, lancée par SmartMatic.
« C'est un séisme », a réagi Julio Borges, le président du Parlement élu fin 2015, où l'opposition est majoritaire. L'opposition a boycotté le scrutin en dénonçant une « fraude » visant à prolonger le pouvoir de M. Maduro, dont le mandat s'achève en 2019.
Selon les autorités, plus de huit millions d'électeurs, soit 41,5 % du corps électoral, ont participé à l'élection des membres de la Constituante. Soit un chiffre supérieur aux 7,6 millions de voix réunies par l'opposition le 16 juillet, lors d'un référendum contre le projet de Constituante. Chaque camp conteste les chiffres de l'autre.
Le Venezuela est au bord de l'effondrement économique et 80 % des Vénézuéliens désapprouvent la gestion du président, selon l'institut de sondages Datanalisis.
Les 545 membres de la Constituante devaient prêter serment hier devant le chef de l'État, selon la présidence. La séance inaugurale aura ensuite lieu aujourd'hui au siège du Parlement, a annoncé une de ses membres élus, Delcy Rodriguez, ancienne chef de la diplomatie vénézuélienne. « Nous arriverons demain avec les portraits du libérateur Simon Bolivar (héros de l'indépendance vénézuélienne) et du commandant (Hugo) Chavez au palais législatif, d'où ils ne sortiront plus jamais », a-t-elle déclaré lors d'une réunion publique, laissant présager une situation particulièrement tendue.
L'opposition entend continuer à siéger malgré tout au Parlement. Elle se préparait, par ailleurs, à manifester aujourd'hui contre l'installation de l'Assemblée constituante.

Rejet de l'UE
Les leaders antichavistes (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013) dénoncent le caractère « illégitime » à leurs yeux de ce « superpouvoir » qui pilotera le Venezuela pour une durée indéterminée.
L'UE a annoncé hier qu'elle refusait de reconnaître l'Assemblée constituante. « L'élection de l'Assemblée constituante a durablement aggravé la crise au Venezuela », a déclaré Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les autorités « à faire tous les efforts possibles pour réduire les tensions » dans ce pays pétrolier au bord de l'abîme.
La Constituante doit lancer ses travaux dans un contexte de tensions avec les États-Unis, renforcé par les nombreuses condamnations internationales après l'arrestation dans la nuit de lundi à mardi de deux des figures de l'opposition, Leopoldo Lopez, 46 ans, et le maire de Caracas, Antonio Ledezma, 62 ans. Le président américain Donald Trump a tenu « personnellement responsable » son homologue vénézuélien du traitement des deux opposants, condamnant « les actions de la dictature Maduro ».
« Je l'avais dit : Qu'il pleuve ou qu'il vente, le projet d'Assemblée constituante continue. Dans les prochaines heures, elle commencera à exercer son pouvoir absolu », a déclaré M. Maduro, qui s'est vu imposer des sanctions financières par Washington. Il s'agit notamment du « gel » de « tous les avoirs » que posséderait le dirigeant vénézuélien aux États-Unis. La Constituante se situe au-dessus de tous les pouvoirs, y compris du chef de l'État, et doit rédiger une nouvelle Constitution. Elle doit apporter la « paix » et permettre au pays de se redresser économiquement, selon le chef de l'État.
Source : AFP

La légitimité de la toute-puissante Assemblée constituante vénézuélienne, qui devait prêter serment hier devant le président Nicolas Maduro, a été remise en question par l'entreprise en charge des opérations de vote qui dénonce une « manipulation » des chiffres de la participation.Ce scrutin, qui s'est déroulé dimanche dans un contexte de grande violence, faisant dix morts, ne...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut