Les restes d’une voiture détruite par l’attentat meurtrier perpétré par un kamikaze de l’EI hier à Bagdad. Khalid al-Mousily/Reuters
Près de 30 personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées dans deux attentats-suicide survenus à quelques heures d'intervalle, hier, à Bagdad, au moment où les forces irakiennes progressent lentement face aux jihadistes à Mossoul, plus au nord.
Les deux attentats ont été revendiqués par le groupe jihadiste sunnite État islamique (EI), celui-là même qui résiste aux troupes gouvernementales à Mossoul, deuxième ville d'Irak, où le sort de quelque 200 000 civils pris au piège des combats inquiète les organisations internationales. Ils ont eu lieu en plein ramadan, souvent endeuillé en Irak par des attentats jihadistes qui frappent surtout le soir, quand les habitants sortent se promener après le repas de rupture du jeûne, pour faire le plus grand nombre de victimes.
Peu après minuit dans la nuit de lundi à mardi, un kamikaze a fait exploser un véhicule piégé devant un marchand de glaces populaire dans le quartier de Karrada, dans le centre de la capitale irakienne, faisant 16 morts et 75 blessés, ont précisé des responsables. Haïdar Hussein (22 ans) était attablé avec des amis à un café près du lieu de l'attaque. Il raconte avoir vu un policier tenter d'empêcher un pick-up blanc d'approcher la zone, avant d'assister à l'explosion du véhicule. Le jeune homme a été projeté par terre et blessé au bras et à la jambe. Son ami Karar n'a pas survécu. « Beaucoup de personnes étaient par terre, dont des femmes et des enfants, et leurs cris résonnaient de plus en plus fort », dit-il. L'EI a revendiqué l'attaque disant avoir visé « un rassemblement de chiites ».
Quelques heures plus tard, un kamikaze a fait exploser une voiture piégée non loin du principal bâtiment du service des retraites, près d'un important pont de la capitale, a indiqué dans un communiqué le commandement des opérations à Bagdad. L'attaque, également revendiquée par l'EI, a fait au moins 11 morts et 40 blessés, selon des responsables.
Lente progression
À Mossoul, dernier grand fief urbain de l'EI en Irak, les forces gouvernementales, soutenues par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, progressaient en direction de la vieille ville, leur ultime objectif mais dont la reconquête s'avère ardue. Soldats, policiers et forces spéciales tentent, depuis la semaine dernière, de reprendre trois quartiers – al-Chifaa, al-Saha et al-Zinjili – au nord de la vieille ville. À al-Chifaa, les troupes avancent lentement. « Le problème est que quatre ou cinq hôpitaux se trouvent dans ce quartier », dit le général Chaker Kazem Mohsen, précisant que les militaires avaient la latitude de « prendre leur temps pour épargner les infrastructures et les civils ». Selon lui, les jihadistes ont davantage recours aux « snipers et kamikazes » pour repousser les troupes depuis qu'ils ont perdu plusieurs sites de production d'armes.
Selon l'ONU, entre 180 000 et 200 000 civils sont bloqués dans les secteurs tenus par les jihadistes. L'aviation irakienne a largué hier des tracts exhortant les habitants à fuir les zones de combat et les quartiers jihadistes, mais l'ONU s'inquiète de l'impact humanitaire d'un nouvel exode massif. « Les civils sont probablement bien plus en danger aujourd'hui, dans les toutes dernières étapes » des opérations militaires, a affirmé la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak, Lise Grande. Selon elle, « les médicaments sont très rares, il y a d'importantes pénuries d'eau potable et les stocks de nourriture sont très limités. Et les familles qui tentent de fuir sont souvent prises pour cible par des tireurs embusqués ».
Source : AFP